Assurance Agricole Indicielle au Niger : Un outil stratégique et innovant pour protéger les agriculteurs, les pasteurs et les pêcheurs contre les risques climatiques

0
Assurance Agricole Indicielle au Niger : Un outil stratégique et innovant pour protéger les agriculteurs, les pasteurs et les pêcheurs contre les risques climatiques
Assurance Agricole Indicielle au Niger : Un outil stratégique et innovant pour protéger les agriculteurs, les pasteurs et les pêcheurs contre les risques climatiques

Africa-Press – Niger. Dans le but de protéger les agriculteurs et les éleveurs des calamités naturelles liées aux changements climatiques, le gouvernement envisage de créer une société nationale dédiée à l’assurance agricole indiciaire. Cette initiative innovante, une fois mise en place, permettra d’indemniser les producteurs sur la base d’un indice prédéterminé, notamment les sécheresses, les inondations, les pluies irrégulières, les catastrophes naturelles et les attaques acridiennes.

Le Niger est un pays sahélien fortement exposé aux aléas climatiques, notamment les sécheresses, les inondations, l’invasion acridienne, les épidémies, épizooties récurrentes et les fortes canicules. Ces aléas affectent principalement le secteur agro-sylvo-pastoral et halieutique qui joue un rôle important dans le PIB du Niger et qui occupe plus de 80% de la population active. De ce fait, les producteurs subissent des pertes importantes et n’ont souvent pas d’épargne pour se relever après une mauvaise récolte. Face à ces défis, le gouvernement envisage de mettre en place un mécanisme de protection financière aux agricultures, à savoir l’assurance agricole indicielle, un outil stratégique de gestion des risques climatiques. L’étude de faisabilité sur cette assurance a été validée les 27 et 28 décembre 2024 à travers un atelier national qui a regroupé toutes les parties prenantes, à savoir les membres du comité national de l’Assurance Agricole Indicielle (CNAAI) chargé de la mise en place de cette assurance au Niger, les fédérations des producteurs (agriculteurs, pasteurs, pêcheurs…), le secteur privé et les partenaires techniques et financiers.

Selon la ministre de l’Action Humanitaire et de la Gestion des Catastrophes, également présidente du Comité National sur l’Assurance Agricole Indicielle, Mme Aissa Laouan Wandarama, la mise en place de cette société nationale d’assurance agricole indicielle permettra d’institutionnaliser un système de protection durable, réduisant ainsi la dépendance aux financements d’urgence. « De plus, cette société va contribuer directement aux Objectifs de développement durable (ODD) liés à la sécurité alimentaire, de briser le cycle infernal d’assistanat des producteurs, à la réduction de la pauvreté et à l’adaptation climatique et surtout stimuler l’investissement pour renforcer la résilience du pays face aux risques des catastrophes », a expliqué la ministre en charge de la Gestion des Catastrophes.

Par ailleurs, Mme Aissa Laouan Wandarama a précisé que l’assurance agricole indicielle est un outil innovant permettant aux agriculteurs, pasteurs et pêcheurs de se protéger contre les risques climatiques tels que la sécheresse, les inondations et les mauvaises récoltes. « Au Niger, avec la recrudescence de ces risques climatiques, l’assurance agricole indicielle joue à la fois un rôle protecteur en cas de sinistre, mais aussi et surtout renforce la capacité productive des petits exploitants en facilitant leur accès aux micro-crédits et leur inclusion financière », a-t-elle expliqué. Ainsi, les avantages de cette assurance, selon Mme Aissa Laouan Wandarama, sont la protection contre les pertes agricoles dues aux aléas climatiques, la stabilisation des revenus en garantissant une compensation en cas de mauvaise récolte. Il y a également l’incitation à l’investissement dans des techniques et intrants améliorés grâce à la sécurité financière et la facilitation de l’accès au crédit agricole, les banques étant plus enclines à financer des producteurs assurés.

Les contrats de cette assurance agricole

La présidente du Comité National sur l’Assurance Agricole Indicielle a souligné que, bien que l’assurance Agricole basée sur un indice soit un produit innovant, les assureurs la proposent rarement. Elle est inexistante au Niger, car elle est perçue comme un produit compliqué et difficile à évaluer. « On constate que la majorité des assureurs ne disposent pas encore d’assez de connaissances et de capacités techniques nécessaires à la création d’instruments d’assurance agricole indicielle durable et rentable », a-t-elle dit.

Mme Aissa Laouan Wandarama a également ajouté que les contrats sont basés sur des indices mesurables qui déterminent les pertes agricoles dont l’indice de pluviométrie qui mesure le niveau des précipitations via des satellites ou stations météorologiques, l’indice de rendement qui est basé sur les statistiques agricoles moyennes dans une zone donnée et enfin l’indice de végétation (NDVI Normalized Difference Vegetation Index) déduit de l’observation satellite de l’état de la végétation. Si l’indice descend en dessous d’un seuil défini, cela signifie qu’une perte agricole est probable, et l’indemnisation est alors déclenchée. « Au Niger, nous sommes dans le processus d’installation de l’Assurance Agricole Indicielle. Bien qu’il soit ainsi, s’agissant des bases des contrats, on peut retenir ces éléments suivants qui seront apportés à l’appréciation des membres du CNAAI et de la commission des experts. Il s’agit, entre autres, de veiller à ce que les parties contractantes soient clairement identifiées, les primes définies avec précision, et la définition de la liste complète des risques à couvrir ainsi que la clarification explicite des conditions et modalités », a-t-elle souligné.

