Africa-Press – Niger. Diffa, le 25 juillet ( ANP)- La région de Diffa, véritable grenier agro-pastoral du Niger avec ses vastes potentialités en terres, en eau et en main-d’œuvre jeune, a connu une dynamique notable dans son secteur agricole au cours des deux dernières années de transition politique dans le pays.
Pour dresser le bilan de cette période, l’Agence Nigérienne de Presse (ANP) a rencontré, M. Arma Allassane, Directeur Régional de l’Agriculture de Diffa.
Dans son mot introductif, le responsable régional de l’agriculture a rappelé qu’avant l’arrivée du CNSP en juillet 2023, la région de Diffa pratiquait déjà une agriculture diversifiée, combinant cultures pluviales et irriguées.
M. Allassane a souligné une augmentation significative des superficies emblavées et de la production brute entre 2022 et 2024.
Selon le DRA, les cultures pluviales sont passées de 215 675 hectares en 2022 à 225 401 hectares en 2024, soit une augmentation de près de 10 000 hectares.
De même, les cultures irriguées ont connu une croissance impressionnante, passant de 14 183,16 hectares à 22 008,56 hectares sur la même période, soit près de 8 000 hectares supplémentaires.
En termes de production brute, la région a enregistré une hausse de plus de 30 000 tonnes, atteignant 326 074,251 tonnes en 2024 contre 294 709,37 tonnes en 2022.
Parlant des réalisations concrètes et des actions stratégiques, le DRA de Diffa a affirmé que « la période de transition a été caractérisée par des réalisations concrètes en soutien aux producteurs. Parmi celles-ci, on compte la distribution de 1006,464 tonnes de semences améliorées pour l’hivernage et 297,811 tonnes pour les cultures irriguées ».
L’État, a-t-il poursuivi, a également assuré la protection des cultures avec la fourniture de 26 562 litres de produits phytosanitaires et la mise en vente subventionnée de 620 tonnes d’engrais. L’équipement agricole n’a pas été en reste, avec la distribution de 650 motopompes, 5 batteuses, 300 charrues et 273 appareils de traitement, sans oublier de nombreuses formations destinées aux cadres et aux producteurs.
Au-delà de ces distributions, a indiqué, M. Arma, « des actions structurantes ont été initiées. Le Projet d’Appui au Développement des Cultures Irriguées et à l’Intensification de la Production Animale (PACIPA), dont la région de Diffa est une zone d’intervention clé, a été élaboré et son démarrage est en cours. Financée sur fonds propres de l’État, une étude a permis d’identifier huit sites aménagés pour de futurs périmètres irrigués dans diverses communes (N’Gourti, N’Guigmi, Kabléwa, Bosso, Toumour, Gueskérou, Diffa et Chétimari), et les travaux ont déjà débuté à Kakaria, dans la commune de Chétimari ».
C’est ainsi que les autorités de transition du Niger ont, selon les informations fournies par le responsable régional du secteur agricole, face à une campagne d’hivernage 2023 déficitaire, mis en place un Programme d’Urgence pour l’Intensification des productions Agro-Sylvo-Pastorales.
« Son objectif principal est d’améliorer la souveraineté alimentaire des populations. Ce programme vise spécifiquement la promotion des cultures irriguées, notamment la riziculture dans le cadre des Aménagements Hydro-Agricoles (AHA), le soutien à l’élevage par des intrants alimentaires et zoosanitaires, et l’accompagnement des populations à travers des travaux à haute intensité de main-d’œuvre protecteurs de l’environnement ».
Les premiers résultats de ce programme, annonce-t-il, sont « encourageants: 81% de réalisation en termes de superficies emblavées pour la petite irrigation et 47% pour la grande irrigation. Sept nouveaux petits périmètres totalisant 11,8 hectares ont été créés, et la réhabilitation de 230 hectares d’AHA a été financée par le Fonds de Solidarité et de Sécurité Publique (FSSP) pour un coût de 1 944 044 830 FCFA ».
Répondant à la question des Impacts concrets et intégration des vulnérables, M. Arma Allassane a déclaré que « les actions menées ont eu des impacts tangibles sur les producteurs et les populations rurales », avant de souligner une meilleure disponibilité des intrants (semences, engrais, produits phytosanitaires), une proximité accrue du conseil agricole, une augmentation des rendements et des superficies exploitées, et, par conséquent, une baisse des prix des produits sur les marchés, ce qui soulage les consommateurs.
Aussi, a-t-il ajouté, « l’intégration des jeunes et des femmes est une priorité. Dans le cadre des champs écoles agro-pastorales pour la campagne 2024, 762 hommes et 733 femmes sont concernés. D’autres initiatives de renforcement de capacités financées par des partenaires ont touché 148 hommes et 282 femmes, démontrant un engagement clair en faveur de l’équité des genres ».
Pour le Directeur Régional de l’agriculture de Diffa, malgré ces avancées, « la Direction Régionale de l’Agriculture de Diffa fait face à des difficultés persistantes, notamment l’insuffisance de personnel, le vieillissement des moyens roulants, le manque de matériel informatique, l’insécurité qui limite les déplacements des agents, et l’insuffisance des moyens financiers.
Pour y pallier, la direction a recours à des contractuels pour combler les postes vacants et organise des missions en équipe pour optimiser les déplacements ».
« Les perspectives pour l’agriculture dans la région de Diffa sont ambitieuses. Elles incluent le développement des cultures irriguées pour assurer la sécurité alimentaire et nutritionnelle du Niger, le développement de variétés adaptées aux changements climatiques, et la mécanisation du système de production pour une agriculture plus productive et rentable », a soutenu M. Arma.
M. Arma Allassane a appelé les producteurs agricoles de la région à « Investir dans la production agricole, plus rentable que dans toutes autres activités licites. Utilisez des semences améliorées, modernisez votre agriculture en la mécanisant, et demandez conseil aux agents de l’agriculture les plus proches. Allez vers les cultures irriguées qui présentent moins de risques, et pour les cultures pluviales, n’hésitez pas à apporter un complément d’irrigation en cas de sécheresse. »
Il a également souligné l’importance des collaborations avec les partenaires techniques et financiers, qui se déroulent bien à travers la signature de protocoles et des échanges réguliers au sein du Groupe de Travail Sécurité Alimentaire (SECAL).
Le secteur agricole de Diffa, commente-t-on, sous l’impulsion du CNSP, semble être donc sur la bonne voie pour renforcer sa résilience et contribuer de manière significative à la souveraineté alimentaire du Niger, malgré les défis à relever.
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