CHRONIQUE. Faut-il légiférer sur les techniques subliminales supposées de l’IA ?

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CHRONIQUE. Faut-il légiférer sur les techniques subliminales supposées de l’IA ?
CHRONIQUE. Faut-il légiférer sur les techniques subliminales supposées de l’IA ?

Africa-Press – Mali. Le règlement européen sur l’intelligence artificielle (IA), nommé AI Act, légifère sur les usages des technologies programmées avec des techniques d’IA en vue de préserver les citoyens d’atteintes à leur sécurité, à leurs libertés et à leur dignité.

Des mesures de transparence et de contrôle

Il impose des mesures de transparence et de contrôle pour éviter les manipulations, les fuites de données personnelles et les biais. Il va même jusqu’à interdire certaines applications susceptibles de menacer l’intégrité physique et psychologique des personnes, d’exploiter leurs vulnérabilités et de leur causer des préjudices.

Parmi elles, le règlement condamne tout “système d’IA qui a recours à des techniques subliminales au-dessous du seuil de conscience d’une personne pour altérer substantiellement son comportement”. Comment ne pas souscrire à la prohibition de dispositifs visant à influencer le comportement des individus par-devers eux ?
Les résultats douteux de James Vicary

À l’origine de ces techniques, il y a un analyste des comportements, James Vicary, qui affirma en 1957 qu’en ajoutant subrepticement dans un film des images qualifiées de “subliminales” parce qu’inaccessibles à la conscience, et comprenant des phrases du type “Buvez du Coca-Cola” ou “Mangez du pop-corn”, on observait une augmentation des ventes de 18 % pour le Coca-Cola et de 50 % pour le pop-corn. La prétendue expérience a suscité beaucoup de réactions et d’inquiétudes, car cela laissait entrevoir une forme de persuasion clandestine. Malheureusement – ou heureusement ? -, les efforts pour la reproduire se sont révélés vains, au point que James Vicary a été forcé d’avouer en 1962, face aux demandes d’éclaircissement, qu’il ne l’avait jamais conduite.

S’il existe bien un traitement inconscient de l’information, ce dont la publicité fait abondamment usage, la manipulation des esprits par des techniques subliminales ressort de l’affabulation, et le rôle de l’IA dans cette manipulation plus encore. Dès lors, doit-on les interdire, au risque d’encombrer lois et règlements de clauses inutiles ?

Par Jean-Gabriel Ganascia, professeur à Sorbonne Université, à Paris, chercheur en intelligence artificielle au LIP6 (Sorbonne Université, CNRS), ex-président du comité d’éthique du CNRS. Dernier ouvrage publié : “Servitudes virtuelles”, Seuil, 2022.

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