Quand le Niger devient un centre d’intérêts occidentaux comme partenaire sécuritaire et économique

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Quand le Niger devient un centre d'intérêts occidentaux comme partenaire sécuritaire et économique
Quand le Niger devient un centre d'intérêts occidentaux comme partenaire sécuritaire et économique

Anouar CHENNOUFI

Africa-Press – Niger. Depuis prés de 13 ans, le Niger se présente comme une oasis de stabilité en plein cœur d’une région en crise et comme un partenaire fiable pour les pays européens qui redoutent que cette flambée de violence ne nuise à leurs intérêts économiques et n’exacerbe davantage encore la vague migratoire d’Afrique vers l’Europe.

Dans ce contexte, ce pays sahélien a pu profiter de l’aide occidentale pour renforcer sa puissance militaire, et son dynamique président « Mohamed Bazoum » a déclaré fin mai 2023 que le phare de la démocratie et de la stabilité qu’il dirige veut renforcer ses partenariats avec le Royaume-Uni, ainsi que d’autres puissances occidentales.

Le Niger un pays sahélien choyé par l’Occident

L’État du Niger, ce pays situé dans le Sahel africain, au milieu d’une région dominée par des conflits violents, des rébellions extrémistes, des mercenaires russes « Wagner » et des régimes militaires instables, est devenu un centre d’intérêts occidentaux en tant que partenaire sécuritaire et économique.

Toujours dans le même contexte, le secrétaire d’État américain Anthony Blinken s’était rendu dernièrement dans le pays, et le secrétaire à la Défense Lloyd Austin devrait également s’y rendre, sachant que le président du Niger, Mohamed Bazoum, a rencontré Emmanuel Macron à Paris et a été parmi les rares chefs africains de haut niveau de pays non membres du Commonwealth à assister au couronnement du roi Charles à Londres.

Ainsi, lors d’un point de presse, Bazoum n’a pas caché les problèmes auxquels son pays est confronté, notamment la menace du groupe paramilitaire privé russe « Wagner », la poussée des groupes armés alimentée par la crise climatique actuelle, tout en formulant la nécessité d’attirer les investissements étrangers afin d’améliorer l’éducation et la création d’emplois, et de fournir plus d’efforts pour renforcer les relations avec l’Occident et la Grande-Bretagne.

Les Etats-Unis : un intérêt plutôt grandissant envers le Niger… Pourquoi ?

Dans une évolution remarquable dans le cours des relations bilatérales entre le Niger et les États-Unis depuis l’indépendance du Niger le 3 août 1960, le secrétaire d’État américain Anthony Blinken s’était rendu au Niger le 16 mars 2023, et au cours de cette visite il avait rencontré le président Mohamed Bazoum et le ministre des Affaires étrangères, Hasoumi Messaoudou à Niamey, avec lesquels il avait discuté des moyens de renforcer le partenariat entre les États-Unis et le Niger dans les domaines de la diplomatie, de la démocratie, du développement, de la défense et des efforts de lutte contre le terrorisme ciblant ce que les États-Unis prétendent être des extrémistes islamiques au Niger et dans la région du Sahel à plus grande échelle.

Blinken avait également impliqué des jeunes issus des zones de conflit au Niger ayant suivi le programme de Désarmement, Démobilisation, Réintégration et Réconciliation (DDRR), et ce afin de connaître leurs contributions à la paix au Niger.

Le Secrétaire américain avait abordé également la question de renforcer la coopération au sommet des dirigeants américains et africains en matière de paix, de sécurité, de gouvernance mondiale et régionale et de crise climatique.

Pars ailleurs, Anthony Blinken avait mis en garde contre l’influence maligne du groupe Wagner, déclarant à ce propos « Nous avons déjà assisté à des fins désastreuses dans les domaines de l’existence de Wagner : où de mauvaises choses se sont produites qui étaient inévitables ».

A noter que de nombreux pays africains soulignent que la Russie a profité du manque d’engagement de l’Occident envers le continent, selon le secrétaire d’État américain qui a mis en avant une série d’initiatives, dont une aide humanitaire d’une valeur de 233 millions de dollars aux pays du Sahel, tout au long de l’année 2023. Il a également parlé d’un accord de sécurité « global », qui met également l’accent sur :
• la bonne gouvernance,
• le développement,
• la création d’opportunités
• et la réponse aux besoins de la population.

Selon l’émissaire américain, cette aide humanitaire apportera un soutien vital aux réfugiés et autres personnes touchées par le conflit et l’insécurité alimentaire.

A ce propos, il se trouve que le Niger soit le plus grand bénéficiaire de l’assistance militaire du Département d’État en Afrique de l’Ouest et le deuxième pays d’Afrique subsaharienne le mieux classé dans le monde.

En plus, pour les États-Unis, le Niger est sur la première ligne de front africaine qui fait face aux éléments d’« Al-Qaïda et Daech », d’autant plus que « le Burkina Faso et le Mali voisins » ont subi des attentats terroristes dans la période récente. C’est pourquoi les États-Unis s’étaient engagés à former les forces nigériennes afin d’affronter les combattants de ces deux organisations terroristes.

Autrement dit, le discours américain envers le Niger peut être compris dans le contexte de la stratégie de discrimination, dans laquelle il tente de distinguer sa présence de celle d’autres puissances, et de développer la profondeur de ses relations avec d’autres pays, ce qui augmente la zone de sa présence, mais n’abandonne pas ses alliés traditionnels.

