Africa-Press – Mali. Tapi dans l’ombre tutélaire de la double hélice d’ADN, l’ARN attendait le moment de sa consécration. Car si, dès 1953 et la parution dans Nature de son aspect hélicoïdal fascinant, la molécule d’acide désoxyribonucléique, ou en abrégé ADN, fut reconnue très vite comme celle qui allait ouvrir la voie à des perspectives insoupçonnées sur la transmission des caractères héréditaires et la mutation des espèces vivantes, l’ARN, lui, était à ce moment-là considéré comme quantité négligeable. Plus petit que son cousin, plus fugace et moins complexe, l’acide ribonucléique n’était alors vu que comme une molécule transitoire peu digne d’intérêt.
Tous les ARN sont constitués d’un seul brin d’acides nucléiques (quand l’ADN en compte deux). Seuls changent la composition, le nombre d’acides nucléiques ainsi que la structure tridimensionnelle que ce brin adopte en « s’emberlificotant ». C’est grâce à cette molécule a priori insignifiante que la technologie vaccinale a réalisé un bond de géant lors de la pandémie de Covid-19. Des vaccins s’appuyant sur un des avatars de l’ARN, l’ARNm (pour messager), ont permis de mettre au point et distribuer en un temps record des armes contre le Sras-CoV-2. Une réussite couronnée par un prix Nobel en 2023, décerné aux deux développeurs de cette technique révolutionnaire, la Hongro-Américaine Katalin Karikó et l’Américain Drew Weissman.
Entre-temps, l’ARN s’était révélée une molécule multiple. En plus de l’ARNm, on compte l’ARNt (de transfert), l’ARNr (ribosomial), les trois intervenants dans la synthèse des protéines cellulaires. Sans oublier l’ARNi (pour « interférent »), dont la découverte du mécanisme permit à deux Américains de remporter le prix Nobel de médecine en 2006. En se repliant sur eux-mêmes et en se fixant sur des régions spécifiques de l’ARNm, les petits ARNi jouent un rôle de régulation de la production protéique. Impliqués dans différentes pathologies, les ARNi ont déjà donné lieu à des médicaments indiqués dans quelques maladies rares.
Des outils essentiels à l’édification des êtres vivants
Plus récemment, c’est un autre avatar de l’ARN qui s’est retrouvé sous les feux de la rampe. En 2024, le prix Nobel de médecine récompensait deux biologistes américains pour avoir découvert le rôle des micro-ARN dans la régulation de nos gènes. Permettant ainsi de répondre à cette énigme fondamentale: puisque toutes les cellules de notre corps possèdent le même ADN et dérivent d’une cellule originelle, pourquoi certaines deviennent des cellules du foie, d’autres des neurones, d’autres du sang, etc.?
Preuve qu’ils sont des outils essentiels à l’édification des êtres vivants, certains micro-ARN ont été étonnamment conservés au cours de l’évolution. Des éponges aux reptiles, en passant par les nématodes et les êtres humains, toutes ces espèces ont en commun de posséder les mêmes micro-ARN… Beaucoup de recherches sont en cours pour développer des tests diagnostiques et des thérapies à partir de ces molécules contre des cancers, des troubles métaboliques ou des maladies neurodégénératives.
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