Les principales innovations de l’assurance agricole

La principale innovation dans le cadre de l’Assurance Agricole Indicielle est le transfert des risques au Niger. En effet, le transfert des risques en assurance agricole est un mécanisme permettant aux producteurs du secteur agro-sylvo-pastorale et aux institutions financières de réduire l’impact des catastrophes naturelles en déplaçant la charge financière vers un assureur ou un réassureur.« La bonne nouvelle, c’est que le Niger a déjà souscrit à African Risk Capacity ( ARC) qui est une agence spécialisée de l’Union Africaine pour aider les gouvernements africains à améliorer leurs capacités à mieux planifier, se préparer et répondre aux événements météorologiques extrêmes et aux catastrophes naturelles », a relevé la ministre de l’Action Humanitaire et de la Gestion des Catastrophes. Grâce à la collaboration et à des financements innovants, le Groupe ARC permet aux pays de renforcer leurs systèmes de gestion des risques de catastrophe et d’accéder à un financement rapide et prévisible en cas de catastrophe afin de protéger la sécurité alimentaire et les moyens de subsistance de leurs populations vulnérables. « Cette assurance utilise également des innovations technologiques telles que l’utilisation des satellites sentinelles et stations météorologiques pour mesurer des indices de pluviométrie, de végétation et de rendement, l’élimination des expertises de terrain coûteuses et longues, assurant une indemnisation rapide et le cofinancement par l’État et les partenaires pour réduire le coût de la prime pour les petits exploitants », a indiqué la ministre en charge de la Gestion des Catastrophes.

Avis de la plateforme paysanne sur l’assurance agricole

Selon le président de la plateforme paysanne du Niger, M. Bagna Djibo, sa structure est partie prenante de l’initiative. « Quand nous avons fait le tour des pays de la sous-région et quand nous avons analysé les effets liés aux changements climatiques, surtout quand il y avait eu de grosses inondations, il nous est apparu nécessaire d’attirer l’attention du gouvernement pour que le Niger, à l’instar des pays du sahel et de l’Afrique de l’Ouest, songe à une alternative face aux dégâts que les producteurs subissent », a-t-il affirmé. Ainsi, « en tant que Plateforme, nous ne pouvons que nous réjouir qu’une organisation paysanne ait attiré l’attention du gouvernement qui était aussi sensible à cette question pour qu’on puisse se doter d’une assurance agricole qui va permettre d’aider l’Etat à prendre en charge certaines dépenses qui, parfois, ne sont pas prises en charge par l’État. Pas parce que l’État ne veut pas le faire, mais parce que les charges de l’État sont aussi énormes et parfois brusques », s’est-il réjoui.

Le président de la plateforme paysanne du Niger a aussi ajouté que pour la mise en œuvre de cette assurance, le Niger a franchi aujourd’hui la première étape qui est l’étude de faisabilité. « En effet, c’est cette étude qui a permis de dire oui, le Niger est prêt pour assoir une assurance agricole. Ça veut dire que le pouvoir, les producteurs et les autres acteurs, notamment le secteur privé, la recherche, la météorologie, sont disponibles après l’analyse de l’étude pour se mettre ensemble et créer une assurance agricole », a-t-il expliqué.

M. Bagna Djibo a relevé que, dans le cadre d’une bonne compréhension du mécanisme d’assurance agricole, la plateforme, avec d’autres partenaires, ont mené des caravanes d’information et de sensibilisation sur le rôle, l’importance et le type de produit à assurer dont les indicateurs vont être basés sur les données météorologiques.

« Pour réussir l’assurance, il faudra que l’État accepte de mettre en place les ressources nécessaires. C’est-à-dire un budget qui va être maitrisé par l’État lui-même. Il faudrait aussi aller plus vite dans la mise en place de la société d’assurance agricole. Au niveau des producteurs, il faudrait qu’ils se mobilisent pour accompagner l’État dans ce mécanisme qui vise à les protéger contre les aléas climatiques », a-t-il précisé.

Toutefois, il a reconnu qu’aujourd’hui, la charge de l’État ne lui permet pas de venir en aide de façon conséquente aux producteurs en cas d’inondation et de sécheresse. « En allant vers l’assurance, nous pensons que c’est comme une épine qu’on enlève du pied de l’État parce que cette assurance va prendre en charge les pertes dues à des catastrophes naturelles que les producteurs subissent chaque année », a-t-il ajouté.

Pour plus d’informations et d’analyses sur la Niger, suivez Africa-Press

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here