Accord secret russo-algérien contre la présence française au Mali?

54
Accord secret russo-algérien contre la présence française au Mali?
Les présidents Tebboune et Poutine

Anouar CHENNOUFI

Africa-Press – Mali. L’infiltration à pas de tortue entreprise par la Russie dans la région du Sahel, et en particulier au Mali, semble bien soulever de nombreuses questions autour du silence de l’Algérie étant donné qu’elle était et plaide toujours en faveur de la non-ingérence dans les affaires intérieures des pays, et ce qui a créé plus la surprise c’est bien l’élargissement du cercle de présence de Moscou aux dépens d’un recul français remarquable, qui a ouvert la voie à la remise en cause d’un éventuel rôle caché de l’Algérie.

Présence notable russe à Bamako

Manifestation pro-russe et anti-française

La présence russe dans la région du Sahel a remarquablement refait surface ces derniers mois, faisant de plus en plus parler de pénétration au détriment d’un retrait français, sachant que ce dossier soulève des questions, considérant qu’elle rejetait avec véhémence la présence étrangère dans la région, tout en appelant la communauté internationale à ne pas s’ingérer dans les affaires intérieures des États.

Le fait de voir des drapeaux russes hissés, depuis le mois de mai dernier, au centre de la capitale malienne, Bamako, lors des manifestations et protestations organisées dans l’optique de rejet de l’autorité et de la présence française dans le pays, révèle une nouvelle orientation africaine dans le sens de changer la carte politique sur le continent africain, en particulier dans la région du Sahel, surtout après l’accord du pouvoir instigateur du « coup d’État » au Mali avec les mercenaires russes du groupe Wagner, recrutés pour former l’armée malienne.

Un premier pas soulevant de grandes critiques de l’Occident

Un soutien notable à l’arrivée des Russes au Mali

La Russie cherche à étendre son influence dans la région du Sahel après avoir pu être présente, que ce soit sur le plan diplomatique, militaire ou culturel, dans plusieurs pays africains comme l’Afrique centrale, Djibouti et le Soudan.

Peut-être le coup d’État, dont Paris a vivement critiqué ses dirigeants et à la suite duquel la France a interrompu pour une courte période sa coopération militaire avec le Mali en échange d’un rapprochement malien-russe, a été mis à nu par les drapeaux russes hissés fortement dans les manifestations dans diverses villes du pays, en plus du soutien militaire russe avec d’énormes équipements de guerre en faveur de la nouvelle autorité, ce qui prouve bien les intentions de Moscou dans la région.

Le silence de l’Algérie : Pourquoi ?

Pour certains observateurs, le silence implicite de l’Algérie exprime une satisfaction pragmatique de l’intervention russe au Sahel tant qu’elle est dans son intérêt et ne nuit pas.

Selon eux, ce silence peut provoquer des troubles dans les grands pays comme la France, qui a compris le silence (de l’Algérie) comme un semblant accord algéro-russe pour renvoyer ses forces, notamment en ce qui concerne la partie relative à la soi-disant « Doctrine algérienne » envers les pays voisins, qui adoptent généralement une position de non-ingérence étrangère, devenue clairement encline à adopter la logique du pragmatisme qui prend en compte les intérêts avant les principes.

Les mêmes observateur indiquent également que la région évolue doucement vers la balkanisation, car tous ceux qui s’intéressent à la côte ont tendance à intervenir directement, comme l’a fait la Russie, ou à travers des « parapluies internationaux », comme le font la France et le Maroc, expliquant que « l’Algérie, en vertu de sa possession de l’arme de la géographie, peut être d’efficacité du côté de la partie qui sert ses intérêts, mais en cas de volonté internationale d’intervenir, l’Algérie n’a d’autre choix que de revenir aux années de recul, car elle n’a pas les outils pour être un acteur direct sur le terrain.»

L’Algérie tente-t-elle ainsi d’occuper à nouveau une position dominante dans la crise malienne ? Le Sahel est-il désormais une priorité pour Alger ? Un déploiement militaire algérien dans la région est-il possible?

Accords, menaces et nouvelle orientation

Sergueï Lavrov recevant Abdoulaye Diop à Moscou

Bien qu’il existe un consensus algéro-russe sur plusieurs dossiers au vu des relations fortes qui unissent les deux parties depuis l’Union soviétique, le ministère algérien des Affaires étrangères a démenti quant à lui ce qui circulait selon lequel l’Algérie s’était entendue avec les autorités maliennes pour financer les opérations de rapprochement des mercenaires russes de « Wagner ».

Alors que la France menace d’imposer des sanctions au gouvernement malien, s’il signe un accord avec ces mercenaires, Bamako a intensifié son activité diplomatique avec la Russie, à travers la visite du ministre des Affaires étrangères Abdoulaye Diop à Moscou, le 11 novembre dernier, où il avait déclaré lors d’une conférence de presse avec son homologue russe Sergueï Lavrov : « Chaque fois que notre pays a fait face à une situation difficile, la Russie nous a soutenus, nous a aidés et appuyés, et maintenant que nous traversons une situation si difficile et si complexe, donc nous pouvons demander de l’aide à nos amis russes. »

L’Algérie a également cherché à exploiter le déclin de l’influence française au Mali en incluant une nouvelle clause dans la constitution, qui stipule la possibilité d’envoyer des unités de combat à l’étranger, sous réserve de l’approbation du Parlement, ce qui ouvre la porte à une intervention militaire sur les côtes africaines.

On peut donc dire que l’approche russo-algérienne est la même qui vise à libérer l’Afrique de l’influence française, mais l’alliance entre les deux puissances est exclue, du fait qu’il n’est pas possible de parler d’une présence russe au Sahel ou au Mali, car le groupe Wagner ne représente pas la Russie officielle.

Ceci dit, l’Algérie ne peut pas être donc impliquée en tant qu’alliée, ni en tant que médiateur, ou quoi que ce soit d’autre.

Pourtant, il y a bien une autorité à Bamako qui dirige le pays, chapeautée par le Colonel Assimi Goïta, et puisque le Mali est un pays souverain, l’Algérie respecte sa souveraineté et ses options internes et externes, et rejette la coercition et la dictée de toute part et le considère comme une ingérence dans les affaires intérieures.

Quant au gouvernement de Bamako, qui chercherait à conclure un contrat avec la société de sécurité privée russe, se trouve confronté à la position du Kremlin qui a nié catégoriquement toute relation officielle avec le groupe de sécurité, et sur la base de ce qui précède, l’Algérie ne peut pas intervenir.

Il semblerait donc que la présence russe n’a pas pour but de déstabiliser la région en premier lieu, mais d’embarrasser plutôt l’alliance de l’OTAN et de semer la confusion loin des terres russes.

L’incursion russe au Mali ne pourrait donc être considérée comme une ingérence, car elle intervient à la demande du gouvernement de Bamako et non sous pression, excluant que c’est lié à la pression exercée sur la France pour qu’elle se retire de la région, étant donné qu’il n’y a pas de forces régulières russes comme c’est le cas en Syrie.

Pour plus d’informations et d’analyses sur la Mali, suivez Africa-Press

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here