En marge de la guerre russo-ukrainienne quel est le rôle potentiel de l’OTAN dans le Sahel africain ?

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En marge de la guerre russo-ukrainienne quel est le rôle potentiel de l'OTAN dans le Sahel africain ?
En marge de la guerre russo-ukrainienne quel est le rôle potentiel de l'OTAN dans le Sahel africain ?

Anouar CHENNOUFI

Africa-Press – Mali. L’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN), est l’organisation politico-militaire mise en place par les pays signataires du traité de l’Atlantique Nord afin de pouvoir remplir leurs obligations de sécurité et de défense collectives.

« L’OTAN, qui a été fondée en 1949 en pleine Guerre froide pour défendre les pays d’Europe de l’Ouest face au bloc soviétique, semble aujourd’hui revenue à sa première vocation avec une ferveur inédite », a fait remarquer Samantha de Bendern, chercheuse au Think Tank Chatham House.

Pourtant en 2019, l’organisation divisée, que le président Emmanuel Macron avait décrétée en « état de mort cérébrale », conspuée également par l’ancien président américain Donald Trump et décrédibilisée encore plus par le chaos du retrait américain d’Afghanistan, a semblé plus affaiblie que jamais.

« Il a fallu que la Russie envahisse l’Ukraine, en février 2022, pour que l’Otan retrouve toute sa fraîcheur et trouve le moyen de ressouder ses liens et de se relancer », avait indiqué Jenny Raflik, chercheuse à l’université de Nantes spécialiste de l’histoire de l’Otan.

Quel rôle pourrait jouer l’OTAN dans le Sahel africain ?

Jens Stoltenberg – Secrétaire général de l’OTAN

A un moment où la région du Sahel africain connaît une accélération du rythme de la concurrence franco-euro-russe, l’OTAN accorde une attention croissante aux développements en matière de sécurité dans cette région du continent africain, en particulier après l’escalade de la rivalité atlantique-russe. Cependant, le rôle de l’Alliance est encore mineur et limité à la fourniture de conseils et d’un soutien logistique aux opérations de lutte contre le terrorisme, car son approche s’articule autour du partenariat de sécurité continu avec la Mauritanie, du fait qu’elle supervise les programmes de formation et de réhabilitation de ses forces armées sur la lutte contre les actes terroristes, dans le but d’accroître leur efficacité militaire et sécuritaire.

Moins d’un an déjà, précisément lors de son dernier sommet tenu en juin 2021, les membres de l’alliance avaient exprimé leurs inquiétudes quant à la poursuite de la détérioration de la situation sécuritaire dans la région, et l’avaient avertie du danger d’une aggravation de la situation, surtout après que la France ait annoncé la fin de l’opération militaire Barkhane et s’était engagée dans une nouvelle approche dans laquelle l’OTAN devrait jouer un rôle central.

Pour rappel, la déclaration finale du sommet à l’époque indiquait que les tensions sécuritaires dans la région constituent une menace pour la sécurité collective des États membres, et que l’alliance attachait une grande importance à fournir un soutien logistique aux pays du Groupe des cinq Sahel (G5) à travers un partenariat avec la Mauritanie, exprimant également son engagement et sa confiance dans un partenariat à long terme avec elle, et a encouragé la poursuite d’un dialogue constructif avec les institutions compétentes de la région, notamment le G5 Sahel.

Ainsi, l’alliance a révélé sa volonté d’étendre son rôle et sa présence sur la scène sécuritaire dans la région.

Perspectives d’avenir potentielles de l’OTAN au Sahel africain
Des politiques élaborées par l’alliance transatlantique du nord, il en ressort de nombreuses visions sur son rôle potentiel dans le Sahel africain, et deux principaux scénarios et options possibles pouvant être formulés quant au rôle de l’alliance dans cette région :

• L’option d’intervention militaire de l’Alliance (participation à des missions de combat)

Il y a ceux qui pensent que l’OTAN jouera un large rôle et des missions de combat dans la région au détriment du déclin du rôle français, et donc sa présence sur la scène sera l’une des options alternatives, d’autant plus que la région connaît une escalade de l’activité des organisations terroristes et une augmentation du rôle de la Russie, après l’annonce par Paris d’un plan de repositionnement des forces françaises et européennes dans la région, notamment au Niger, après son retrait du Mali.

