La Transsaharienne : Flambeau d’une future croissance pour l’Algérie, la Tunisie, le Niger, le Mali, le Tchad et le Nigeria

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La Transsaharienne : Flambeau d’une future croissance pour l’Algérie, la Tunisie, le Niger, le Mali, le Tchad et le Nigeria
La Transsaharienne : Flambeau d’une future croissance pour l’Algérie, la Tunisie, le Niger, le Mali, le Tchad et le Nigeria

Anouar CHENNOUFI

Africa-Press – Niger. Nous revenons encore une fois sur la fameuse route de l’Unité africaine, notamment la Transsaharienne « Alger – Lagos », longue de 9.400 km, qui sillonne le continent africain du nord jusqu’en Afrique de l’Ouest pour venir se déverser au quai du port de Lagos, au Nigeria.

Les autorités algériennes, initiateurs de l’idée, ont placé le mégaprojet de la « Route transsaharienne », considéré comme le « projet du siècle » pour l’Afrique, parmi leurs priorités économiques au niveau régional, et poussé l’accélération de sa mise en œuvre pour être opérationnelle très prochainement, après un retard de plusieurs décennies en raison de problèmes sécuritaires et financiers.

A cet effet, des consultations ont été activées puis réactivées avec les cinq pays qui y participent, à savoir la Tunisie, le Niger, le Mali, le Tchad et le Nigeria, qui attendent l’étape de la gestion économique du projet pour la circulation des personnes et les échanges commerciaux, sachant que cette route couvre, outre l’Algérie et la Tunisie, quatre capitales de pays du Sahel et d’Afrique sub-saharienne (Niger, Mali, Tchad et Nigeria).

Pour ainsi dire, ce projet touche donc à sa phase finale, malgré qu’un défi majeur de sa maintenance se profile tout de même à l’horizon, une question qui sera certainement résolue plus tard, car il y a l’idée de création d’une société mixte pour effectuer l’entretien périodique de la route, avec la possibilité de l’opérer sur un système de paiement pour couvrir les dépenses.

Parole aux gens de la profession

Albéric Houssou, responsable du projet au Niger pour le compte de la Banque africaine de développement (BAD), sur l’avancement de la Route transsaharienne, a confié que : « Le tronçon de la route transsaharienne en territoire nigérien progresse bien, avec 1.890 km sur une longueur totale d’environ 1.950 km en cours de bitumage, soit l’équivalent à 97 pour cent des travaux ».

Il a assuré qu’ « Avec près de 100 % de préparation des routes et 60 % d’asphaltage, ainsi que la réouverture de la frontière algéro-nigérienne en 2021, l’intérêt des résidents et des transporteurs augmente, le temps de trajet a diminué et de nouvelles opportunités économiques ont été ouvertes aux citoyens de la région, zone d’impact du projet ».

Houssou a indiqué : « Nous avons également constaté une augmentation du trafic à la frontière tchado-nigérienne, qui s’explique par le rôle de pays de transit que joue désormais le Niger pour l’approvisionnement du Tchad depuis l’Algérie et le Nigeria », notant entre-autres que « les travaux de préparation liés au projet représentent environ 20% et visent à améliorer la vie des populations dans les zones couvertes par ce projet ».

Il importe de souligner que la route transsaharienne est l’un des passages les plus importants à travers le continent africain, qui retient l’attention de la Commission de l’Union africaine, car elle va être l’épine dorsale du développement continental.

Décompression de l’isolement géographique tout le long de la Transsaharienne

De son côté, la Banque africaine de développement a confirmé, au sujet de l’état d’avancement des travaux de la route transsaharienne au niveau de la République du Niger, que cette route reliant l’Algérie à Lagos, « est entrée dans sa phase finale d’achèvement ».

En effet, la banque a indiqué dans sa dernière publication que la route transsaharienne est entrée dans sa phase finale d’achèvement, sachant que ce grand projet revêt une grande importance dans le cadre de la matérialisation de la zone de libre-échange africaine, dont la longueur tourne autour d’un peu moins de 10.000 km.

Dans ce contexte, il faut savoir que l’Algérie a alloué une enveloppe financière estimée à 2,6 milliards de dollars pour la route transsaharienne, afin d’éliminer l’isolement imposé par la géographie à certains pays, et que 2.315 km traversent le territoire algérien.

Décrit comme étant la « Route de l’unité africaine », ce projet compte beaucoup pour l’Algérie qui vise derrière son ouverture de faciliter l’accès direct aux principaux ports de la Méditerranée afin de renforcer les échanges entre l’Afrique et l’Europe, en mettant l’accent sur l’importance de mobiliser le financement et les investissements nécessaires pour compléter toute l’infrastructure, ainsi que pour maintenir ce qui a été réalisé à partir de cette route transsaharienne.

Selon les experts, la route transsaharienne est le plus grand projet structuré en Afrique, reliant six pays répartis sur trois des huit groupes économiques du continent, pariant à travers elle sur le doublement des échanges commerciaux par voie terrestre et la réduction des coûts de transport, et ils s’attendent à ouvrir de nouveaux horizons au Tchad, au Mali et au Niger pour accéder aux ports tunisiens. Et la compagnie algérienne a un gros potentiel, notamment avec l’exploitation rapprochée du port d’Hamdaniya* en Algérie.

* Hamdaniya : Il s’agit d’un port en eau profonde en Algérie, en cours de construction à Cherchell dans la wilaya de Tipaza, lancé en 2015. Ce projet a été reporté après que les études de réalisation fussent jugées insuffisantes et que des suspicions de corruption aient bruité. Le projet a été relancé de nouveau en 2020 par les autorités algériennes. Il sera réalisé par un financement mixte algéro-chinois.

