Qui remplacera efficacement la France au Mali et dans le Sahel africain ?

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Qui remplacera efficacement la France au Mali et dans le Sahel africain ?
Manifestation de soutien au Président de la Transition à Bamamko

Africa-Press – Mali. Il est certain que la France quittera ses bases du Sahel africain, comme Paris l’a annoncé dernièrement et officiellement en ce qui concerne les forces stationnées au Mali, en marge du Sommet « Union européenne – Union africaine » tenu à Bruxelles, les 17-18 février 2022, non sans « bobos ».

Le pays de l’hexagone, s’en ira sûrement avec plusieurs blessures qui ne se limitent guère aux pertes humaines représentées par la perte de 55 soldats, dans des combats avec des groupes armés, ni au coût financier élevé des forces errant dans le désert pendant neuf ans.

Ces blessures sont plus larges et plus douloureuses, surtout qu’elles sont liées à la réputation de la France dans ses anciennes colonies après son échec à restaurer la stabilité du Sahel, laissant les groupes armés y semer la corruption et se soumettant à l’expulsion du Mali de son ambassadeur à Bamako, Joël Meyer, et aux milliers de manifestants maliens sortis pour exiger le départ de la France de leur pays, arborant des slogans des plus haineux.

Selon de nombreux observateurs chevronnés et spécialisés dans les affaires euro-africaines, le différend entre la France et les militaires maliens aurait commencé tout juste après le coup d’État militaire survenu au mois d’août 2020, puis s’est élargi après le deuxième coup d’État de mai 2021, en plus du choix du Mali à s’orienter vers l’aide du groupe paramilitaire russe ‘Wagner’.

A noter que lorsque Paris menace de retirer ses forces du Mali, Bamako réagit avec force, et ses décideurs attaquent la France et la transforment, aux yeux des Maliens, en une ‘Grand’Goule’ qui resserre son siège économique et international et cherche à les coloniser à nouveau.

Quoi qu’on ait dit de la mission française au Mali, il est certain qu’elle a « rendu l’âme » et que dans quelques mois l’armée française ne sera plus présente sur le territoire malien. Qui peut donc compenser les soldats français estimés à 5.300 soldats et la force européenne comptant plus de 1.200 éléments, qui sont entrés au Mali par étapes depuis que les rebelles aient déclaré en 2012 l’indépendance de la région nord malienne de l’Azawad ?

Une question pertinente que tout un chacun se pose !

Dans ce contexte, le Conseil militaire de transition au pouvoir au Mali a exprimé sa volonté de coopérer avec des pays européens autres que la France, à qui il a ordonné de retirer ses forces immédiatement, en réponse à la décision de Paris et de ses partenaires de se retirer militairement et par étapes.

Le Mali, qui espère trouver de nouveaux partenaires pour combler le retrait français d’un vaste pays étalé sur 1,25 million de mètres carrés, qui souffre de troubles sécuritaires et politiques et abrite des groupes armés djihadistes, a proposé aux pays européens affiliés à la force européenne « Takuba » de poursuivre la coopération bilatérale avec elle, et les ministres des Affaires étrangères et de la Défense du Mali ont présenté cette proposition aux ambassadeurs européens, au lendemain de l’annonce par la France de son retrait militaire, et les deux responsables ont appelé les pays européens à comprendre le différend diplomatique entre le Mali et la France.

Il importe de rappeler que le gouvernement malien considère le retrait de la France comme une « violation flagrante » des accords entre les deux pays, tout en estimant que les résultats de son action militaire durant neuf ans au Mali, sont « insatisfaisants ».

Il faut également se mettre à l’évidence que le Mali ne contrôlait plus l’intégralité de son territoire depuis l’escalade de l’activité des groupes extrémistes armés en 2012, avant de s’étendre ensuite au Burkina Faso et au Niger voisins. Ce conflit sanglant a entraîné la mort de milliers de militaires et de civils et le déplacement d’environ deux millions de personnes, sachant que l’insécurité a provoqué la révolte de l’armée, qui a mené deux coups d’État successifs en moins de neuf mois.

Contenir l’avancée des terroristes

Personne ne peut nier que l’Afrique, en particulier la région du Sahel, riche en matières premières, est au centre des ambitions des puissances internationales telles que la Chine, la Russie, la Turquie et les États-Unis d’Amérique.

Ceci donc a mis la puce à l’oreille des pays européens pour ne pas quitter le Mali et pour y rester afin de tirer profit des gains économiques et stratégiques, et de bénéficier de la lutte pour le pouvoir entre les grandes puissances dans la région.

Cependant, plusieurs facteurs peuvent décourager les Européens de rester au Mali, dont le plus important est l’escalade des attaques par des organisations armées, en particulier dans la zone des trois frontières située entre le Mali, le Niger et le Burkina Faso, qui est régulièrement exposée aux agressions et attaques armées.

Bien que la France soit fière de l’affaiblissement des organisations « Daech », « Al-Qaïda » et autres groupes liés au terrorisme au Mali, ainsi que la liquidation de leurs dirigeants, la guerre contre le terrorisme au Sahel n’est pas terminée pour autant et laisse les poches de ces organisations se multiplier et réorganiser leurs rangs, ce qui a conduit la France à ne pas remporter une victoire écrasante sur ces groupes, malgré la présence de nombreuses forces au Mali, comme les forces françaises de l’opération « Barkhane » et les unités militaires des pays du Sahel, en plus de la mission onusienne et de l’armée malienne.

Nous devons reconnaître en tout cas que ces groupes sont, au contraire, plus actifs et meurtriers que jamais, et pire encore, ils ont adopté une stratégie majeure consistant à punir les habitants qui hésitent à les aider tout en récompensant ceux qui les soutiennent.

Mais, quoi qu’il en soit, les Européens comprennent la décision française de se retirer du Mali, sachant qu’eux-mêmes ne veulent pas travailler dans une région instable qui connaît des coups d’État constants.

Quant à la tâche de stopper la menace terroriste en renforçant la coopération entre les services de sécurité et de renseignement dans la région du Sahel, afin de lutter contre le terrorisme et la criminalité transfrontalière, n’est pas chose facile.

C’est pourquoi devrait-on nous poser la question suivante : Qui remplacera efficacement la France dans le Sahel africain ?

Anouar CHENNOUFI

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