Kamala Harris, un bon deal pour l’Afrique ?

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Kamala Harris, un bon deal pour l’Afrique ?
Kamala Harris, un bon deal pour l’Afrique ?

Aurélie M’Bida

Africa-Press – Niger. La candidate démocrate à la Maison-Blanche avait placé l’Afrique au centre de son discours lors d’une visite historique sur le continent, en mars 2023. Mais les priorités américaines, dont la rivalité avec la Chine, risquent de prendre le dessus. Si elle souhaite vraiment marquer l’Histoire, Kamala Harris devra aller au-delà des slogans et s’engager à long terme dans une relation d’égal à égal avec l’Afrique.

L’exercice ressemble fort à un passage obligé. Mais quand l’affaire concerne les États-Unis, première puissance mondiale, plus grand importateur (et deuxième exportateur) de biens, premier importateur et exportateur de services commerciaux, on conçoit aisément qu’un changement de leadership politique dans ce pays préoccupe la planète entière.

« Quel sera l’impact de l’élection présidentielle de 2024 sur les relations entre les États-Unis et la Chine ? », s’interroge China Briefing. « Le gouvernement brésilien se prépare à une victoire de Trump aux États-Unis », croit savoir O Globo. « Comment les leçons des élections britanniques pourraient-elles aider Kamala Harris à vaincre Donald Trump ? », suppute The Guardian… À l’approche de l’élection qui, le 5 novembre prochain, opposera l’ancien président Donald Trump (républicain) à l’actuelle vice-présidente Kamala Harris (démocrate), l’intérêt de la presse internationale va croissant.

Si l’on se doute du tour que prendraient les relations entre le Nouveau Monde et le berceau de l’humanité si Trump était élu – sous sa présidence, de 2017 à 2021, il a fait preuve d’un désintérêt total pour l’Afrique –, le programme de la candidate Harris en la matière reste, lui, largement méconnu.

Concurrence avec la Chine

Arrivée tardivement dans la course à la Maison-Blanche, après la défection de Joe Biden, à la fin de juillet, l’ancienne procureure générale de Californie a fait de la politique intérieure sa première priorité. Que pense Kamala Harris du continent africain ? En fait-elle une vraie priorité ou bien le fait-elle entrer dans un calcul politique, au moment où la Chine et l’Europe rivalisent pour asseoir leur influence ?

Dans le cadre d’une tournée historique qu’elle avait entreprise en Afrique en 2023, la vice-présidente des États-Unis a bien parlé d’espoir, d’innovation, et, surtout, d’un partenariat économique équitable. « L’Afrique façonne l’avenir du monde », avait-elle affirmé, à Accra, en citant la réussite de M-Pesa au Kenya et celle des drones médicaux du Rwanda. Conviction profonde ou discours opportuniste ?

La rhétorique sur l’importance du poids économique de l’Afrique a sans difficulté pris de l’ampleur sous l’administration Biden, que Kamala Harris sert encore. Lors de ladite tournée africaine, il avait été promis d’affecter 100 millions de dollars aux infrastructures numériques en Afrique de l’Ouest, ou encore 500 millions aux énergies propres. Ces chiffres peuvent paraître impressionnants, mais, si on les compare aux milliards que la Chine investit dans les infrastructures routières ou portuaires sur le continent, ils font ressortir une approche américaine prudente, voire timide.

Les insuffisances de l’Agoa

Vue à travers le prisme de Kamala Harris, l’Afrique est encore trop souvent une périphérie stratégique plutôt qu’un partenaire économique à part entière. Certes, la candidate vante les vertus de la jeunesse et de la démocratie, mais ses annonces semblent avant tout destinées à servir les intérêts des États-Unis, notamment pour contrer directement le concurrent chinois. L’étendue et l’impact des initiatives de Washington n’en demeurent pas moins limités.

Quoi qu’il en soit, si Kamala Harris était élue présidente des États-Unis, il faudrait s’attendre à un changement de ton. Dans le discours qu’elle avait prononcé au Ghana, elle avait souligné que les investissements américains ne visaient pas à « exploiter » les ressources du continent mais à créer des opportunités pour les Africains eux-mêmes. Des mots forts, qui tranchent avec l’histoire des relations, souvent déséquilibrées, entre l’Afrique et l’Occident.

L’Agoa en est un parfait exemple. Cet accord de libre-échange que les États-Unis ont signé avec le continent africain est, à bien des égards, insuffisant. Peu de pays en bénéficient pleinement. Le soutien que Kamala Harris a exprimé lors de sa visite au Ghana semblait sincère. Reste à voir si, une fois parvenue au pouvoir, elle perpétuera la politique américaine en Afrique: de belles déclarations, pour des résultats en demi-teinte.

Source: JeuneAfrique

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