Ce que l’Algérie attend de plus de la Transsaharienne

L’Algérie a changé sa boussole vers le continent africain, et ceci est devenu une réalité qui frappe aux yeux. Pour ce pays d’Afrique du nord, le continent est devenu l’endroit le plus approprié pour exporter ses produits et matières premières, après avoir rencontré des obstacles dans l’accord de partenariat avec l’Union européenne, et à la lumière de l’invasion des produits asiatiques, en particulier de la Chine et de l’Inde, dans la zone d’échange commerciale interarabe.

Dans ce contexte, une analyse divulguée par le Professeur d’économie à l’Université de Sétif, « Fares Habash », met l’accent sur le fait que la route transsaharienne revêt une importance stratégique pour l’Algérie, autant que pour le reste des pays qu’elle traverse, en facilitant les mouvements économiques et les échanges commerciaux.

Il a souligné que cette route est considérée comme un corridor économique et un débouché important pour l’Algérie pour distribuer ses produits agricoles, notamment, dans la profondeur africaine même, surtout avec la présence de la demande des marchés africains pour ces produits.

Ainsi, en pesant de tout son poids dans l’achèvement de la route transsaharienne, l’Algérie vise à réduire la dépendance aux hydrocarbures et à l’économie rentière dont elle est l’otage depuis des décennies, et fait également partie du plan économique que le pays s’est fixé pour la période à venir.

Par ailleurs, on juge que l’importance économique de la route coïncide avec son importance sur le plan politique, et ce, compte tenu des accords gaziers conclus par l’Algérie avec les pays européens, du fait que l’Algérie et le Nigeria sont deux pays centraux dans le projet et travaillent à le relier au gazoduc transsaharien qui garantira l’acheminement du gaz nigérian vers l’Europe, sachant que la grande menace russe résultant de la guerre russo-ukrainienne a mis l’occident sur le « qui-vive ».

Selon le Professeur Habash, « l’un des avantages de la route est également d’ouvrir la voie au flux des investissements algériens vers les pays du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest, notamment dans les domaines de l’énergie, des services et des industries alimentaires, dans lesquels l’Algérie dispose de potentiels et de composantes.

Sans oublier que les pays africains possèdent de leur côté des matières premières encore inexploitées, ce qui ouvre la porte aux institutions algériennes pour en bénéficier dans le cadre du développement de leurs capacités industrielles ».

L’entrée en vigueur de l’accord de libre-échange entre les pays africains fin 2020

L’Algérie parie sur cette route pour relier ses ports du nord au cœur même de l’Afrique, dans le but d’augmenter les revenus, d’améliorer les taux de croissance et de créer des opportunités d’emploi non seulement pour l’Algérie, mais aussi pour les pays traversés par la route qui ouvre également de nouveaux horizons dans les pays sahéliens dans l’objectif d’accéder aux ports algériens et bénéficier de leurs services, notamment avec la mise en œuvre prochaine du port de Hamdaniya à Cherchell, qui sera un port de transit et d’expédition entre l’Afrique et l’Europe.

A ce propos, Kamal Rezig, Ministre du commerce de janvier 2020 à mars 2023 puis Conseiller du président Abdelmadjid Tebboune depuis le 18 mars 2023, a estimé que l’utilisation des zones franches, de la route transsaharienne et des ports du nord permettrait à l’Algérie de porter les échanges commerciaux intra-africains à environ 52%, contre 16% actuellement.

Avis de certains ministres des pays concernés

Lors des travaux de la 73ème session du Comité de raccordement routier transsaharien tenu en Algérie au courant du mois de juillet 2022, sous la présidence du ministre algérien des Travaux publics, Kamel Nasseri, et auxquels ont participé les ministres des pays concernés de Tunisie, du Mali, du Niger, du Nigeria et du Tchad, ainsi que des institutions financières nationales et internationales, il a été révélé l’avis des différentes parties concernées par le projet.

• Nasseri a annoncé que le pourcentage des travaux liés à son achèvement a atteint des stades avancés, et avoisine les 90%, tout en ajoutant que la route transsaharienne de prés de 10.000 kilomètres est l’une des réalisations importantes qui ont été faites, d’autant plus qu’elle s’inscrit dans le cadre d’un projet qui illustre la coopération et la coordination entre les pays africains pour atteindre des objectifs communs qui apporteront beaucoup de bien à la région.

• La ministre tunisienne de l’Equipement et de l’Habitat, Sarra Zaâfrani Zanzri, a confirmé également que son pays « travaille à faire du corridor une voie économique entre les pays membres pour améliorer et booster l’investissement dans le cadre du développement économique et de l’intégration régionale ».

Zanzri a fait noter que la Tunisie a déjà achevé, pour sa part, l’achèvement de la partie de la route transsaharienne qui lui appartient, d’une longueur de 698 km, et travaille actuellement au doublement de certaines parties.

• Pour sa part, le ministre nigérian des Travaux publics, Mukhtar Garsamo, a expliqué que donner au projet de la route transsaharienne une dimension économique est ce qui en fait le premier maillon de l’intégration économique africaine, ajoutant que cette route sera la première étape pour de nombreux projets dans le futur.

Dans ce sens, nous pouvons conclure en assurant que la Transsaharienne sera une grande réussite pour :
• réaliser l’intégration entre les pays du continent africain,
• faire des frontières un pont pour les échanges commerciaux,
• faciliter les mouvements de circulation entre ces pays,
• développer et faire progresser la route,
• et surtout en faire un corridor économique par excellence.

Appui médiatique

Vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=nyxiAfB6M6c

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