TCHAD / NIGER : Le Togo « concurrent » de ces 2 pays sahéliens pour accueillir les forces françaises retirées du Mali ?

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TCHAD / NIGER : Le Togo « concurrent » de ces 2 pays sahéliens pour accueillir les forces françaises retirées du Mali ?
TCHAD / NIGER : Le Togo « concurrent » de ces 2 pays sahéliens pour accueillir les forces françaises retirées du Mali ?

Anouar CHENNOUFI

Africa-Press – Niger. Le Togo semble probablement vouloir devenir un « concurrent » du Tchad et du Niger pour accueillir les forces françaises dont le redéploiement est prévu après leur retrait du Mali.

L’affaire divise le Togo en raison de la multiplication des manifestations contre la présence française, alors que certains estiment qu’elle renforcera les réponses contre l’activité terroriste, et contribuera à la bonne régulation des réponses étatiques contre l’activité des groupes armés qui sévissent dans la région.

Le pays connaît une instabilité dans la région nord, due à plusieurs facteurs, dont l’insécurité après la chute du président burkinabé « Blaise Compaoré » en 2014, qui a favorisé la propagation de groupes armés dans certaines régions du Burkina Faso. Outre l’escalade des attentats terroristes au Mali voisin à la suite de l’effondrement de la situation sécuritaire en Libye, qui a aidé les combattants liés à « Al-Qaïda et à Daech » dans leur plan d’expansion vers le sud, notamment vers les pays situés le long des côtes du Golfe de Guinée.

Sur la base des événements et attaques survenus entre 2016 et 2021, au Bénin, au Ghana, en Côte d’Ivoire et au Togo, ceux qui ont dit que les habitants des États côtiers du golfe de Guinée ont été recrutés par des mouvements terroristes pour combattre dans le Sahel africain et ailleurs sont plus probables.

En plus de ce qui précède, des groupes armés violents ont profité de l’accent mis par le gouvernement sur la résolution de la crise d’urgence de l’épidémie du Coronavirus, car des sources sécuritaires ont indiqué que le nombre de conflits et d’attentats au Mali, au Niger et au Burkina Faso a atteint des proportions historiques en 2021, et dans plusieurs régions des zones rurales du Togo et de la Côte d’Ivoire, diverses « cellules » formées de nouvelles personnes recrutées par des combattants armés ont également fait leur apparition.

Il importe de noter que le taux de violence des groupes armés dans les trois pays a augmenté de 70% en 2021, ce qui signifie une poursuite du rythme précédent depuis 2015, qui a vu une augmentation de la propagation des incidents violents dans la région après l’activité des groupes terroristes, qui était initialement concentrée au Mali, progressivement déplacée vers le Burkina Faso.

Si aujourd’hui le Burkina Faso représente 58 % de tous les incidents violents dans la région du Sahel, la technologie des armes utilisées dans les opérations offensives des éléments armés au Burkina Faso visant les pays côtiers du sud, notamment la Côte d’Ivoire, le Bénin et le Togo, s’est développée, comme c’est le cas dans les attaques du parc W-Arly-Pendjari complexe au Bénin, dans lequel des engins explosifs improvisés ont été utilisés. La plupart des attaques dans ces pays ont été attribuées au Front de libération du Macina, qui a plus que doublé son activité au Sahel entre 2020 et 2021.

La gravité de la propagation terroriste au Togo peut être comprise en examinant sa situation géostratégique, du fait que le pays a servi de transit et comme médiateur entre un groupe de nations différentes le long du golfe de Guinée, riche en ressources et important pour le transport de marchandises à l’intérieur comme à l’extérieur de l’Afrique. L’enracinement de groupes violents au Togo « facilitera » également les efforts de recrutement de nouveaux combattants et fera progresser les ambitions du Front de libération du Macina de s’étendre dans des zones plus densément peuplées pour tirer parti des opportunités de génération de revenus et influencer les gouvernements ainsi que les populations.

