Mali : La situation des droits humains extrêmement préoccupante selon l’ONU

11
Des jeunes presque abandonnés à leur sort

Anouar CHENNOUFI

Africa-Press – Mali. Devant ce qui se passe depuis quelques mois en République du Mali, l’organisation des Nations Unies a exprimé son inquiétude quant à la situation des droits humains dans ce pays, la qualifiant d’extrêmement préoccupante.

Cette inquiétude a été exprimée au cours d’une interview accordée par la Secrétaire générale adjointe des Nations Unies aux droits de l’homme, Ilze Brands Kehris, à l’Agence France-Presse, et ce, à l’issue d’une visite de 6 jours dans la capitale malienne, Bamako.

Inquiétude des Nations Unies

Ilze Brands Kehris (ONU) lors de sa visite au Mali

Ilze Brands Kehris (ONU) lors de sa visite au Mali
A noter que Brands-Kehris a rencontré les autorités au pouvoir, la société civile et des représentants du G5 Sahel, ainsi que l’organisation régionale antiterroriste, lors de cette visite, qui intervient dans une atmosphère de tension diplomatique au Mali, où les délégations diplomatiques à Bamako le poussent successivement à revenir à un régime civil après deux coups d’État survenus en 9 mois.

La Secrétaire générale adjointe des Nations Unies aux droits de l’homme a expliqué que cette visite lui a donné un sentiment « positif » d’une « ouverture au dialogue » de la part des autorités, notamment sur l’épineuse question du respect des droits humains et de la lutte contre les violations, tout en notant dans le même temps d’agir « d’urgence » contre l’impunité.

Assemblée générale des Nations Unies

La responsable onusienne a souligné, dans ce contexte, que les violations des droits humains se multiplient, déclarant : « Entre avril et juin derniers, pas moins de 527 civils ont été tués, blessés, kidnappés ou portés disparus, selon le dernier rapport des Nations Unies sur cette question, publié au mois d’Août de l’année dernière.»

Kehris a souligné la nécessité de redoubler d’efforts pour lutter contre l’impunité, mettre un terme aux violations des droits humains commises dans le domaine du terrorisme, et considérer des questions qui peuvent être plus sensibles, comme la lutte contre les violations des droits humains au sein des forces armées maliennes.

Quand la CEDEAO sanctionne les dirigeants transitoires au Mali

Le Président de la CEDEAO Jean Claude Kassi-Brou

Ceci intervient à un moment où la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest “CEDEAO” a imposé dernièrement des sanctions à l’encontre des dirigeants de la phase de transition au Mali, après que ces dirigeants aient informé l’organisation qu’ils ne pourraient pas organiser d’élections présidentielles et législatives en février prochain, comme convenu précédemment.

La CEDEAO a précisé, dans une déclaration à l’issue d’un sommet tenu au Ghana, que les sanctions comprennent des interdictions de voyager et des gels d’avoirs pour tous les membres de l’autorité de transition ainsi que certains membres de leurs familles, ajoutant qu’elle envisagerait également d’imposer des sanctions supplémentaires en décembre, au cas où aucun progrès n’était concrétisé.

Pour revenir un peu en arrière, on doit reconnaître que le Mali, plongé dans un conflit aux multiples facettes depuis l’année 2012, a vu l’émergence de groupes séparatistes dans le nord du pays, avec des affrontements quotidiens, des attaques ou des explosions de mines anti-personnelles et même traditionnelles.
Des soldats maliens, soutenus par des forces étrangères, combattent des groupes terroristes liés à al-Qaïda et à l’organisation terroriste Daech, dont les capacités ne cessent de s’étendre et de se développer.

Armée malienne

Unité des forces armées du Mali

Néanmoins, l’armée malienne, en première ligne depuis le début du conflit, est souvent accusée d’atteintes aux droits humains, tandis que le pays est également témoin d’attaques menées par des bandits et des groupes armés, formés localement pour l’autodéfense.
Un rapport publié en 2020 par l’organisation des Nations Unies, a indiqué qu’une commission d’enquête indépendante avait accusé le Mali de « crimes de guerre ».

Cependant, dans le but d’atténuer la tension ainsi que les menaces, les autorités maliennes ont officiellement confié au ministère des Affaires religieuses le dossier du « dialogue avec les groupes armés » et ont révélé publiquement un sujet jusqu’ici resté relativement secret.

Dans ce contexte, alors que la junte militaire au pouvoir à Bamako a déclaré qu’elle soutenait ledit dialogue ainsi que le gouvernement de transition qu’elle a formé, elle est restée conservatrice à cet égard.
Il importe tout de même de souligner que le dialogue entre le gouvernement et ces groupes qualifiés de terroristes, intervient à un moment sensible et délicat en ce qui concerne les relations entre le Mali et la France, car la vérité des pourparlers entre les autorités et ces groupes n’était pas mise en doute pour les experts pendant un certain temps, même avant l’ancien président Ibrahim Boubacar Keita , qui fût renversé par l’armée en août 2020.

Selon l’agence de presse française, le ministère des Affaires religieuses du Mali a officialisé récemment ce dialogue, et ce, dans un communiqué publié le 13 octobre 2021, que personne n’avait remarqué jusqu’à ce qu’il soit publié par radio RFI, que son ministère avait été mandaté en mission de bons offices auprès des groupes armés.

À son tour, le ministère a chargé le Conseil islamique suprême du Mali de la mettre en œuvre « sur le terrain lors d’une réunion tenue le 12 octobre dernier, assurant à cet effet que le gouvernement tracerait des « lignes rouges ».
Mais il faut se mettre à l’évidence, que le communiqué en question a indiqué que ce qu’il a été décrit comme une “mission de bons offices” avec ces groupes, existait bel et bien dans le passé.
A noter que le Conseil suprême islamique du Mali est considéré comme étant le pilier du dialogue avec les autorités, et comprend les chefs et les instances religieuses.

Personne ne peut nier que les violences ont commencé dans le nord du pays avant de s’étendre au centre, puis au Burkina Faso et au Niger voisins, et que malgré l’intervention de la force française « Barkhane », des Nations unies et d’une force conjointe des cinq pays du Sahel, le Mali demeure le théâtre depuis 2012 d’attentats terroristes, en plus de conflits locaux sanglants.

Les autorités transitoires actuellement au pouvoir pourraient-elles tenir le coup ?

Pour plus d’informations et d’analyses sur la Mali, suivez Africa-Press

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here