Tebboune Convainc Poutine D’empêcher les Forces Maliennes et Wagnériennes de Reprendre la Ville de Tin Zaouatine

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Tebboune Convainc Poutine D'empêcher les Forces Maliennes et Wagnériennes de Reprendre la Ville de Tin Zaouatine
Tebboune Convainc Poutine D'empêcher les Forces Maliennes et Wagnériennes de Reprendre la Ville de Tin Zaouatine

Anouar CHENNOUFI

Africa-Press – Mali. Selon des médias internationaux de grande renommée, à l’instar du journal français « Le Monde », les forces maliennes et leurs alliés du groupe paramilitaire russe privé « Wagner » ont renoncé à leur tentative de reprendre la ville de Tin Zaouatine, se trouvant à proximité de la frontière algérienne.

Dans ce contexte, la même source, aurait indiqué que cette opération devait être déclenchée au début du mois d’octobre, et ce en vue de se venger suite à une défaite majeure subie par les forces maliennes et wagnériennes au cours du mois de juillet dernier face aux combattants touaregs dans la région de l’Azawad.

Le retrait surprise de l’opération serait le résultat de plusieurs facteurs dont on peut citer:

• les lourdes pertes subies par les forces en juillet, lorsque 47 soldats maliens et 84 combattants Wagner ont été tués,

• ainsi que des problèmes logistiques et des mauvaises conditions météorologiques.

• on évoque également des divisions au sein de la direction militaire malienne, le ministre malien de la Défense, Sadio Camara, poussant à l’attaque, tandis que le chef d’Etat-major malien, Omar Diarra, s’y est opposé en raison des risques élevés associés à l’opération.

On ajoute entre-autres que des désaccords sont apparus entre les forces maliennes et celles de « Wagner » sur les objectifs de l’opération, les forces maliennes visant à récupérer Tin Zaouatine à des fins symboliques, tandis que le groupe russe cherchait à récupérer les corps de ses combattants tués dans la bataille de juillet.

• Démarches diplomatiques

L’émergence d’une dimension diplomatique, représentée par un rôle majeur important de l’Algérie dans l’échec de ce « projet », a été pressentie, surtout lorsque l’ambassade d’Algérie à Moscou aurait soumis au ministère russe des Affaires étrangères un dossier détaillé comprenant des photos et des informations de renseignement sur les mouvements militaires, mettant en garde contre les dangers d’une répétition de l’échec militaire survenu en juillet.

C’est ainsi que, grâce à ces démarches et ces avertissements, l’Algérie a pu convaincre la Russie de se retirer de l’opération, ce qui a entraîné une réduction des tensions près de la frontière algérienne, d’autant plus que l’Algérie a toujours tenu à éloigner les forces étrangères de son champ vital, qu’elles soient des forces françaises du passé ou des forces « wagnériennes » actuellement.

Le journal français « Le Monde » a conclu que malgré les tensions avec Moscou concernant la présence de « Wagner » au Mali et en Libye, l’Algérie continue de faire pression pour éliminer toute menace pouvant cibler ses frontières et maintenir son rôle de médiateur régional important dans la région du Sahel.

• Réaction algérienne

Il importe de noter que ces évolutions reflètent la récente satisfaction algérienne dans le traitement du dossier des relations avec la Russie, après plusieurs événements qui ont été interprétés comme l’expression de profondes divergences entre les deux parties.

Par ailleurs, le président algérien Abdelmadjid Tebboune, dans ses déclarations du 6 octobre 2024 sur la chaîne de télévision algérienne, a souligné que les relations avec la Russie sont « historiques et fondées sur l’amitié et les intérêts communs », ajoutant également que: « Ces relations sont historiques, car ils nous ont aidé durant la révolution algérienne pour la libération, et nous n’oublierons pas leur gentillesse ».

Tebboune a souligné aussi que les relations « sont fondées sur l’amitié et les intérêts communs, et qu’aucun mal ne pourra jamais arriver à la Russie depuis l’Algérie ».

• Au niveau « onusien »

D’un autre côté, on peut dire que les relations des autorités militaires maliennes avec les mouvements rebelles du nord du pays ont suscité l’ire de l’Algérie, qui appelle à traiter ce dossier sans violence, sachant que cela a déclenché une grande tension dans les relations entre les deux pays, comme en témoignent les accusations lancées par le ministre malien des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, lors de la dernière réunion de l’Assemblée générale des Nations Unies.


Abdoulaye Diop ministre des Affaires étrangères du Mali

Toutefois, malgré ses relations étroites avec la Russie, l’Algérie a toujours rejeté explicitement la présence des forces wagnériennes au Mali. D’ailleurs, lors de la réunion du Conseil de sécurité de l’ONU, début septembre dernier, l’Ambassadeur et Représentant de l’Algérie à l’ONU, Amar Ben Jemaa, a appelé à demander des comptes « aux parties qui ont provoqué le bombardement de plus de 20 civils dans la région de Tin Zaouatine, en raison de ce qu’elles commettent comme violations du droit international humanitaire », en référence claire au groupe russe privé de « Wagner » allié à l’armée malienne.

