Africa-Press – Mali. L’ultime séquence du dialogue national, qui ambitionne d’instaurer une paix durable après plus d’une décennie de crise, s’est ouverte ce lundi 6 mai à Bamako.
Il y a un peu plus de trois mois, les autorités de transition maliennes mettaient officiellement fin à l’accord d’Alger qui, en 2015, avait scellé la paix avec les groupes rebelles du nord du Mali. Ce lundi 6 mai, Assimi Goïta a ouvert la phase finale du dialogue intermalien. Une vaste consultation nationale portant sur des questions de paix, de sécurité et de cohésion sociale visant à « sortir définitivement de la crise, recoudre le tissu social et renforcer le vivre ensemble », selon les mots du chef de l’État.
Cinq thématiques
Le colonel Abdoulaye Maïga, ministre d’État en charge de l’Administration territoriale, mais aussi Dioncounda Traoré, l’ancien président de transition, qui se faisait très discret sur la scène politique ces dernières années, étaient présents à la cérémonie d’ouverture.
Après des consultations communales, puis régionales, au cours du mois d’avril, des concertations seront menées à l’échelle nationale tout au long de la semaine et prendront fin ce vendredi 10 mai. Organisé autour de cinq thématiques – paix, réconciliation nationale et cohésion sociale ; questions politiques et institutionnelles ; économie et développement durable ; sécurité et défense du territoire ; géopolitique et environnement international – ce vaste rendez-vous national vise à « éliminer les racines des conflits communautaires et intercommunautaires » à travers une série de recommandations remises aux autorités de transition à l’issue du dialogue.
Conférence nationale, Dialogue national inclusif, Assises nationales de la refondation (ANR) de décembre 2021… Ces derniers temps, les grands rendez-vous s’enchaînent au Mali, sans que l’on ne voit forcément se dessiner une sortie de crise.
Les ex-rebelles nordistes absents
Cette fois, le dialogue intermalien se concentrera sur les questions liées à la sécurité, la paix et la réconciliation nationale, explique Brema Ely Dicko, membre du comité de pilotage du dialogue. « Il ne s’agit aucunement de nouvelles ANR, mais de réfléchir aux questions comme la mauvaise gouvernance, la corruption, les réformes institutionnelles, ou la décentralisation, dans leur rapport à la sécurité, la paix et la cohésion sociale », détaille-t-il.
Des questions sur lesquelles ne plancheront pas les représentants des partis politiques, grands absents de ce dialogue, leurs activités ayant été suspendues par les autorités début avril. Autre absent de marque, pourtant incontournable dans les questions de paix et de sécurité au Mali: l’ex-rébellion du Nord, désormais réunie au sein du Cadre stratégique permanent pour la défense du peuple de l’Azawad (CSP-DPA).
Négocier avec les groupes armés
La coalition de groupes armés qui avaient pris les armes contre le gouvernement en 2012, de nouveau en conflit ouvert avec l’État malien, sera pourtant au cœur de certaines discussions. « Nombre de recommandations issues des rencontres communales, notamment dans le centre et au Nord, plaident pour un dialogue direct avec les leaders de la CMA. D’autres suggèrent d’ouvrir des négociations avec Amadou Kouffa et Iyad ag Ghali », affirme Brema Ely Dicko.
De quoi ouvrir des perspectives de négociations avec la CMA, mais aussi avec les groupes jihadistes liés à Al-Quaïda et l’État islamique ? L’idée n’est pas nouvelle au Mali. Déjà portée par le dialogue national de 2019, puis les ANR de 2021, celle-ci s’était heurtée à un veto catégorique de la France, à l’époque où elle était encore le premier partenaire militaire du Mali sur son territoire.
Délesté de la pression de la communauté internationale, Bamako, qui a rompu toute coopération militaire avec Paris, pourrait désormais avoir les mains libres pour négocier avec les groupes jihadistes qui s’étendent à travers le Sahel. Encore faut-il que la junte au pouvoir, composée de colonels réputés pour leur intransigeance et leur doxa souverainiste, y consente.
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