Anouar CHENNOUFI
Africa-Press – Niger. Le réseau des routes transafricaines (Trans-African Highways TAH) est un ensemble de projets de routes transcontinentales en Afrique.
Ces projets sont en cours d’élaboration par les Nations unies, la Commission économique pour l’Afrique (CEA), la Banque africaine de développement (BAD) et l’Union africaine en collaboration avec les communautés régionales internationales, telles que l’Union du Maghreb arabe (UMA), la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC).
Leurs acteurs cherchent à promouvoir le commerce et réduire la pauvreté en Afrique par le développement des infrastructures routières et la gestion des corridors commerciaux interafricains.
Schéma global de ce mégaprojet africain
Connue également sous le nom de « route transsaharienne », elle est presque terminée. La longueur totale des routes nouvelles dans le réseau serait de 56.683 km, constituée de 9 corridors tracés suivant un quadrillage approximatif de six routes principalement Est-Ouest et trois routes principalement Nord-Sud. Une quatrième route nord-sud est formée à partir des extrémités de deux routes Est-Ouest.
Axes Nord-Sud
*Transafricaine 2 (TAH 2), Alger – Lagos, 4504 km
*Transafricaine 3 (TAH 3), Tripoli – Le Cap, 10808 km
*Transafricaine 4 (TAH 4), Le Caire – Le Cap, 10228 km
Axes Est-Ouest
*Transafricaine 1 (TAH 1), Le Caire – Dakar, 8636 km
*Transafricaine 5 (TAH 5), Dakar – N’Djamena, 4496 km
*Transafricaine 6 (TAH 6), N’Djamena – Djibouti, 4219 km
*Transafricaine 7 (TAH 7), Dakar – Lagos, 4010 km
*Transafricaine 8 (TAH 8), Lagos – Mombasa, 6259 km
*Transafricaine 9 (TAH 9), Beira – Lobito, 3523 km
*Transafricaine 2 (TAH 2), Alger – Lagos, 4504 km.
Engagement de la République Algérienne Démocratique et Populaire
L’acteur le plus concerné par la « Transafricaine 2 (TAH 2) – Alger – Lagos, 4504 km », est l’Algérie évidemment, qui a accéléré la construction de la route transsaharienne vers l’Afrique, car les autorités algériennes placent le projet parmi leurs priorités économiques au niveau régional et poussent pour accélérer davantage sa mise en œuvre dès que possible, après des décennies de retards dus à des problèmes sécuritaires et financiers.
A cet effet, des consultations ont été actives avec les cinq pays participants, à savoir la Tunisie, le Niger, le Mali, le Tchad et le Nigeria, surtout que l’Algérie implique une bretelle qui prend naissance du « Port tunisien de Radès » pour atteindre le point de rencontre « Ghardaia » en Algérie.
La route transafricaine part du « Port algérien de Blida » donnant sur la mer méditerranée, pour rejoindre le « Port nigérian de Lagos », un terminal à conteneurs du port de Tincan au Nigeria, en traversant le Niger qui, comme chacun des 6 Etats concernés par le projet, vient de franchir un pas essentiel quant à l’une des sections du réseau devant transiter par son territoire.
En effet, le président nigérien Mohamed Bazoum avait pris part aux cérémonies consacrant l’ouverture à la circulation de la « route Zinder-Tanout », le mardi 3 août 2021, un axe long de 138 kilomètres qui a nécessité un investissement global de 34 milliards FCFA (environ 61,5 millions USD), et qui a été entièrement financé par l’Union européenne (UE) à travers le Fonds européen de développement (FED).
Confirmation des autorités algériennes
Le gouvernement algérien a annoncé le début de l’achèvement du dernier tronçon de la « route de l’unité africaine », qui rejoint la capitale du Nigériane, Lagos, au sud du pays. L’Algérie a alloué 2,6 milliards de dollars à ce projet.
