Après le divorce malien-français, le gouffre s’élargit et le G5 Sahel se trouve dans une impasse

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Après le divorce malien-français, le gouffre s’élargit et le G5 Sahel se trouve dans une impasse
Après le divorce malien-français, le gouffre s’élargit et le G5 Sahel se trouve dans une impasse

Anouar CHENNOUFI

Africa-Press – Niger. Dans une indifférence presque totale, les quatre membres constitutifs restants du G5 Sahel, notamment la Mauritanie, le Niger, le Tchad et le Burkina Faso, n’ont pas « trop » cherché à ramener au bercail le cinquième membre du groupe, à savoir le Mali, jugé plutôt plus « gênant qu’utile », après qu’il ait claqué la porte à cette institution régionale, au mois de mai dernier, à la suite des dures sanctions qui lui furent imposées par la CEDEAO depuis janvier 2022.

C’est d’ailleurs pour cette raison que les observateurs qui suivent le développement de la situation au Sahel africain posent aujourd’hui une grande question :

• Où va le groupe des cinq ou quatre pays du Sahel au vu du retrait du Mali, après le divorce intervenu entre la République du Mali et la France ?

A noter qu’il s’agit d’un grand conflit qui a été confirmé à être un divorce irréversible à travers plusieurs événements, dont l’approfondissement du partenariat malo-russe après l’acquisition par l’armée malienne d’avions militaires de fabrication russe, ainsi que la position du président du Mali, le colonel Assimi Goïta, lequel a rejeté une médiation proposée par le président sénégalais, également président tournant de l’Union africaine, Macky Sall, pour la réconciliation entre Bamako et Paris.

Le G5 Sahel vers une désintégration ou une expansion ?

Echanges d’accusations et de propos mutuels entre la France et le Mali

Ces mêmes observateurs ainsi que les spécialistes des affaires africaines se demandent également si le groupe sahélien allait se désintégrer pour de bon après le retrait du Mali, et si la France, qui a retiré son dernier soldat du Mali en août dernier, s’éloignera du champ de bataille qui la met face aux groupes armés djihadistes, ou va-t-elle élargir et maintenir son agenda, profitant du fait qu’elle tient à rester dans la région, et ceci est la nouvelle mission du président Emmanuel Macron.

En réponse à toutes ces questions, l’éminent journaliste mauritanien Mahfoudh Ould Salek, chercheur en affaires africaines, a confirmé à travers des médias que : « Les cinq pays du Sahel resteront entre les mains de la France, pour des considérations dont la plus importante est que sa relation avec les quatre pays : la Mauritanie, le Niger, le Burkina Faso et le Tchad est bonne, et que la cohérence restante du groupe sert son agenda, et donc je ne pense pas qu’elle acceptera sa désintégration ».

Il a déclaré également : « Contrairement à la désintégration, la tendance sera d’adhérer au groupe et de chercher à remplacer le Mali par un autre pays, qui peut être le Sénégal ou l’Algérie, ou d’autres, comme elle peut chercher à l’élargir pour inclure plus de cinq des pays. Dans le pire des cas, si le Mali ne revient pas sur sa décision de se retirer, le groupe pourrait simplement devenir un G4 au lieu d’un G5 ».

Le dilemme sécuritaire

Macron déjeunant en compagnie de ses unités au Sahel

Evoquant sa vision des perspectives dans la région du Sahel après les nouveaux développements, Ould Salek a fait savoir que : « Bamako a annoncé, après le retrait de la France du Mali, son ouverture à tous les pays du monde afin de coopérer dans la lutte contre le terrorisme, à condition que la souveraineté du pays, ses options stratégiques et la défense des intérêts du peuple malien soient respectées ».

Par conséquent, on s’attend à ce que le Mali verra la participation de nombreuses parties anti-françaises, qui espèrent obtenir de l’influence dans la région, car le dilemme sécuritaire au Mali est désormais considéré comme la mère des dilemmes dans la région.

Ainsi, la lutte contre le terrorisme permettra aux parties internationales intéressées d’accéder au Niger, au Burkina Faso et au Tchad, mais également à la Côte d’Ivoire, au Togo, au Bénin et au Ghana, car ce sont des pays voisins et figurent sur la liste des menaces terroristes, et lui permettra également de se positionner dans le golfe de Guinée, riche en ressources pétrolières et gazières, pour lequel l’intérêt mondial double actuellement, à la lumière de la guerre russo-ukrainienne.

A propos du rôle de la Mauritanie à cet égard, le journaliste et chercheur en affaires africaines a souligné que : « la Mauritanie est un pays pivot dans la région, et est une porte d’entrée vers l’Afrique de l’Ouest et le Sahel, et c’est ce qui explique une partie de l’intérêt croissant des Européens et des Américains pour le pays ».

Toutefois, la Mauritanie aurait pu jouer un plus grand rôle dans les crises des coups d’État et leurs conséquences au Mali, au Burkina Faso et au Tchad, même si ce qui leur est arrivé n’était pas un coup d’État au sens traditionnel, par conséquent, la Mauritanie a raté l’opportunité d’une présence plus large, et l’opportunité d’une plus grande attention internationale, qui pourrait y remédier en partie si elle change la stratégie du silence et de l’observation de loin.

Il importe également de noter que la Mauritanie tient beaucoup à la survie du groupe Sahel, qui a pris naissance à Nouakchott en 2014, ce qui a été confirmé par le ministre mauritanien des Affaires étrangères Mohamed Salem Ould Marzouk, dans un discours prononcé lors du sommet de Tokyo pour le développement de l’Afrique « TICAD 8 » qui s’est déroulé à Tunis, où il a appelé les pays donateurs à « diversifier et approfondir le partenariat, avec les pays du Sahel en particulier et le continent africain en général, en appui aux efforts de ces pays pour parvenir à la sécurité et à surmonter les obstacles à la mise en place des piliers d’un développement global et équilibré ».

En référence à la préoccupation du gouvernement mauritanien face à la détérioration de la situation sécuritaire au Sahel, Marzouk a souligné que « faire taire la voix des armes et parvenir à la sécurité et à la paix est l’un des objectifs centraux de l’Agenda 2063 ».

Pour rappel, en mai dernier, le président mauritanien Mohamed Ould Cheikh el Ghazouani s’était efforcé de persuader le président malienne de transition, le colonel Assimi Goïta, de revenir sur sa décision de se retirer du G5 Sahel.

En cette occasion, le ministre mauritanien des Affaires étrangères a transmis un message du président mauritanien destiné au président malien, dans lequel il l’appelait à « revenir sur la décision de se retirer du groupe et d’y revenir, soulignant l’importance pour le Mali de rester un membre fondateur, actif et pivot du groupe ».

L’impasse

Le Mali renvoyant la France de sur ses territoires

Tout le monde sait qu’en mai 2022, la République du Mali avait pris la décision de « se retirer du G5 Sahel et de sa force militaire conjointe » de lutte contre les groupes armés, pour protester contre le refus formulé par le groupe pour que le Mali puisse assumer la présidence de cette organisation régionale, qui lui revenait de droit.

Il importe de rappeler aussi que depuis l’éclatement du contentieux malien-français, le groupe G5 Sahel, créé en 2014, et qui a lancé sa force militaire conjointe pour combattre les terroristes en 2017, traverse une impasse que les observateurs et les spécialistes des affaires africaines considèrent comme une impasse longue et confuse.

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