Violences et terrorisme au Mali : Quand l’Etat prendra-t-il le dessus ?

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Les forces étrangères opérant contre le terrorisme au Mali

Anouar CHENNOUFI

Africa-Press – Mali. Le problème du terrorisme au Mali est réapparu malgré l’intervention militaire française en 2013 (Opération Serval), les opérations de combat françaises en cours (Opération Barkhane) et les efforts de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA).

La situation est encore compliquée par le fait que le problème terroriste au Mali est étroitement lié au conflit en cours à plus grande échelle, qui surcharge la région du nord du Mali.

Plus précisément, le conflit au sein de communautés ethniques dans le nord du Mali et entre eux. La menace terroriste au Mali ne peut pas être traitée comme une crise distincte et, malheureusement, il ne semble pas que le conflit politique sera jamais résolu.

En partie à cause de l’accord de paix signé en Algérie en juin 2015, à la nature des motifs de ce conflit. Ces facteurs comprennent l’économie, la religion et les conflits intra et intracommunautaires où les groupes ethniques et les groupes sous-ethniques se disputent des postes.

Signature de l’accord de paix en 2015

Les plaintes contre l’État malien sont réelles, mais elles ne sont pas si importantes, pour dire que le traitement de ces plaintes éliminera le trouble existant. Il faut donc regarder les accords d’Alger qui sont considérés comme nécessaires mais pas suffisants pour parvenir à la paix.

Comprendre la nature de la menace terroriste au Mali, ainsi que la difficulté du pays à accroître une réponse efficace, nécessite de prendre en considération l’environnement dans lequel opèrent les terroristes maliens, surtout les liens entre le problème du terrorisme dans le pays et ses problèmes de sécurité plus larges.

Cette étude s’articule autour d’une thèse centrale selon laquelle le problème du terrorisme est étroitement lié aux problèmes de sécurité plus larges et ne peut être traité séparément, que ce soit d’un point de vue analytique ou en ce qui concerne la politique de sécurité et la réforme du secteur de la sécurité : En termes simples, on ne peut pas isoler les besoins de la lutte contre le terrorisme et les traiter par le biais de programmes d’assistance à la sécurité, du moins sans espoir de succès.

Les capacités de lutte contre le terrorisme sont insuffisantes et, dans de nombreux cas, inadaptées à une situation qui nécessite des capacités plus larges, telles que celles liées à la contre-insurrection (COIN), aux opérations de stabilisation en général et au renforcement de l’État de base.

L’épicentre actuel des violences au Mali

Les violences dans toutes ses formes font ravage

Depuis le début de l’année 2018, le Centre du Mali est en proie à des violences d’une extrême gravité.

On y recense environ 40 % de toutes les attaques du pays, ce qui en fait actuellement la zone la plus dangereuse du Mali. Le conflit asymétrique s’est intensifié et complexifié et aurait fait un très grand nombre de victimes et causé la mort de plusieurs dizaines de combattants au cours de massacres, d’attaques ou de combats : assassinats, exécutions sommaires, tortures, disparitions forcées, etc.

Des villages ont été brûlés, d’autres sont assiégés par des blocus, leurs habitants sont pourchassés. Des dizaines de milliers de personnes ont dû fuir les persécutions, les violences et parfois les combats menés par plusieurs acteurs.

Point de vue de l’ancien Premier ministre Moussa Mara

L’ancien Premier ministre malien Moussa Mara

Nous rapportons à nos lecteurs un condensé d’une interview publiée par le site « Opinion Internationale », lui ayant été accordée par l’ancien premier ministre du Mali, député et président du parti Yéméla, Moussa Mara.

Dans cette interview, Mara a tenu à faire le schéma de l’état des lieux de la situation actuelle en République du Mali, déclarant dans ce contexte que son pays est un pays plongé dans une crise profonde, et selon lui, la plus profonde de l’histoire du pays, la qualifiant de crise multidimensionnelle, avec un aspect sécuritaire très important.

Il a poursuivi en soulignant la présence de groupes armés rebelles qui s’accrochent à une partie du territoire malien, mais aussi des groupes terroristes armés qui ont une volonté de conquête, non seulement du territoire malien, mais aussi de l’ensemble du territoire ouest-africain.

Il a ajouté entre-autres l’existence du banditisme résiduel, des trafiquants de drogue. Ce cocktail fait que sur le plan sécuritaire, la situation est très précaire.

A la question : Comment se financent les groupes terroristes ? Les donateurs sont-ils des pays ou de riches particuliers ?

D’où viennent les financements des groupes terroristes ?

L’ancien Premier ministre malien a tenu à blanchir tout pays pouvant être derrière les groupes armés, indiquant à ce sujet que le Mali ne détient aucune preuve pour incriminer qui que ce soit.
Il a assuré que des groupes se financent de toute sorte de trafics, expliquant que la zone sahélienne est une zone très vaste avec une faible empreinte étatique. Les grands couloirs de trafics (biens de consommation, bien d’équipement, d’êtres humains et plus récemment, trafic de drogue et d’armes) se sont développés il y a une dizaine d’années.

Néanmoins, des organisations terroristes telles que Daech et Al-Qaïda sont tellement structurées qu’elles ne trouvent aucune difficulté quant à leurs ressources de financement.

Par ailleurs, des groupes terroristes étendent même leur contrôle et prélèvent des ressources sur les activités des quelques zones minières qui existent au Mali, ce qui nous certifie en fin de compte que les groupes terroristes prélèvent de l’argent sur les populations.

Evoquant la possibilité de la fin du terrorisme au Mali, Moussa Mara a indiqué que la fin du terrorisme se fera sûrement sur le moyen terme, et non sur le court terme, chose non envisageable.

D’après lui, il faut sortir de la transition et inscrire le pays dans une stratégie institutionnelle et politique normale avec des réformes de qualité pour répondre aux attentes de la population, et comme dit précédemment, la lutte contre le financement du terrorisme n’est pas seulement militaire, mais aussi administrative, économique, sociale, institutionnelle.

Quand donc les souffrances du peuple du Mali vont-elles cesser ?

 

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