Quand « Le Point » revient sur des similitudes entre le scénario Afghan et le Mali

18

Anouar CHENNOUFI

Africa-Press – Mali. Les événements en Afghanistan ont bouleversé les calculs au Mali
Le magazine français ‘Le Point’ a rapporté dans son édition parue vers la mi-août 2021, que les événements en Afghanistan ont bouleversé les calculs au Mali.

Le magazine a souligné que l’évolution des événements en Afghanistan rappelle aux habitants du Sahel qu’ils ont abordé ce scénario en 2012 sans l’opération française « Serval », mais après 9 ans, il semble possible que des villes entières du nord et du centre du Mali tombera entre les mains des djihadistes, et on ne peut l’exclure. Le spectre de la chute de la capitale, Bamako, surtout au vu du désengagement partiel français.

Similitudes évidentes

Faut-il craindre un scénario afghan pour l’armée française ?

L’une des explications qui donne de plus en plus de crédibilité à la répétition du scénario afghan au Mali – comme le dit le magazine – est l’absence de l’État sur l’ensemble des territoires maliens, sans parler de l’instabilité politique et de la corruption endémique, en plus des carences de l’armée malienne malgré le soutien de la communauté internationale.

Cependant, de nombreux Maliens estiment que l’arrivée au pouvoir des talibans va sensibiliser les autorités de transition pour accélérer les réformes, notamment celles qui touchent directement l’armée, qui depuis 2018 a mené deux coups d’État, sans espoir en vue.

Le magazine prévient que la sécurité fait défaut et que les attaques se répètent de temps à autre, et même début août et la semaine dernière, plusieurs massacres ont eu lieu contre des civils dans la région de Gao, et un certain nombre de villages et hameaux sont aux mains de « groupes djihadistes qui appliquent la charia, établissent des lois et gèrent la vie des habitants ».

Politiquement aussi, Le Point a constaté que les décisions avancent très lentement, et qu’il n’y a pas eu de reprise économique, bien que le pays ait bien résisté aux effets de la crise sanitaire mondiale, constatant qu’elle explose socialement comme en témoignent les grèves et les manifestations appelant à l’amélioration des conditions de vie des travailleurs des secteurs public et privé.

L’article du magazine citait un titre du journal malien, Le Soir de Bamako, disant : « Est-ce que nous nous attendons au même scénario qui s’est produit à Kaboul lorsque les forces françaises se sont retirées des terres maliennes ? »

Retrait français

Les unités militaires françaises au départ du Mali

Le rapport du Point évoquait entre-autres que si la France maintiendra entre 2.500 et 3.000 soldats dans la région, contre 5.100 qui sont effectivement présents, cette réduction – comme le magazine le voit – fait craindre que certaines zones ne passent complètement aux mains des djihadistes, car les pays voisins sont incapables d’étendre leur contrôle, sur ce vaste désert, d’autant plus que « la situation se dégrade chaque année, et sans la présence de l’armée française, une ville comme Gao pourrait tomber en moins de 30 minutes ».

Toujours selon le magazine, si les violences au Mali ont commencé avec l’indépendance, elles se sont développées avec les « révolutions djihadistes au nord » et se sont propagées au centre et au sud du pays, et se sont mêlées à des conflits et attentats sectaires qui se produisent partout et où l’influence de l’« État est faible », et s’est même étendue au Burkina Faso et au Niger voisins, où opèrent des groupes affiliés à al-Qaïda ou à Daech.

La peur dans la région côtière : Non à l’exclusion

Non à l’exclusion : Tous pour le Mali

Le Point a déclaré que malgré la peur générale qui se répand dans la région du Sahel, le contexte ici est complètement différent du contexte afghan – comme le dit le politologue Baba Dakono – mais la leçon qui a été tirée « est que s’appuyer sur l’armée ne peut pas être la solution », et nous devons ouvrir des discussions avec toutes les sectes, y compris les exclus des groupes armés, car la question idéologique n’occupe qu’une petite partie de leur discours, alors que la plupart des revendications politiques et la frustration envers l’État sont ce qu’elles sont.

Bien qu’il existe un accord entre les Maliens et leurs partenaires sur le fait que le pays ne sortira pas de la tourmente sans une solution politique – qu’elle inclue ou non des pourparlers avec les djihadistes – le pessimisme prévalait un an après le coup d’État qui a renversé le président Ibrahim Boubacar Keita et s‘est infiltré dans le pays dans une période de transition, sachant que le nouveau président, le colonel Assimi Goïta, s’était engagé à faire de la place aux civils par la suite, notamment lors des élections qui se tiendront en février 2022.

Le magazine conclut avec un avis émanant de la société civile nigérienne, qui estime que « la guerre en cours au Sahel ne peut être gagnée par des armées étrangères qui n’ont pas réussi en Afghanistan, et elle ne peut pas non plus être gagnée avec des dirigeants corrompus », notant que « la victoire dans cette guerre ne sera obtenue qu’en construisant un nouveau contrat politique et social qui restaure la souveraineté du peuple et crée les conditions d’une vie décente pour des millions de personnes vivant dans la région. »

Observateurs, chroniqueurs, médias, ainsi que le peuple et les hommes politiques, demeurent tous en attente d’une sorte de « déclivage » qui aidera chacun à s’ouvrir à l’autre pour décider communément du sort du pays.

Pour plus d’informations et d’analyses sur la Mali, suivez Africa-Press

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here