Anouar CHENNOUFI
Africa-Press – Niger. L’importance stratégique du Niger compte tenu de sa richesse minière, qui couvre 12 % des besoins des pays de l’Union européenne, en plus de ce que détient le Niger en termes de réserves pétrolières, et de la croissance des opérations terroristes dans le pays au cours des années 2020-2021, qui ont porté particulièrement sur les frontières maliennes-nigériennes, ainsi le parlement nigérien a voté en avril 2022, à la majorité absolue, une loi permettant le déploiement de nouvelles forces étrangères dans le pays .
Il y a aussi une explication liée au choix du Niger comme état-major du stationnement des forces européennes, qui est que Berlin possède un centre stratégique au Niger, représenté par la base de transport aérien de Niamey, et que l’Italie et le Canada forment des forces spéciales. En plus de la crainte des pays européens de l’expansion des migrants et des personnes déplacées du Niger vers les pays européens à la lumière des menaces sécuritaires croissantes et de l’insécurité alimentaire.
Il ne faut pas oublier que le Niger fait face à deux fronts jihadistes : • Dans le Sud-Est proche du Nigeria, où agissent le groupe nigérian Boko Haram et Daech en Afrique de l’Ouest (Iswap), sa branche dissidente,
• et dans sa partie Ouest, proche du Mali, cible de groupes affiliés à Daech et à Al-Qaïda. Ces mouvements jihadistes ont recruté « beaucoup de jeunes nigériens », selon des sources sécuritaires.
Donc, Pour mieux comprendre la menace terroriste au Niger, il est important de pouvoir identifier les individus présumés terroristes, mais aussi les groupes terroristes opérant sur le territoire nigérien. La connaissance des causes de la radicalisation est aussi une composante fondamentale de la lutte contre le terrorisme.
Sécurité : s’équiper pour mieux défendre la Nation
Avion C-130 Hercules
Plusieurs hauts responsables de l’armée nigérienne se sont retrouvés sur le tarmac de la base aérienne de la capitale, Niamey, au début du mois de janvier 2023, pour accueillir un avion militaire type C-130 Hercules, cadeau des États-Unis, sachant qu’il s’agit du troisième avion du même type (le premier reçu en 2015 et le second au cours du dernier trimestre 2021) offert par les Américains au Niger, un pays qui est récemment devenu un allié fidèle de l’Occident dans la guerre contre le terrorisme dans la région du Sahel africain.
A ce propos, les services de l’ambassade des États-Unis à Niamey ont déclaré que la valeur totale des trois avions s’élève à 80 millions de dollars. Auparavant, les Américains avaient dépensé 50 millions de dollars pour construire une base aérienne pour Drones, au milieu du désert du Niger, à partir de laquelle des drones sont lancés, certains en mission de reconnaissance pour détecter les emplacements des groupes terroristes, et d’autres porteurs de missiles.
Présence de soldats américains sur le territoire nigérien ?
On croit savoir que des rapports ont parlé de centaines de militaires américains au Niger, dans le cadre de missions d’entraînement et d’encadrement, fournissant parfois un soutien logistique et de renseignement aux forces locales combattant des groupes d’« Al-Qaïda » et de « Daech » aux frontières avec le Mali et le Burkina, et contre le groupe de « Boko Haram » aux frontières avec le Tchad et le Nigeria, et font face également à la menace de la criminalité transfrontalière et des réseaux de contrebande aux frontières avec la Libye et l’Algérie.
Dans ce contexte, le président du Niger, Mohamed Bazoum, a déclaré fin janvier dernier que son pays est situé en plein cœur de « l’ouragan terroriste ».
Cependant, les experts estiment que la situation géographique difficile du Niger peut se transformer en avantage, alors que les pays occidentaux cherchent à aider le Niger contre cet ouragan, empêchant ainsi « Al-Qaïda » et « Daech » de mettre en œuvre leurs plans pour frapper la l’Afrique en profondeur.
C’est ainsi que le pari occidental sur le Niger a commencé, à un moment où le Mali et le Burkina Faso, ses deux voisins, s’orientaient de plus en plus vers une alliance avec la Russie.
Présence de militaires français au Niger
Il faut reconnaître que les autorités nigériennes s’intéressent à cette alliance, et ont reçu même les 1.500 soldats français qui ont été expulsés par son voisin le Mali l’année dernière, et dans quelques semaines, elles s’apprêtent à recevoir des centaines de soldats français après que son autre voisin le Burkina Faso les a mis « à la porte », du fait que son gouvernement ait confirmé, le lundi 23 janvier 2023, la résiliation de l’accord militaire qui permettait aux forces françaises de combattre les groupes armés dans le pays, après lui avoir fixé un ultimatum d’un mois pour se retirer complètement.
