Africa-Press – Mali. Pas plus de quatre heures de délai pour transplanter un cœur, six à huit heures pour un foie ou un poumon, vingt-quatre à trente-six heures pour un rein. Cette classique image de course contre-la-montre, entre poches de glace et hélicoptère, est en train de devenir obsolète.
Les transplanteurs ont dû s’adapter
Car depuis déjà plusieurs années, confrontés à la pénurie d’organes et au changement de profil des donneurs, plus âgés, atteints de maladies chroniques rendant les greffons moins optimaux, les transplanteurs ont dû s’adapter. Ils ont développé des moyens de préservation (mais aussi d’amélioration) des différents organes greffables. L’objectif est simple: greffer plus de patients tout en permettant aussi aux équipes de programmer à terme les interventions pour ne plus opérer de nuit.
Réalisé en janvier, le projet Pégase est une première française. Après un vol commercial de douze heures au-dessus de l’Atlantique, des Antilles vers l’Hexagone, un cœur a été transporté et conservé grâce à un dispositif particulier (Heart Assist Transport), une perfusion hypothermique ex vivo, avant d’être greffé à Paris. “L’objectif est de mettre en place un programme durable de transplantation cardiaque aux Antilles françaises “, écrivent dans le Lancet leurs auteurs, les Pr Guillaume Lebreton et Pascal Leprince, de l’hôpital de La Pitié-Salpêtrière, à Paris.
Un allongement des délais de transplantation
Il y a deux ans, une équipe suisse de l’hôpital universitaire de Zurich était parvenue à greffer au bout de trois jours un foie initialement considéré comme non transplantable, une première mondiale. L’organe, conservé dans un dispositif particulier (Liver4life, Wyss Institute) imitant les fonctions du corps humain (perfusion normothermique à 37 °C), avec en outre un ajout d’antibiotiques et d’hormones, avait été greffé avec succès soixante-douze heures plus tard.
Selon des travaux publiés en 2020 dans Nature Biotechnology, cette équipe helvète avait même démontré qu’un délai de sept jours était envisageable. À l’hiver dernier, elle avait aussi conclu qu’il était désormais possible en douze jours, grâce à un protocole de perfusion, de dégraisser des foies humains trop gras considérés comme non greffables, et de réduire de 70 % le taux de graisses accumulées.
Que les perfusions d’organes soient froides ou chaudes, enrichies ou pas en différents agents visant à toujours optimiser la survie des futurs greffons, les spécialistes imaginent déjà des “organs hubs”, des plateformes où les organes seraient à disposition des équipes 24 h/24. Mais rien ne se fera, s’inquiètent-ils déjà, sans la présence à leurs côtés des “perfusionnistes”. Des infirmiers spécialisés essentiels – il en existe 300 en France – assurant déjà la surveillance des interventions complexes (circulation extracorporelle) et, demain, de tels dispositifs. Or, leur statut est toujours en instance de reconnaissance.
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