L’ambassadeur a souligné la nécessité de « mettre fin aux violations commises par les armées privées utilisées par certains pays », mettant en garde contre les conséquences de « ne pas tenir ces parties pour responsables de leurs violations et des menaces et dangers qu’elles représentent pour la région ».


Amar Ben Jemaa Ambassadeur Représentant de l’Algérie à l’ONU

• Réaction malienne

En réponse à ce qui précède, le représentant du Mali auprès des Nations Unies, Issa Konfourou, a déclaré que « Cette accusation est dangereuse et sans fondement », tout en ajoutant entre-autres qu’ « En faisant la promotion de ces informations de presse non vérifiées, le diplomate algérien transmet ainsi la propagande terroriste dans notre région ».

En haussant un peu le ton, le diplomate malien a publiquement demandé à l’Algérie d’adopter une position beaucoup « plus digne et plus respectueuse du Mali et de son peuple », selon ses propres termes.

Pour rappel, en janvier de l’année en cours, la junte militaire du Mali avait annoncé son retrait de l’accord de paix d’Alger datant de 2015, accusant à l’occasion l’Algérie de mener des « actions hostiles » à son encontre.

De son côté, l’Algérie avait alors répondu en convoquant l’ambassadeur du Mali à Alger, Mahamane Amadou Maiga, pour l’informer personnellement, par l’intermédiaire du ministre des Affaires étrangères Ahmed Attaf, que toutes les contributions historiques de l’Algérie étaient dans l’intérêt de la promotion de la paix, de la sécurité et de la stabilité, conformément au principe de Intégrité territoriale malienne.


Issa Konfourou représentant du Mali auprès des Nations Unies

• Rétrospective sur l’incident Malo-algérien

A en croire les informations rapportées par diverses sources, le différend s’est intensifié entre l’Algérie et son voisin du sud, le Mali, sur fond d’attaque militaire lancée par l’armée malienne le 25 août 2024 contre des positions rebelles touarègues au niveau de la frontière avec l’Algérie.

Les relations entre les deux pays se sont détériorées au début de l’année suite à l’annonce par l’autorité militaire de Bamako de son rejet de la médiation algérienne entre les deux parties au conflit, affirmant que les Algériens étaient « partiaux » envers l’opposition Touareg cherchant à établir un État dans le nord du pays. Cette décision a été publiée en réaction à l’accueil réservé par le président algérien aux représentants de l’opposition, en particulier au religieux l’Imam Mahmoud Dicko, connu pour sa rhétorique dure à l’égard du gouvernement.

Dès lors, le différend s’est étendu aux Nations Unies, où les représentants des deux pays ont participé à une séance de discussion à l’occasion du 75e anniversaire des Conventions de Genève sur les conflits armés, organisée à Genève à la fin du mois d’août dernier.


Le président malien Assimi Goïta

Selon ce qui a été rapporté lundi par les journaux et sites d’information, le représentant de l’Algérie auprès de l’Office des Nations Unies à Genève, Rachid Bladehane, a défendu la position de son collègue, l’ambassadeur et Représentant de l’Algérie à New York, Amar Ben Jemaa, lorsqu’il a appelé dernièrement le Conseil de sécurité à imposer des sanctions contre Bamako après son attaque contre une communauté résidentielle dans la ville frontalière de Tin Zaouatine le 25, faisant 21 morts parmi les civils, dont 11 enfants, selon les données des organisations d’opposition maliennes.

Le Mot de la Fin

On doit avouer que le président Tebboune a frappé fort, en obligeant son homologue Vladimir Poutine à battre en retraite et à retirer les forces de Wagner de la frontière entre l’Algérie et le Mali, tout en mettant en garde la Russie contre les conséquences d’une ruée derrière les ambitions subversives des putschistes au Mali.


Eléments paramilitaires du groupe russe privé Wagner

D’une manière ou d’une autre, on pourrait croire également que la Russie s’est pliée aux avertissements de l’Algérie et aurait effectivement retiré les forces de Wagner tout en s’abstenant de lancer une attaque militaire contre l’armée de l’Azawad.

Cela réaffirme que l’Algérie reste le premier maître de la région et ne fait preuve de courtoisie envers personne en ce qui concerne sa sécurité nationale et sa souveraineté, même si elle est une partie alliée, rejetant le langage de la guerre et des armes et préférant les solutions pacifiques et diplomatiques.

D’autant que l’armée algérienne a mis en garde ses citoyens contre l’approche des zones en tension, notamment dans les régions du sud, cela indique la possibilité d’une aggravation de la situation sécuritaire dans lesdites régions.

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