Le dernier tronçon, qui sera d’une distance de 7 km, reliera le poste frontière de l’Etat d’Ain Guezzam à la frontière nigérienne, et aura ainsi fini l’achèvement de la distance allouée, estimée à 2.315 km, tandis que la partie qui relie l’Algérie à Lagos, au Nigeria, en passant par le Niger, représente l’épine dorsale du projet. Avec une distance de 4.500 km, alors que la distance totale de la route est d’environ 9.900 km, elle est achevée à 80%, selon les déclarations officielles.
Artère purement économique
La raison de l’intérêt algérien pour ce projet africain, tient au fait qu’il est un contributeur majeur à l’activation des échanges commerciaux et des investissements entre l’Algérie et les pays africains, et qu’il constitue une artère économique de très grande importance.
Il s’agit en fait d’un projet pharaonique qui va interconnecter les 6 pays africains ci-haut cités, à savoir (Tunisie, Algérie, Mali, Niger, Tchad et Nigeria).
A noter que l’Algérie aurait changé de cap sur le continent africain, qui est devenu le lieu le plus approprié et le plus peuplé pour exporter ses produits et marchandises, après avoir rencontré des obstacles dans l’accord d’association avec l’Union européenne, et à la lumière de l’invasion des produits asiatiques, en particulier de la Chine et de l’Inde, de la zone d’échange commerciale arabe.
Produits à exporter :
• des matières premières,
• des produits agricoles,
• des fournitures ménagères,
• des équipements électroniques,
• des denrées alimentaires,
• des plastiques,
• des matériaux de construction
• et des produits pharmaceutiques.
Le ministre algérien du Commerce, Kamal Rezik, avait estimé que l’utilisation des zones franches, de la route transsaharienne et des ports du nord permettrait à l’Algérie de porter les échanges commerciaux intra-régionaux avec l’Afrique à près de 52%, contre 16% actuellement.
Le Président algérien en quête de ressources et soutiens financiers
L’Algérie est à la recherche de partenariats et d’opportunités pour financer des projets d’accompagnement de la route transsaharienne, comme l’a révélé la visite du président algérien, Abdelmadjid Tebboune, à Doha, Capitale du Qatar, il y a quelques jours, lorsqu’il a annoncé le début des pourparlers algéro-qatari concernant une contribution qatarie à un projet vital de développement du réseau ferroviaire National, l’étendant jusqu’à Tamanrasset et l’Adrar à l’extrême sud de l’Algérie, et s’étendant vers les pays du Sahel, dont le Niger.
Ces efforts s’inscrivent dans le cadre des promesses électorales que Tebboune a faites lors des élections présidentielles de 2019 aux habitants du sud et de la capitale du Sahara, Tamanrasset (à 1.900 km au sud de la capitale algérienne), alors qu’il annonçait un projet de voie ferrée à grande vitesse qui assurerait le transport vers le nord en quelques heures.
Pour rappel, dans l’un de ses discours de campagne, il avait déclaré: « Je promets de terminer un train express reliant le Nord et le Sud ».
Perspectives algéro-nigérianes relatives au gazoduc
Parallèlement au projet de la route « transafricaine », partant du Nord de l’Algérie pour rejoindre le Sud du Nigeria, les deux pays africains ont décidé d’activer le projet de gazoducs, pour transporter le gaz des champs du nord du Nigeria vers l’Europe, via le Niger et l’Algérie, sur une distance de 4.600 km.
Dans ce contexte, le ministre algérien de l’Energie, Mohamed Arkab, s’est rendu au Niger, le 17 février 2022, où il a signé une déclaration commune, avec ses homologues du Niger et du Nigeria, qui comprend une “feuille de route” pour le développement du gazoduc transsaharien.
“Le programme convenu par les trois responsables est susceptible de donner un nouveau souffle aux relations qui unissent les trois pays dans le domaine de la coopération technique et de renforcer les capacités énergétiques de chacun”, a déclaré le ministre algérien.
Ceci dit, nous pouvons en déduire que le Continent africain, sur lequel sont braqués, de plus en plus, les yeux des grandes puissances, aurait l’intention de saisir sa propre destinée et ne plus se laisser amadouer par elles, tout en boostant son propre développement interafricain et à l’international.
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