En outre, la présence de groupes armés dans le nord du Togo les rapproche du Burkina Faso et leur permet de coopérer de l’autre côté de la frontière avec d’autres groupes actifs dans la région, sachant que les organisations extrémistes ont réalisé que plus elles étaient violentes, « plus l’intérêt mondial pour elles était grand et l’avantage de négociation dont elles disposaient, ainsi que le soutien financier et logistique accru que leur apportait l’organisation mère Al-Qaïda ».

Exploitation des revendications locales

Nous savons tous que l’une des stratégies des organisations terroristes pour recruter des combattants est d’exploiter le mécontentement local et la perte de confiance envers le gouvernement. Dans le cas des régions frontalières du Togo et du Burkina Faso, la plupart des recrues sont généralement de jeunes bergers musulmans. En plus d’exploiter les conflits existants entre les ethnies et les communautés locales (en particulier entre les agriculteurs locaux et les éleveurs peuls) et de les transformer en sympathie avec l’idéologie de l’extrémisme violent. Cette stratégie a été largement couronnée de succès dans la région du Sahel, dont les sociétés sont socialement et ethniquement liées aux régions septentrionales de la côte du golfe de Guinée.

La dynamique politique et sécuritaire de la région du Sahel indique la possibilité pour les organisations terroristes d’établir des bases-arrières au Burkina Faso et au Mali afin de s’étendre vers le Bénin et la Côte d’Ivoire, et de s’étendre au Togo, au Ghana, au Sénégal et en Guinée.

Pour terminer avec ce dossier, on peut dire que la réponse sécuritaire aux nouvelles menaces s’intensifie au Togo et dans d’autres pays du golfe de Guinée. Elle était au sommet des mesures de précaution et des contrôles adoptés par l’imposition de couvre-feux, la fermeture des marchés et la restriction des mouvements des personnes, comme c’est le cas lors des récentes attaques lorsque les autorités locales ont découragé les commerçants de visiter les marchés près de la frontière du Burkina Faso. Une décision qui a perturbé les chaînes d’approvisionnement des membres des groupes armés actifs dans la région, mais aussi perturbé les moyens de subsistance des résidents locaux qui n’avaient pas d’autres options. Cela peut renforcer la coopération avec les éléments disparus s’ils aident la population en fournissant des sources de revenus alternatives.

Enfin, l’efficacité de toutes les réponses contre l’escalade de la menace terroriste résidera dans la capacité de leurs gouvernements à tirer parti des faux pas de leurs homologues maliens et burkinabè et des échecs de pays comme le Mozambique ou le Nigeria au nord du leur territoire. Toutes les réponses militaires doivent être associées à la fourniture de services de base qui alimentent le mécontentement local, d’autant plus que les tactiques militaires et les mesures sévères peuvent à elles seules creuser les écarts de méfiance entre et au sein des communautés et pousser les habitants des zones reculées à adopter l’idéologie des mouvements extrémistes violents actifs dans leurs zones de résidence.

Sur la base de ce qui précède, on peut dire que le Togo dispose des conditions appropriées pour la consolidation de l’extrémisme, notamment en termes de difficultés sociales et économiques.

Certains estiment d’ailleurs que le Togo devrait concurrencer des pays comme le Tchad et le Niger pour accueillir des forces étrangères, notamment les forces Barkhane et Takuba, qui devraient être redéployées au Niger et dans le golfe de Guinée après le retrait du Mali.

Seulement on peut juger que cette position risque de provoquer la division au sein du Togo en raison de la montée de l’opinion publique et des manifestations s’opposant à la présence française en Afrique subsaharienne et accusant les forces françaises de compliquer la situation sécuritaire.

Cependant, les tenants à cette idée estiment que le pays renforcera les réponses contre la montée de l’activité terroriste, et peut aider à la bonne organisation des réponses collectives contre l’activité des groupes armés en s’appuyant sur des expériences passées éloignées de l’interprétation habituelle des répercussions des violences commises par les groupes armés comme simple propagation vers le sud.

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