Africa-Press – Niger. Ouverte, le jeudi août 2025 au Centre de Conférence Mahatma Gandhi de Niamey, la rencontre culturelle internationale (ReCI) sur les langues et cultures Sonrhaï-Zarma-Dendi et les alliances à plaisanterie a pris fin le dimanche 10 août 2025. La cérémonie d’ouverture a été présidée par le Premier ministre, ministre de l’Economie et des Finances, M. Ali Mahaman Lamine Zeine, tandis que celle clôturé a été présidée par le ministre de la Refondation, de la Culture et de la Promotion des Valeurs Sociales, M. Ali Ben Salah Hamouda. Cette édition a pour thème « Langues et peuples de culture Sonrhaï-Zarma-Dendi: facteurs de souveraineté, d’intégration et de consolidation de la paix au Sahel ».
Il s’agit, à travers cette rencontre, de contribuer, par la promotion de la langue et de la culture Sonrhaï-Zarma-Dendi et parents à plaisanterie, à l’instauration d’une culture de la paix entre les communautés transfrontalières, pour une coexistence pacifique et en faire un solide pilier de souveraineté pour une intégration régionale. L’événement, ayant servi de cadre de retrouvailless pour les communautés Sonrhaï-Zarma-Dendi et au-delà africaines, a été marqué par des panels thématiques, des expositions et diverses activités riches en culture s’est tenu du 7 au 10 août 2025 à Niamey. Des délégations venues d’une quinzaine de pays d’Afrique et de la diaspora ont pris part à cet événement.
La cérémonie d’ouverture a été rythmée par diverses prestations dont des poèmes anecdotes, des récits d’incantations, des défilés de différentes communautés et des chansons traditionnelles, toutes authentiquement culturelles mettant à l’honneur, les traditions des Sonray, Zarma et dendi, et même celles des parents à plaisanterie. Elle a réuni plusieurs personnalités civiles et militaires à savoir des anciens Chefs d’État, des membres du CNSP et du gouvernement, le gouverneur de la région de Niamey, des représentants diplomatiques, des chefs traditionnels ainsi que plusieurs invités de marque venus de quinze (15) pays à travers le monde.
Le Premier ministre, ministre de l’Economie et des Finances, M. Ali Mahaman Lamine Zeine s’est réjoui de la grande mobilisation de plusieurs communautés à la rencontre. Il a estimé que 95% des personnes présentes ne parviendraient à dire d’où viennent les uns et les autres. « Finalement, nous pouvons dire que nous avons été grugés par le colonisateur. Il est venu tirer un trait pour séparer les populations qui sont les mêmes, finalement. Mais grâce à Dieu, grâce à la sagacité de nos trois Chefs d’Etat, du soutien des vaillantes populations de l’AES, nous voilà en train de tracer ce chemin qui nous replonge dans nos vraies valeurs, c’est-à-dire des peuples libres et souverains », s’est-t-il félicité.
M. Ali Mahaman Lamine Zeine a salué l’acte du comité d’organisation d’avoir intégré dans leur démarche les changements profonds que l’espace est en train de vivre. Il a souligné que l’AES, depuis sa création, s’est déclaré ouverte à l’adhésion de nouveaux membres. Cela en témoigne, selon le Premier ministre, sa conviction que la diversité linguistique et culturelle de nos populations est une grande source d’unité, de cohésion et de progrès. « Cependant, nous devons refuser systématiquement que cette enrichissante diversité soit, comme dans le passé, utilisée comme instrument antagoniste pour nous opposer les uns aux autres, nous affaiblir et donc nous asservir », a-t-il précisé.
Le Premier ministre a également salué l’insertion de l’aspect ‘’parenté à plaisanterie’’ dans la démarche. Cela, rassure-t-il, est très important et rapproche les communautés. « C’est là une grande valeur culturelle sur laquelle nous pouvons nous appuyer pour consolider la paix dans notre espace et je ne doute point que les institutions de la confédération feront des leurs les propositions pertinentes qui sortiront de vos discussions. Le sectarisme et le chauvinisme sont les poisons auxquels nous devons absolument nous éloigner afin de reconstruire notre unité et accéder au bonheur dont tous les peuples ont légitimement droit », a-t-il lancé.
Pour sa part, le gouverneur de la région de Niamey, le Général de Division Abdou Assoumane s’est réjoui d’accueillir un tel événement qui réunit les peuples à travers la culture Songhaï-Zarma-Dendi et parentés à plaisanterie dans un contexte marqué par la refondation.
Auparavant, le président du comité d’organisation, PhD Mamoudou Djibo, a tenu à remercier les autorités nigériennes ainsi que tous les partenaires pour leur contribution dans la réussite de la rencontre. Les objectifs spécifiques de cette rencontre, précise-t-il, visent, entre autres, à décomplexer l’usage de « nos langues et de nos valeurs indigènes, adopter la langue Zarma-Sonrhaï-Dendi pour en faire un outil moderne de communication, de science et d’apprentissage, de valoriser la parenté à plaisanterie inscrite dans nos traditions séculaires et de rechercher des parentés intercommunautaires non connues jusqu’ici, de contribuer à la paix au Sahel, à la promotion de valeurs de solidarité, de tolérance et de respect entre nos communautés partageant le même espace ».
