Au Mali, Choguel Maïga boudé par la classe politique

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Au Mali, Choguel Maïga boudé par la classe politique
Au Mali, Choguel Maïga boudé par la classe politique

Manon Laplace

Africa-Press – Mali. Après avoir été démis de son poste à la tête du M5-RFP, le Premier ministre a convoqué deux rencontres avec les responsables des principaux partis. La première n’a déplacé aucun représentant majeur.

Il y aurait eu « maldonne ». C’est en tout cas l’explication retenue, ce lundi 18 mars, par le Premier ministre, Choguel Kokalla Maïga, pour expliquer la faible affluence lors de le rencontre organisée avec la classe politique.

En début de semaine, le chef du gouvernement avait en effet convié les représentants des partis politiques pour un échange, à peine quelque jours après avoir été destitué, le 5 mars, de la présidence du Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP) sur fonds de « crise de leadership ».

Isolé, « Choguel » est-il en quête de soutiens ? « Certains ont pensé que c’était pour aller chercher des appuis auprès des partis, parce que le Premier ministre était en difficulté. En fait ce n’était pas ça. L’objectif [de la rencontre] c’est de vous permettre, en tant que futur dirigeants, de savoir ce qu’il s’est passé réellement pendant ces deux années », a-t-il déclaré dès l’entame de son propos.

« Nous sommes habitués à ses one-man-show »

Parmi les quelques personnes ayant fait le déplacement, aucun représentant du Rassemblement pour le Mali (RPM), de l’Alliance pour la démocratie au Mali-Parti africain pour la solidarité et la justice (Adema- PASJ), de l’Union pour la République et la démocratie (URD) ou de la Convergence pour le développement du Mali (Codem). Interrogé sur sa décision de bouder la rencontre, une figure de l’opposition assure que Choguel Maïga « veut utiliser [les partis] pour sa propre communication et cherche à se renforcer après le désaveu d’une partie du M5 à son égard ».

« Nous avons fait une demande d’audience auprès [du Premier ministre] en 2022. Il n’a jamais voulu nous répondre », tance un autre représentant politique, expliquant n’avoir pas souhaité répondre à l’invitation d’un chef de gouvernement dont il demande la démission.

Plutôt que d’y voir un signe désapprobation, Choguel Kokalla Maïga a expliqué l’absentéisme par une maladresse protocolaire de son cabinet. « Quand j’ai convoqué la réunion, mon cabinet a fait juste un communiqué (…) Il faut que la considération qui est due [aux partis politiques] soit soulignée en rouge. J’ai donc demandé à mon cabinet de faire des invitations, que je vais moi-même signer. »

Yaya Sangaré, le secrétaire général de l’Adema, lui, fait valoir un problème « sur le fond comme sur la forme ». « Depuis qu’il a accédé à la primature, Choguel Maïga a snobé les partis politiques, les a insultés, voués aux gémonies, peste l’ancien ministre. Et maintenant qu’il a été destitué de son mouvement, il veut s’entretenir avec eux ? »

Ce dernier pointe également l’absence « d’ordre du jour » sur l’invitation. « Nous sommes habitués aux one-man-show du Premier ministre. Nous n’allons pas nous déplacer pour l’écouter monologuer pendant des heures sans savoir de quoi il est question », ajoute Yaya Sangaré.

L’autre Maïga

Au-delà de son isolement politique, le Premier ministre pourrait bien pâtir d’une forme de concurrence au sein même du gouvernement. « Il existe un cadre de concertation entre les autorités et les partis politiques, et celui-ci passe par le ministère de l’Administration territoriale », explique le secrétaire général de l’Adema.

Depuis son intérim à la Primature – en 2022, à la suite d’un AVC de Choguel Maïga -, le colonel Abdoulaye Maïga, porte-parole du gouvernement et ministre d’État en charge de l’Administration territoriale, est en effet devenu l’interlocuteur privilégié de la classe politique.

À en croire des hommes politiques de tous bords, il ne fait plus aucun doute que ce militaire est désormais « le véritable chef du gouvernement ». Pour étayer leur propos, les contempteurs de Choguel Kokalla Maïga évoquent un récent incident en Conseil des ministres, au cours duquel Abdoulaye Maïga aurait vertement recadré le Premier ministre.

S’il ne s’agit, à ce stade, que d’une rumeur, celle-ci a été étayée par plusieurs soutiens de l’ancien président du M5 ayant appelé publiquement le ministre de l’Administration territoriale à présenter des excuses. Il n’en fut rien. Délesté du soutien du M5-RFP, Choguel Kokalla Maïga ne semble en effet plus être une menace pour les colonels. Reste à voir si ces derniers opteront pour un limogeage ou privilégieront le statu quo, laissant le Premier ministre dans ce qui ressemble de plus en plus à un placard.

Source: jeuneafrique

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