Africa-Press – Niger. A l’occasion de la célébration du 4ème anniversaire de la création du Groupe des cinq pays du Sahel, le dimanche 19 décembre dernier, le président de la République du Tchad, Mahamat Idriss Deby, également « Président périodique » du Groupe du Sahel, a mis en garde contre « la transformation de la région du Sahel africain en une arène d’interaction internationale et en une arène de conflits d’influence entre les grandes puissances mondiales ».
Cette mise en garde, s’inscrit dans le cadre d’un discours que Deby a prononcé à l’occasion de cette commémoration qui rappelle la signature du Groupe du Traité du Sahel par les cinq pays concernés « la Mauritanie, le Mali, le Tchad, le Niger et le Burkina Faso », précisément le 19 décembre 2017.

Le président tchadien a tenu à tirer la sonnette d’alarme sur « les troubles et l’insécurité qui menacent la région du Sahel, si la situation n’est pas remise en cause par la mise en place d’une coordination militaire et sécuritaire renforcée et surtout appuyée au niveau international, ce qui permettra à la force conjointe du Groupe du Sahel de remplir convenablement sa mission ».
Deby n’a pas hésité à lancer un message clair à la communauté internationale : « Ô puissances mondiales, vous devez réaliser profondément que la côte africaine appartient aux peuples du Sahel, tout comme l’Afrique appartient aux Africains », ajoutant également : « Les amis du Sahel doivent être soucieux de soutenir les pays du Sahel et la force militaire conjointe des pays du Sahel conformément aux aspirations des peuples du Sahel. Ce n’est qu’ainsi que nous pourrons réaliser ce à quoi nous aspirons en établissant la sécurité et la stabilité dans une région secouée par la tourmente depuis des décennies. »
Le Président du Tchad et président actuel du G5 Sahel a souligné entre-autres que : « Le G5 Sahel poursuit sa bataille pour la réalisation de son plan stratégique fondé sur la dualité – développement et sécurité – qui se met en œuvre en termes de sécurité, à travers la force militaire conjointe, et en termes économiques et sociaux, à travers le programme des investissements prioritaires».

Il importe de préciser que ce quatrième anniversaire est arrivé à un moment où ni le Sahel ni ses alliés occidentaux, qui sont « piégés » dans ce dossier, et qui luttent pour l’influence dans la région, n’ont pu instaurer la sécurité dans le Sahel ou éliminer les opérations armées au Mali, au contraire, les opérations terroristes se sont étendues vers le Niger, le Burkina Faso, le Bénin et même la Côte d’Ivoire.
Pour sa part, la ministre fédérale allemande de la Défense, Christine Lambrecht, a annoncé que son pays n’excluait pas de transférer ses forces militaires du Mali vers un autre pays plus sûr en cas d’intensification du danger, ajoutant que la sécurité des soldats est sa première priorité.
A noter que la République Fédérale d’Allemagne a envoyé environ 1.500 soldats au Mali dans le cadre des missions de maintien de la paix des Nations Unies et de l’Union européenne, pour former les forces maliennes.

Il importe également de rappeler que la ministre, qui a pris ses fonctions au cours de ce mois de décembre 2021, au sein du gouvernement du nouveau chancelier allemand Olaf Scholz, a déclaré dans un communiqué : « Il faut désormais envisager la possibilité de former les militaires maliens au même niveau, voire même à un meilleur niveau, dans un autre endroit plus sûr pour les forces allemandes ». Le plus grand obstacle auquel le groupe du Sahel pourrait bien être confronté est l’orientation continue du gouvernement malien vers une alliance avec la Russie et le remplacement des forces françaises par des éléments du groupe russe Wagner, qui est rejeté par la France et combattu par les États-Unis d’Amérique. Le président français, Emmanuel Macron, a annulé une visite qu’il devait effectuer à Bamako, capitale du Mali, à la suite d’une réunion du Conseil suprême de la défense de la France.
Bien que la justification officielle de la décision d’annuler la visite soit, selon le communiqué français, des « raisons de santé », des sources privées dans la capitale malienne ont confirmé que l’annulation par Macron de sa visite à Bamako était due à un différend avec le gouvernement de Bamako sur le cadre et le contexte de la visite, alors que le chef de la junte militaire au pouvoir au Mali, Assimi Goïta, a émis une proposition de Macron de transférer la réunion du « bilatéral au multilatéral », de sorte que le président ghanéen Nana Akufo-Addo, le président tournant de la Communauté économique de l’Ouest Africa (CEDAW) et le président tchadien Mahamat Idriss Deby, président tournant du Groupe 5 Sahel, soient présents, soulignant dans ce sens qu’il n’y a de tutelle pour aucune partie sur la politique du Mali, les relations étrangères ou les options souveraines.

Dans un contexte connexe, Antony Blinken, le secrétaire d’État américain, a mis en garde contre ce qu’il a appelé « des conséquences financières et une situation instable qui est mouvementée depuis des années au Mali, si le gouvernement de Bamako poursuit sa tendance à souscrire des éléments des mercenaires russes Wagner ».
Blinken a souligné également que : « Les autorités de transition au Mali ne devraient pas gaspiller la richesse du Mali en l’hypothéquant à des agendas étrangers qui sont inutiles pour le peuple malien pauvre… Le partenariat entre le gouvernement malien et les mercenaires de Wagner pourrait coûter à la République du Mali dix millions de dollars chaque mois, et cet argent devrait être consacré au développement du Mali », a-t-il indiqué.
Anouar CHENNOUFI
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