Nobel de Médecine pour Découverte de Police Immunitaire

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Nobel de Médecine pour Découverte de Police Immunitaire
Nobel de Médecine pour Découverte de Police Immunitaire

Africa-Press – Mali. Armer le corps, sans que ces armes se tournent contre lui-même ! Les armes en question sont évidemment tous les composants de notre système immunitaire, qui nous protège en continu contre toute menace extérieure. Pour cela, une véritable armée de cellules de défense parcourt le corps sans relâche, à l’affût du moindre microbe à l’air menaçant. Toute la difficulté est précisément de ne s’attaquer qu’à ces vraies menaces, en évitant de prendre pour cible les cellules du corps (ce qui pourrait déclencher des maladies auto-immunes). Mais avec autant de policiers à faire la ronde en même temps, le risque de dérapage est élevé. Alors, comment le système immunitaire fait-il pour être suffisamment sur ses gardes afin d’être efficace tout en restant suffisamment calme pour ne pas tirer sur tout?

Voilà la question à un million d’euros… car c’est précisément ce que viennent de remporter les nouveaux récipiendaires du prix Nobel de médecine (en plus du prestige qui vient avec le prix, évidemment). Il s’agit de Mary E. Brunkow, spécialiste des maladies auto-immunes à l’Institut de biologie systémique à Seattle ; Fred Ramsdell, immunologue à Sonoma Bio, entreprise de biotech à San Francisco ; et Shimon Sakaguchi, expert en immunologie à l’Université d’Osaka, au Japon. L’ensemble de leurs travaux a mis en évidence l’existence d’un système de régulation du système immunitaire: il évite que celui-ci soit trop agressif. Ainsi, le système immunitaire ne s’attaque pas aux cellules du corps, tout en restant efficace.

Des cellules immunitaires qui régulent les autres cellules immunitaires…

L’aventure scientifique du trio nobélisé a débuté en 1995, lorsque Sakaguchi étudiait des souris sans thymus, un organe important pour la maturation des cellules immunitaires et sans lequel les rongeurs développent des maladies auto-immunes. Car c’est dans cet organe que l’organisme fait le tri entre les cellules immunitaires et élimine celles qui risquent de réagir contre les cellules du corps.

Sans cet organe, ces cellules ne sont pas éliminées et le corps est donc attaqué. Mais le chercheur japonais a montré qu’une deuxième couche de protection agit en aval, des cellules qui circulent dans le sang et qui peuvent réguler ces cellules immunitaires potentiellement dangereuses. Ainsi, l’injection de ces cellules régulatrices suffisait pour atténuer le risque de maladie auto-immune chez ces souris sans thymus.

et qui pourraient aider à lutter contre les maladies auto-immunes et le cancer…

Quelques années plus tard, Brunkow et Ramsdell montraient qu’une mutation dans le gène Foxp3, dans le chromosome X, augmentait le risque de maladie auto-immune. Pourquoi? Parce que ce gène est nécessaire au développement de ces cellules régulatrices, connues désormais sous le nom de lymphocytes T régulateurs. Elles sont comme une sorte de police des polices, qui parcourt le corps à côté des autres cellules immunitaires pour s’assurer qu’elles ne dépasseront pas le cadre de leurs fonctions, et surtout qu’elles ne s’en prendront pas aux cellules du corps.

Ces découvertes ont ouvert une panoplie de nouvelles possibilités thérapeutiques, allant des maladies auto-immunes au cancer. Dans le premier cas, on cherche à augmenter le nombre de ces cellules régulatrices afin de diminuer la réponse auto-immunitaire. Dans le second, au contraire, il s’agit de les réduire pour permettre au système immunitaire d’attaquer plus énergiquement la tumeur. Réguler donc la police des polices, pour mieux réguler la réponse immunitaire en fonction des vraies menaces.

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