Quand Abdoulaye Diop vide son sac et affirme que le retrait de Paris affecte la sécurité du Mali

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Quand Abdoulaye Diop vide son sac et affirme que le retrait de Paris affecte la sécurité du Mali
Le ministre malien des Affaires étrangères : Abdoulaye Diop

Africa-Press – Mali. Dans une déclaration faite le 16 février 2022 au cours de l’émission « Sans frontières », le ministre des Affaires étrangères de la République du Mali, Abdoulaye Diop, a indiqué que l’arrêt par les autorités françaises de l’opération Barkhane a porté préjudice à la sécurité dans le pays, tout en rappelant qu’ « ils avaient demandé à la France de revoir les termes de leur accord mutuel d’une manière qui convienne à la souveraineté du pays et ses droits ».

Diop a nié – dans son allocution – avoir une relation avec le groupe privé « Wagner », estimant dans ce sens que la polémique soulevée autour de la présence de ces mercenaires russes au Mali, vise plutôt à « inciter les forces internationales à s’y opposer ».

Néanmoins, le Chef de la diplomatie malienne n’a pas hésité à confirmer que des formateurs militaires russes, actuellement présents dans le pays, ont été chargés d’entraîner les forces armées maliennes, en soulignant que leur présence s’inscrit dans un cadre officiel avec le gouvernement de la Fédération de Russie.

Il a accusé la communauté internationale de traiter avec le Mali avec ‘deux poids deux mesures’, l’appelant à arrêter ce stratagème, tout en faisant comprendre que la nouvelle autorité met l’accent sur la souveraineté complète et l’arrêt du contrôle étranger sur la politique du pays, soulignant également que l’important est pour le moment de travailler pour stabiliser la sécurité et que les autorités ont pu obtenir des résultats tangibles dans ce domaine.

La question de l’organisation des élections prévues n’a pas manqué à son discours, puisqu’Abdoulaye Diop a déclaré que son pays travaille sur des réformes du système politique afin que le processus démocratique soit durable, exprimant la conviction de son gouvernement que cela ne sera pas atteint tant que la sécurité ne sera pas établie sur l’ensemble du Mali, selon ce qui a été convenu lors du dialogue interne tenu à la fin de l’année dernière.

Abordant le pertinent sujet relatif à la CEDEAO, il n’a pas caché l’existence d’un problème avec la Communauté internationale et la Communauté économique de l’Afrique de l’Ouest en raison de la période de transition fixée par le pouvoir au Mali pour sortir de la situation qu’il traversait après le coup d’État militaire, que le pays a connu en 2021, et a souligné que le dialogue avec « la CEDEAO » a permis de réduire la période de transition politique de 5 à 4 ans.

L’autre point embarrassant pour les français que le ministre des Affaires étrangères a souligné, était l’expulsion de l’ambassadeur de Paris à Bamako, Joël Meyer.

Dans ce contexte, Diop a déclaré que l’ingérence des autorités françaises dans le pays s’était accrue après le coup d’État et que l’affaire avait atteint le point de « non respect envers le gouvernement actuel », en ajoutant que : « L’ambassadeur a été averti plus d’une fois à cause des propos indisciplinées de Paris, mais nous n’avons pas trouvé d’écho, et nous regrettons d’en être arrivés là ».

Concernant les sanctions imposées à son pays, le Chef de la diplomatie malienne a laissé entendre qu’elles affectaient de manière significative le processus de transition et limitaient les capacités dans la lutte contre le terrorisme, ajoutant que le Mali n’accepterait pas d’aide conditionnelle.

Il a appelé les partenaires à travailler avec les autorités maliennes selon des plans à long terme qui servent les intérêts des deux parties.

La construire d’un nouveau partenariat avec l’Afrique est-elle possible ?

Dans ces paragraphes, nous profitons pour revenir sur la possibilité ou non d’un nouveau partenariat avec le continent africain, notamment après la tenue à Bruxelles du Sommet « Union européenne – Union africaine ».

Tout d’abord, rappelons que l’Union africaine avait suspendu l’adhésion du Mali, du Burkina Faso, de la Guinée et du Soudan après les coups d’État qui y ont eu lieu, et par conséquent les dirigeants de ces pays n’ont pas été présents audit sommet.

Le Président sénégalais Macky Sall au Sommet de Bruxelles

La France cherche-t-elle à restaurer sa présence érodée ?

D’après ce qu’on lit dans les annales de la diplomatie française, ce sommet aurait bien pu être l’occasion de « jeter les bases d’un renforcement de la coopération entre l’Union européenne et l’Union africaine », en « exposant une vision commune des défis auxquels sont confrontés les deux continents et en établissant une alliance ambitieuse entre l’Europe et une Afrique qui regarde vers l’avenir et contribue à créer un espace de solidarité, de sécurité et de prospérité durable et stable ».

Ainsi, ce sommet s’est fixé pour objectif de relever trois défis majeurs : la sécurité, la santé et la stabilité. « Le partenariat suppose l’échange et le partage », ont déclaré le président belge du Conseil européen, Charles Michel, et le président sénégalais de l’Union africaine, Macky Sall, dans un communiqué commun.

La France chercherait à réconcilier ses relations africaines

A travers ce sommet, et malgré la décision prise de mettre fin à l’opération Barkhane et de retirer ses troupes et celles de ses partenaires du Mali, la France a tenté de redresser ses relations africaines, qui ont atteint au cours de l’année écoulée leurs pires niveaux.

La méchanceté haineuse s’est manifestée dans les troubles vécus par un certain nombre de pays du Sahel, où ils ont une présence militaire inscrite dans le cadre de la « lutte contre les groupes armés, les rebelles, et les terroristes », menés par le Mali, qui s’était même aventuré à expulser l’ambassadeur de France il y a des semaines, et le Burkina Faso, dont le nouveau gouvernement s’est montré hostile à Paris.

Dans le même contexte, le quotidien français ‘Le Monde’ a écrit que : « Ce sommet a représenté une opportunité pour la France de se mettre en avant comme moteur des relations au sein de l’Union européenne et sur le continent africain ».

Le Monde a ajouté entre-autres : « C’est une opportunité que Macron a toujours attendue pour prouver l’alliance euro-africaine face au bulldozer économique chinois ».

Pour conclure, on peut dire que les sphères politique et médiatique nous apporteront sans aucun doute du nouveau sur ces relations tendues dans région du Sahel et du Sahara africain.

Alors attendons pour voir…

Anouar CHENNOUFI

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