La présente rencontre culturelle dédiée à la langue et au peuple de culture Sonrhaï-Zarma-Dendi et parentés, souligne-t-il, a volontairement choisi d’associer à son projet de recherche de la cohésion sociale et de la cohésion pacifique au Niger et dans les autres pays de l’AES, leurs parents à plaisanterie qui sont, entre autres, les Touaregs, les Bagobiris, les Gourmantchés, les Gourouncis, les Boudouma, etc.
Soulignant sa richesse culturelle, PhD Mamoudou Djibo a indiqué que la langue est un outil de vie et principal vecteur de culture à laquelle elle est liée. « Elle est à la fois la bouche et l’oreille du peuple par lesquelles ses valeurs culturelles deviennent reproductives, crédibles, éducatives et identifiables. Reflet d’un peuple dont elle est forte de la mémoire, le mode de pensée, la vision du monde et sa relation avec l’autre, la langue griffe la vie quotidienne de ce peuple en exprimant ses angoisses, son bonheur, ses espoirs, ses craintes et ses peurs. Le principal médium de communication, c’est elle qui véhicule nos traditions et plus largement la culture du peuple qui la parle, », a-t-il notifié.
Le président du comité d’organisation de la ReCI a, par ailleurs, rappelé que l’Union Africaine, à travers son institution spécialisée, chargée de développer et promouvoir l’utilisation des langues africaines, l’Académie africaine des langues, a mis en place une sous-commission de langues dans plusieurs pays et a adopté, avec plusieurs autres langues africaines, la langue Sonrhaï comme langue véhiculaire, transfrontalière et langue de travail de l’Union Africaine. « Elle est parlée sous différentes appellations, Songhaï-Zarma-Dendi au Niger, Songhaï au Mali, Songhaï et Maransé au Burkina Faso, Dendi et Bariba au Benin, Zarma au Nigeria, en Côte d’Ivoire, au Soudan, Zarmatton au Togo, Zabarma au Ghana, Corantchi dans le sud de l’Algérie et le Malanchousa en Guinnée », a-t-il fait savoir.
Les activités entrant dans le cadre de la Rencontre Culturelle Internationale (ReCI) sur la langue et les cultures Sonrhaï-Zarma-Dendi et la parenté à plaisanterie ont pris fin, hier dimanche 10 août 2025, à Niamey. C’est le ministre de la Refondation, de la Culture et de la Promotion des Valeurs Sociales, M. Ali Ben Salah Hamouda qui a présidé la cérémonie de clôture de cette rencontre. Plusieurs motions, recommandations et résolutions ont été formulées à cet effet.
Le ministre de la Refondation, de la Culture et de la Promotion des Valeurs Sociales a saisi cette occasion pour transmettre les salutations fraternelles des autorités pour l’exceptionnel travail réalisé au cours de cette rencontre. Il s’est dit particulièrement ému de constater l’enthousiasme et la participation active de chacun des participants tout au long des échanges.
Cette rencontre, a-t-il poursuivi, a été l’occasion de rappeler à quel point les langues sont essentielles. « Elles ne sont pas de simples outils de communication, mais de véritables ponts vers nos cultures, nos histoires et nos identités. Elles sont le reflet de nos traditions, de nos valeurs et de la manière dont nous percevons le monde », a-t-il indiqué.
Le ministre en charge de la Refondation dit avoir entendu durant ces trois jours qu’a duré la ReCI, des témoignages poignants, des réflexions profondes et des analyses éclairées sur la place de la langue dans les sociétés. « Nous avons pu constater la force et la beauté de la langue maternelle, ce précieux héritage qui nous lie à nos racines. Nous avons également pris conscience de la nécessité de préserver et de valoriser cette diversité linguistique qui fait notre richesse. Il est de notre responsabilité à tous de veiller à ce que nos langues continuent de vivre, de s’épanouir et de transmettre les héritages aux générations futures. Cela passe par un engagement au quotidien dans notre manière d’agir et de penser », a-t-il ajouté.
M. Ali Ben Salah Hamouda a par ailleurs exhorté les participants à poursuivre leurs réflexions et à faire vivre la richesse des langues et les cultures afin de contribuer efficacement à la construction d’une paix durable, aussi bien au niveau local qu’intercommunautaire et réussir la refondation des Etats si chers aux Chefs d’Etat de l’AES.
Auparavant, le président du comité d’organisation de la Rencontre Internationale Culturelle, PhD Mamoudou Djibo a énuméré les points sur lesquels les participants ont planché durant quatre jours.
Parmi les activités tenues pendant l’événement, l’on peut noter 43 prestations culturelles et artistiques, un colloque, l’animation d’une cinquantaine de stands d’exposition et la tenue de quatre fora. Pour ce qui est des résultats, on note des mécanismes de renforcement de la cohésion sociale et de la coexistence pacifique entre les communautés de l’espace des trois (3) frontières par la création de réseaux entre les autorités traditionnelles, les femmes et jeunes leaders, les communicateurs, les opérateurs économiques, les praticiens des cultes traditionnels. L’institutionnalisation d’une édition annuelle de la rencontre culturelle pour instaurer une régularité des échanges culturels entre communautés et l’organisation de caravanes de la paix et de la cohésion intercommunautaire y figure également.
Plusieurs recommandations ont été formulées par les différentes composantes de la ReCI (chercheurs, chefs traditionnels, jeunes, femmes, etc.). Elles convergent vers la valorisation et la promotion des langues et des valeurs culturelles, l’implication des autorités traditionnelles dans la gouvernance, la recherche de mécanisme de paix, de lutte contre le terrorisme et de prévention de l’extrémisme violent; l’enseignement des langues, etc.
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