Pays au cinq « coups d’Etat militaires » – retrouvera-t-il la voie de la démocratie ?

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Transition au Mali : Faut-il croire à la sincérité du président Assimi Goïta ?

Rapporté par
Anouar Chennoufi

Africa-PressMali. La République du Mali, considérée comme le 24ème pays au monde du point de vue superficie territoriale du fait qu’elle s’étale sur 1.241.238 km², sur lesquels vivent 19.553.397 habitants de diverses communautés ethniques, a été tant de fois secouée de par le passé par des putschs et coups d’Etat, et ce, depuis son indépendance en 1960, opérationnellement menés par des militaires.

Renversement du Président intérimaire Bah N’Daw

Aujourd’hui encore, ce pays se débat de nouveau dans une sorte de fils de soie de toile d’araignée, pour tenter de retrouver sa stabilité sécuritaire, politique et sociale, après les derniers évènements vécus par le Mali, notamment la destitution du Président par intérim, Bah N’Daw et de l’ancien Premier ministre, Moctar Ouane, par l’homme fort actuel du pays, à savoir le colonel Assimi Goïta, auteur du coup d’État en 2020 qui renversa Ibrahim Boubacar Keïta.

Moctar Ouane
Bah N’Daw

Devenu officiellement le nouveau Président de la transition au Mali, Assimi Goïta, un colonel de 38 ans et chef de la junte militaire qui a nommé comme Premier ministre Choguel Kokalla Maïga, n’a pas hésité un seul instant à prendre les choses en mains, sous prétexte de mettre de l’ordre, après avoir flairé un soutien de la part d’une grande majorité de la population malienne qui n’avait plus la moindre confiance dans les hommes politiques du pays.

Néanmoins, personne ne peut douter un seul instant que la prise du pouvoir par Assimi Goïta, soit intervenue suite au remaniement ministériel opéré à l’insu du colonel Goïta alors qu’il était le Vice-président et le Chargé des affaires militaires dans un pays en conflits serrés avec le terrorisme.

Cela s’est déroulé quelques heures après l’annonce d’une nouvelle formation ministérielle, à laquelle ne figuraient pas deux militaires influents qui avaient pourtant renversé l’ancien président Abubakar Keita en août 2020, à savoir le colonel Modibo Konneh et le colonel Sadio Camara.

Politique : Assimi Goïta démet le président et le Premier ministre
Assimi Goïta

Prise de pouvoir du Colonel Assimi Goïta confirmée par la Cour constitutionnelle Dans ce contexte, et dans la mêlée des évènements, la Cour constitutionnelle malienne a vite confirmé le Colonel Assimi Goïta, le vendredi 28 mai 2021, en tant que Président de la transition en remplacement de Bah N’Daw, sachant qu’Assimi Goïta, assumait également la responsabilité de gérer les dossiers de défense et de sécurité, avant de destituer les deux dirigeants (Bah N’Daw et Moctar Ouane) qui avaient été détenus puis libérés sur insistance de la mission des Nations-Unies au Mali, laquelle a appelé à la libération « immédiate et inconditionnelle » du Président Bah N’Dao et du Premier Ministre Mokhtar Wan.

La mission avait publié le lundi dernier un tweet dans lequel on pouvait lire : « Nous suivons de près les développements et restons déterminés à soutenir la transition. Nous appelons au calme et exigeons la libération immédiate et inconditionnelle du président et du Premier ministre. Ceux qui les détiennent seront tenus pour responsables ».

Prochaines élections

Fraîchement promu à la tête de la plus haute charge de l’Etat, le Président Assimi Goïta a déclaré que « les élections de l’année prochaine pour rétablir un gouvernement élu auront lieu comme prévu », avant de quitter Bamako pour Accra, au Ghana, ce samedi 29 mai courant, pour prendre part au Sommet extraordinaire de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), dont le Mali est membre.

En effet, les dirigeants ouest-africains ont planifié de se réunir en urgence demain, dimanche 30 mai, avec comme principal point de l’ordre du jour « la question épineuse relative au double putsch commis par des militaires maliens au cours des derniers neuf mois ».

Entre-temps, le colonel Assimi Gueta a permis, le mercredi 26 mai, au médiateur de la Communauté économique d’Afrique de l’Ouest, Goodluck Jonathan, l’ancien Président nigérian, de rencontrer le président de transition Bah Ndao et son Premier ministre Mokhtar Wan, alors encore détenus.

Etant déjà la cible d’attaques perpétrées par les djihadistes, le pays se trouve également confronté à des conflits communautaires, et ce, depuis 2012, et souffre d’une économie moyennement florissante, essentiellement basée sur les cultures rurales, sans oublier l’extraction de l’or et les exportations agricoles, faisant du Mali, malgré cela, l’un des pays les moins avancés sur le plan du développement socio-économique, sur le continent africain.

On doit se rappeler encore que, l’année dernière, la CEDEAO avait menacé de prendre des sanctions contre le Mali, si un gouvernement intérimaire dirigé par des civils ne prendrait pas le témoin des mains de l’armée. Avec encore un colonel à la tête de l’Etat, il est difficile de savoir quelles en seraient les répercussions.

Réaction des pays de l’Union européenne

Plusieurs pays européens ont exprimé leur condamnation avec la plus grande fermeté de ce qui s’était passé il y a quelques jours au Mali, le qualifiant de « coup d’Etat dans le coup d’Etat » et que c’était inacceptable, selon une déclaration attribuée au Président français Emmanuel Macron, à l’issue d’un sommet européen.

A noter que « la France avait également demandé une réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU pour prendre en considération la gravité de la situation au Mali », selon le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, qui s’était exprimé devant l’Assemblée nationale.

Retour en dates sur le Mali : Terre de coups d’État

Ce sont les coups d’État militaires perpétrés au Mali qui ont participé à perpétuer l’instabilité dans ce pays.
-Modibo Keïta, entre 1960 et 1968, renversé par un coup d’État,;
-Moussa Traoré, de 1968 à 1991, renversé par un coup d’État,
-Amadou Toumani Touré, renversé par un coup d’état militaire dans la nuit du 21 au 22 mars 2012,
-Ibrahim Boubacar Keïta élu président le 11 août 2013 avec 77,6 % des voix contre 22,4 % pour Soumaïla Cissé, arrêté par des militaires putschistes le 18 août 2020, conduits par Assimi Goïta,
-Bah N’Daw Président de la Transition le 21 septembre 2020, renversé par un coup d’État mené par Assimi Goïta le lundi 24 mai 2021.

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