Cela porte donc à plusieurs milliers le nombre de forces françaises repositionnées au Niger, et elles disposent d’une base militaire importante dans la capitale, Niamey, tandis que des forces venues du Canada, d’Italie, de Belgique et d’Allemagne supervisent des programmes de formation des forces spéciales au Niger.
Suite à cela, le gouvernement nigérien a affirmé que tout cela a permis à son armée de réaliser quelques gains sur le terrain, sachant que le président Bazoum a déclaré la semaine dernière que la situation sécuritaire « s’améliorait lentement mais sûrement ». Peut-on
parler de restructuration sécuritaire et militaire au Niger ?
Armée nigérienne
Les autorités nigériennes tentent toujours d’apporter des améliorations structurelles à son système sécuritaire et militaire, puisqu’elles ont lancé il y a deux ans un plan visant à doubler les effectifs de ses forces armées de 25.000 à 50.000 éléments d’ici cinq ans, et en effet, il y a quelques jours, elles ont commencé à mobiliser un millier de militaires et gendarmes qui avaient pris leur retraite il y a moins de 5 ans, pour soutenir les « forces défensives et sécuritaires actives sur le terrain », et relevé l’âge de la retraite des « sous-officiers ».
Par ailleurs, alors que le soutien militaire et sécuritaire reçoit beaucoup d’attention, l’Occident essaie de se tenir aux côtés du Niger dans sa poursuite du développement, qui est classé comme l’un des pays les plus pauvres du monde, bien qu’il soit l’un des pays les plus riches du monde en uranium, et souffre comme le reste des pays du Sahel de la propagation de la corruption, ce qui constitue une menace pour la stabilité politique du pays. Par conséquent, l’Union européenne apporte un soutien annuel au budget de l’État, qui s’élève cette année à près de 50 millions d’euros.
Cependant, le pari occidental sur le Niger dans sa guerre contre le terrorisme, et face à l’influence croissante de la Russie en Afrique, fait face à de grands défis, dont le plus important est la colère de la rue contre les anciennes puissances coloniales, en particulier la France, comme des manifestations ont souvent lieu au Niger contre la présence militaire française dans le pays, qui sont des manifestations similaires à celles qui ont eu lieu au Mali et au Burkina Faso, et qui ont finalement abouti à l’expulsion des Français dans les deux pays.
Aux côtés de ses voisins, notamment le Mali et le Burkina Faso, l’Etat du Niger lutte pour réprimer les insurgés liés à Al-Qaïda et à Daech qui mènent des raids et contrôlent des pans entiers de territoires dans la vaste région du Sahel africain.
Dans cette lutte antiterroriste, qui passe nécessairement par la compréhension de la doctrine des groupes terroristes, il est primordial de savoir :
• Qui sont ces présumés djihadistes,
• D’où viennent-ils?
• À quel mouvement ou courant religieux appartiennent-ils?
C’est pour cela que BAZOUM compte vraiment faire BOUM !
Le Président Mohamed Bazoum
Il importe de rappeler que le phénomène du terrorisme dans la région du Sahel africain reste l’un des défis et menaces transfrontaliers les plus importants auxquels la région entière est confrontée, d’autant plus que cette dernière est l’une des régions les plus touchées par les pratiques de groupes et organisations armés dans le monde, ce qui a conduit à l’instabilité que connaissent ces pays, d’autant plus que ses caractéristiques géographiques complexes rendaient difficile le contrôle des frontières « facilement pénétrables » compte tenu des relations entre organisations terroristes, milices armées et gangs criminels, en particulier dans le trafic d’êtres humains et le trafic d’armes et de drogue.
A noter également que les effectifs de l’armée sont passés d’un peu moins de 10.000 en 2011 à plus de 30 000 aujourd’hui, et Mohamed Bazoum a annoncé le 25 février de l’an dernier sa volonté de porter ce nombre à 50.000 d’ici à 2025
Bazoum, alors ministre de l’Intérieur et membre du Conseil national de sécurité (CNS), et qui accéda à la tête de l’État, souhaite notamment prendre exemple sur la Garde nationale (GNN), une unité placée sous le commandement du ministère de l’Intérieur. Il aurait en tout cas tendance à cultiver sa proximité avec ses anciens fidèles de l’Intérieur, pour réaliser cet objectif.
Sous la menace terroriste au Niger : Vidéo (témoignages) https://www.arte.tv/fr/videos/112380-000-A/sous-la-menace-terroriste-au-niger/
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