Africa-Press – Mali. L’armée ougandaise a accusé plusieurs diplomates européens d’être impliqués dans ce qu’elle décrit comme des « activités subversives » et de soutenir des groupes d’opposition « traîtres », marquant une escalade notable des tensions entre Kampala et ses partenaires occidentaux, sur fond de critiques croissantes concernant le bilan du pays en matière de droits humains.
Dans un communiqué publié par le colonel Chris Magezi, proche du général Muhoozi Kainerugaba, fils du président Yoweri Museveni, l’armée a indiqué que les services de renseignement sont désormais « au courant des pratiques clairement non diplomatiques » de certains ambassadeurs européens, notamment l’ambassadeur d’Allemagne Matthias Schauer, dans différentes régions du pays.
Cette montée de tensions survient après une réunion tenue jeudi entre plusieurs ambassadeurs européens et le général à la retraite Salim Saleh, oncle de Kainerugaba et figure influente au sein de l’appareil sécuritaire ougandais.
Au cours de la réunion, Saleh a présenté des excuses pour les publications controversées de Kainerugaba sur la plateforme X, qui comprenaient des menaces explicites contre des opposants notoires, notamment Bobi Wine, ainsi que des accusations de torture infligée à son garde du corps dans un « sous-sol » appartenant au général.
Crainte d’un pouvoir héréditaire en Ouganda
Muhoozi Kainerugaba a suscité une vive indignation en Ouganda et à l’étranger en raison de ses propos virulents et de ses allusions répétées à son désir de succéder à son père, alimentant les craintes d’une possible transition politique vers un « pouvoir héréditaire » dans ce pays d’Afrique de l’Est.
Ni l’ambassadeur Matthias Schauer ni le chef de la diplomatie de l’Union européenne en Ouganda, Jan Sadek, n’ont jusqu’à présent commenté ces accusations.
L’Union européenne a précédemment adressé des critiques récurrentes aux autorités ougandaises concernant les arrestations arbitraires et les graves violations des droits des opposants, mettant en garde contre une « militarisation préoccupante de l’espace politique », comme l’a souligné Sadek dans une déclaration ce mois-ci.
Il a affirmé que le recours à la violence contre des civils sans reddition de comptes allait à l’encontre des principes de l’État de droit, appelant au respect des libertés politiques à l’approche de l’élection présidentielle prévue en janvier 2026.
Le président Yoweri Museveni, âgé de 80 ans et au pouvoir depuis 1986, se prépare à briguer un septième mandat, tandis que des observateurs redoutent une transition non démocratique, notamment en l’absence de successeur clair au sein du parti au pouvoir, le Mouvement de résistance nationale, et en raison de la domination des structures militaires et sécuritaires sur l’appareil d’État.
Parallèlement, le leader de l’opposition Kizza Besigye est détenu depuis novembre dernier, accusé de faits considérés comme étant motivés politiquement, dans un pays qui n’a jamais connu de transition pacifique du pouvoir depuis son indépendance du Royaume-Uni en 1962.
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