France – Mali : Un bras de fer et un interminable conflit ?

19
Emmanuel Macron (France) – Choguel Maïga (Mali)

Anouar CHENNOUFI

Africa-Press – Mali. Malgré la politique adoptée par la France pour réduire ses effectifs militaires au Mali et la restitution de la base militaire de Kidal, les militaires français ne quitteront pas la région et par extension le Mali, car ils maintiendront leur présence par le biais de l’Alliance pour le Sahel, qui a été lancée en 2017 par la France, l’Allemagne et l’Union européenne.

C’est pourquoi la France œuvre en étroite collaboration avec les pays du G5 Sahel, notamment le Burkina Faso, le Tchad, le Mali, la Mauritanie et le Niger dans le cadre d’actions conjointes pour lutter contre le crime organisé et le terrorisme.

La stabilité n’est cependant pas pour demain

Manifestation contre Daech, l’autre défi d’instabilité au Mali

Après huit années de coopération entre la France et le Mali dans la lutte contre le terrorisme, au cours de laquelle la première a réussi à construire et à renforcer la coopération avec le reste des pays du Sahel par la voie du renforcement des capacités sécuritaires et militaires africaines et de la lutte contre le terrorisme, un échange d’accusations entre les dirigeants des deux pays était apparu ironiquement sur la scène politique, accusant le Premier ministre du gouvernement de transition au Mali, Choguel Kokalla Maïga, à Paris, le 8 octobre dernier, d’avoir entraîné des groupes terroristes dans son pays.

De nombreuses raisons ont nourri le conflit

Le Chef de la diplomatie française lors du départ de militaires français

Plusieurs facteurs seraient à l’origine du conflit entre la France et le Mali, alors que ce dernier a tenu depuis de nombreuses années, précisément depuis 2012, à nouer des relations stratégiques avec le premier, dont les plus marquants seraient :
1- Le retrait français du Mali et le repositionnement de ses forces dans la région du Sahel : Compte tenu des nombreux risques dont souffre l’environnement sécuritaire et politique au Sahel africain, et dont résultent l’escalade des opérations terroristes dans la région, notamment dans la région frontalière entre le Mali, le Niger, le Burkina Faso ou ce qu’on appelle « le Triangle de la mort ».
2-Les décisions prises par Paris, en juin 2021, de suspendre ses opérations militaires conjointes avec les forces maliennes à la suite du coup d’État militaire malien de mai de la même année.

3-La tentative de Macron d’attirer les voix des électeurs lors des élections présidentielles françaises prévues en 2022, à la lumière des voix françaises opposées à la présence française dans la région du Sahel, et remettant en cause la nature des gains réalisés par Paris grâce à son engagement au Sahel, après avoir perdu une cinquantaine de soldats depuis le début de 2021.

4-Le remplacement de l’allié français par son homologue russe à travers le groupe Wagner : L’affirmation française que la décision de mettre fin à l’opération Barkhane ne signifie pas un retrait complet de la région du Sahel et que le plan français indique que la moitié de ses forces restera dans le région, et qu’elle continuera à lutter contre les organisations terroristes et à renforcer la force de la “Takuba” européenne, ainsi que la force conjointe africaine et la force de l’ONU, suffisent pour que les dirigeants maliens se désengagent de la décision de mettre fin à l’opération Barkhane et au retrait américain d’Afghanistan, qui a poussé Bamako à rechercher un allié stratégique alternatif à son homologue français, qui l’a abandonné sur le champ, selon sa vision, en disant que : « La situation nouvelle née de la fin de Barkhane, qui met le Mali devant un fait accompli et l’expose à une sorte d’abandon en cours de route, nous amène à explorer les voies et moyens pour mieux garantir la sécurité avec d’autres partenaires », notant qu’il s’agit de « combler le vide qui naîtra inévitablement de la fermeture de certains sites de Barkhane au nord du Mali ».

Quelles sont les répercussions possibles ?

Plusieurs répercussions ont été imposées par le différend franco-malien, que ce soit à l’intérieur du Mali ou autour de la sécurité de la région du Sahel, ainsi que sur les tendances des relations inter-côtières, et cela peut être expliqué comme suit :
1- La nouvelle comparaison française de la lutte contre le terrorisme dans la région du Sahel, qui repose sur le retrait partiel et le repositionnement des forces dans la région en privilégiant certains pays à d’autres, a fragilisé les relations intra-côtières, face aux tentatives de Macron de s’attirer l’adhésion des pays africains à sa position sur la signature d’un éventuel accord par le Mali avec le groupe russe Wagner, ainsi que la volonté de plusieurs pays du Sahel de renforcer leur rapprochement avec Paris.

2- Ceci peut conduire à une augmentation des opérations des groupes terroristes dans la région du Sahel en général et au Mali en particulier, notamment au vu de la rupture qui peut se produire dans les relations inter- littorales qui se reflète dans le rôle, l’activité et l’efficacité de leurs blocs régionaux dans la lutte contre le terrorisme.

3- Le renforcement de la capacité de Moscou à présenter un modèle alternatif aux modèles français, européen et américain pour parvenir à la stabilité dans la région, et l’élargissement de la concurrence russo-européenne-américaine pour inclure l’Afrique en plus du Moyen-Orient et de l’Europe, en parallèle avec la possibilité de prolonger la phase de transition malienne à la lumière du rapprochement russe avec les dirigeants du Conseil militaire du Mali.

En conclusion

Officiers du groupe russe Wagner

Toute cette situation qui nous semble ambigüe, pourrait nous mener aux deux scénarios possibles :
• Le premier serait que le Mali signe un nouvel accord de coopération avec les puissances mondiales, comme par exemple la Russie et son groupe Wagner. D’ailleurs, aux yeux de certains Maliens et du gouvernement, ce sont les mieux placés pour gérer la situation.
• Quant au second scénario, il consistera à entreprendre des négociations avec les terroristes (djihadistes), qui est en fait une démarche purement et simplement rejetée par la France.

Nous devons nous mettre à l’évidence, tout de même, que le Mali se trouve réellement dans un pétrin dont il trouvera du mal à s’en sortir, car il faut savoir que le Mali a des liens historiques « solides » avec la France puisqu’il s’agit d’une ancienne colonie française. En plus, dans l’ensemble de la région du Sahel, la France demeure la première puissance occidentale notable.

Sauf que la plupart des Maliens ont commencé à douter de la sincérité de la France, et cette méfiance n’a pas cessé de gagner et du terrain et plus de partisans.

Pour plus d’informations et d’analyses sur la Mali, suivez Africa-Press

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here