Cependant, l’option d’une participation de l’OTAN à des missions de combat et militaires est encore peu probable, surtout à la lumière des défis actuels auxquels est confrontée l’alliance, et après l’escalade des divergences politiques entre les États membres, notamment entre la France et les États-Unis, depuis la crise de l’accord sous-marin avec l’Australie et la tendance des États-Unis à conclure l’alliance de la CEDEAO avec le Royaume-Uni et l’Australie. Sans parler des autres divergences entre la Turquie et la France, et du refus de l’OTAN de voir la Turquie accéder au système de défense russe S-400.

De plus, cette option se heurte encore à d’autres défis, dont le plus important est la position des pays du Sahel concernant l’élargissement du rôle militaire de l’OTAN dans leur région. Bien que les cinq pays du Sahel, à l’exception de la Mauritanie, n’aient pas annoncé leur accueil favorable à un rôle militaire de l’OTAN, compte tenu de la poursuite de la force conjointe du Groupe du Sahel dans l’exercice de ses missions, il semble que la position des gouvernements de ces pays ne reflète plus un état de consensus politique quant à l’avenir de l’intervention internationale dans la région en général, et la position d’une éventuelle intervention de l’OTAN en particulier.

A titre d’exemple, nous pouvons dire que Bamako soutient le rôle de la Russie dans la région, qui est fortement opposé à la fois par N’Djamena et Niamey. Par conséquent, les divergences politiques entre Bamako et Niamey sur le rôle de la Russie se sont intensifiées, surtout après la déclaration faite par le ministre des Affaires étrangères du Niger, Hassoumi Massaoudou, à propos des mercenaires russes et de l’administration de l’armée pour la période de transition, qui a déclaré : « Si les soldats maliens ne rendent pas le pouvoir en février 2022, les sanctions internationales contre Bamako seront sévères ».

• La possibilité d’élargir le rôle de l’OTAN dans la fourniture d’un soutien logistique

Cette seconde option paraît probable, d’autant plus que l’OTAN n’intervient actuellement que de manière limitée dans le conseil et le soutien logistique à l’armée mauritanienne. Il y a des indications que l’alliance élargit ce rôle pour inclure le reste des cinq pays du Sahel.

Pour achever ce dossier, il importe de noter que de nombreux indicateurs, tant au niveau des relations entre les États membres de l’OTAN qu’entre les membres du Groupe des cinq Sahel, montrent que l’option d’une intervention militaire de l’alliance en participant à des missions de combat dans la région du Sahel n’est pas présente au stade actuel, en particulier à la lumière de l’escalade des divergences politiques entre les États membres, en plus des tensions politiques croissantes et de l’absence de consensus parmi les gouvernements du G5 Sahel concernant l’accueil d’un large rôle pour l’alliance dans la région.

C’est d’ailleurs pourquoi, nous semble-il, le scénario le plus probable pour l’intervention de l’OTAN dans la région du Sahel africain est de travailler sur deux pistes parallèles :

• la première, en fournissant des conseils et un soutien logistique à la Force d’intervention spéciale européenne « Takuba » (là où elle se trouverait),

• et la seconde, en fournissant des conseils et le soutien logistique aux forces conjointes des cinq pays du Sahel et l’élargissement du partenariat avec la Mauritanie à la formation des forces du G5 Sahel aux opérations de lutte contre le terrorisme.

Considération faite, lL’OTAN est un dossier appelé à connaître un développement spécifique après la guerre en cours entre la Russie et l’Ukraine, une guerre qui, si elle n’est pas « arrêtée », pourrait virer à d’autres dimensions plus alarmantes en Europe, et ses conséquences pourraient également toucher le continent africain.

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