Cette stratégie est utilisée lorsque la concurrence s’intensifie avec l’augmentation du nombre d’acteurs internationaux dans une zone, et en présence de ressources et de contextes qui peuvent être utilisés pour servir de nouveaux objectifs. Il s’agit essentiellement d’une stratégie économique, généralement utilisée dans des contextes politiques.

L’obsession et les ambitions des Russes de Wagner

Il importe de reconnaître qu’avec sa superficie cinq fois plus grande que celle du Royaume-Uni, et sa population qui compte 27 millions d’habitants, le Niger est riche en minerais et produit 7 % de l’approvisionnement mondial en uranium.

Il ne faut donc pas oublier la célèbre et fausse affirmation des États-Unis et du Royaume-Uni, à la veille de l’invasion de l’Irak, selon laquelle Saddam Hussein cherchait à obtenir de l’uranium du Niger pour développer un programme d’armes de destruction massive.

Ni le groupe Wagner, appartenant à l’allié de Vladimir Poutine, Yevgeny Prigozhin, qui est fortement impliqué dans des entreprises commerciales lucratives en Afrique en plus de sa présence militaire étendue sur place. Une partie du produit de ces projets sert à financer ses opérations militaires actuelles en Ukraine, dont le coût est estimé à 100 millions de dollars (80 millions de livres sterling) par mois.

Wagner s’est également implanté chez les voisins du Niger – en Libye, où il s’est emparé d’intérêts pétroliers, et au Mali, où son arrivée à l’invitation du régime militaire a entraîné le retrait des forces françaises, britanniques et occidentales.

Quand l’Europe et les Etats-Unis coopèrent avec le Niger même contre le terrorisme

Alors que le soutien militaire et sécuritaire reçoit beaucoup d’attention, l’Occident essaie de se tenir aux côtés du Niger dans sa poursuite du développement, qui est classé comme l’un des pays les plus pauvres du monde, bien qu’il soit l’un des pays les plus riches du monde en uranium, et souffre comme le reste des pays du Sahel de la propagation de la corruption, qui constitue une menace pour la stabilité politique du pays, c’est d’ailleurs pour cette raison que l’Union européenne a décidé en janvier 2023 d’apporter un soutien annuel au budget de l’Etat, qui s’élève cette année à près de 50 millions d’euros.

Le président du Niger, Mohamed Bazoum, avait déclaré au début de l’année en cours que son pays est au cœur de « l’ouragan terroriste ». Cependant, les experts estiment que la situation géographique difficile du Niger peut se transformer en avantage, alors que les pays occidentaux cherchent à aider le Niger à déflagrer cet ouragan, et empêcher ainsi les organisations « Al-Qaïda » et « Daech » de mettre leurs plans en exécution pour frapper les profondeurs africaines.

Ainsi, le pari occidental (Etats-Unis et Europe) sur le Niger a commencé, au moment où le Mali et le Burkina Faso, ses deux voisins, ont décidé de faire appel au soutien de la Russie.

Bazoum n’a qu’une idée en tête : faire du Niger un grand pays au Sahel

« Il ne fait aucun doute que Wagner a une présence très remarquée dans notre région. Il est présent en Libye, qui est toujours instable et d’où des armes ont été envoyées aux terroristes d’autres pays depuis la chute de Mouammar Kadhafi », a déclaré le président Mohamed Bazoum, lors d’une visite à Londres.

S’il salue les aides économiques pour aider son pays à relever tous les défis qui se dressent devant lui, le président nigérien a tenu à souligner le grand besoin d’investissements occidentaux. Il a déclaré dans ce contexte : « Ils nous disent de nous méfier des investissements chinois. Mais pourquoi ne voyons-nous pas plus d’investissements de pays comme la France et la Grande-Bretagne ? Ce sont eux qui ont des liens historiques avec l’Afrique, pas les Chinois.

Cependant, ce sont bien les investissements Chinois qui sont présents au Niger, où les investissements occidentaux sont en partie absents. Le président Bazoum a ajouté que le Niger est en train de renforcer ses relations avec le Royaume-Uni, en assurant dans ce sens : « Ils nous décrivent comme un pays francophone, mais ces étiquettes sont anciennes. Le monde change et ce qui se passe sur un continent affecte le reste. Nous devons donc construire des relations solides afin de protéger l’avenir du Niger et de toutes ses générations actuelles et futures ».

Néanmoins, les changements climatiques en Afrique affectent tous les pays africains, dont évidemment le Niger : « Ce qui arrive à l’environnement est un grave problème, a déclaré M. Bazoum. Les nomades voient leur nourriture et leur bétail disparaître. Ils sont dans une situation vulnérable et les groupes armés pourraient venir profiter de cette situation et tenter de recruter des hommes, notamment les jeunes. Il y a bien sûr les terribles difficultés qui frappent la vie des familles à la lumière du changement climatique ».

Il importe de noter que le Niger est l’un des pays les plus touchés par la crise climatique en Afrique de l’Ouest. Les températures au Sahel augmentent une fois et demie plus vite que partout ailleurs dans le monde. Le cycle de précipitations irrégulières et de sécheresse a anéanti environ 15 % de ses terres arables. Il s’agit là de l’un des défis majeurs que le président nigérien compte bien relever.

Appui médiatique
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