Côte d’Ivoire, Congo, Maroc… Comment le cyber-gendarme Cybastion tisse sa toile en Afrique

23
Côte d’Ivoire, Congo, Maroc… Comment le cyber-gendarme Cybastion tisse sa toile en Afrique
Côte d’Ivoire, Congo, Maroc… Comment le cyber-gendarme Cybastion tisse sa toile en Afrique

Maher Hajbi

Africa-Press – Niger. Déjà bien ancré en Afrique subsaharienne, le groupe américain spécialiste de la cybersécurité et du renseignement dirigé par par le Camerounais Thierry Wandji met le cap vers le nord du continent. Il compte sur sa connaissance du contexte africain pour renforcer son rôle d’intégrateur technologique au sein des États.

L’entreprise américaine Cybastion a rapidement gagné ses galons en Afrique francophone. La société dirigée par le Camerounais Thierry Wandji a enchaîné les signatures de contrats liés à la sécurisation des systèmes et infrastructures numériques de huit États de la zone.

En décembre dernier, déjà, lors de l’U.S.-Africa Leaders Summit, le groupe avait signé – en partenariat avec Cisco – un contrat de 800 millions de dollars pour protéger les données informatiques de la Côte d’Ivoire, du Bénin, du Burkina Faso et du Congo.

« Étant originaire d’Afrique francophone, le choix s’est naturellement porté sur une partie du continent que l’on connaît mieux en vue de lancer nos activités et accompagner les gouvernements », explique, àJeune Afrique, Thierry Wandji. Avec d’anciens militaires de la marine américaine, l’US Navy, l’ancien directeur technique en cybersécurité de la première force aéronavale au monde, propose une panoplie de services.

Combler le fossé

Les activités de Cybastion reposent sur cinq piliers : la cybersécurité, l’administration électronique, la formation, les infrastructures et les renseignements. En six ans, le groupe a accompagné le développement des experts en cybersécurité, le déploiement et la sécurisation des centres de données (datacenters), la mise en place des organisations de régulation ou encore la formation des agents des services de renseignement.

Le groupe joue souvent la carte du « secret défense » et évite d’entrer dans les détails de ses activités de consulting auprès des États africains. Mais certains contrats ont été rendus publics. Le groupe vient par exemple de signer un contrat avec le gouvernement ivoirien pour le développement “d’une ville numérique de pointe et d’un système de réseau résilient pour faire face aux situation d’urgence”. Au Bénin comme au Burkina Faso, un partenariat tripartite a été signé avec les deux agences nationales de sécurité des systèmes d’information (ANSSI) pour lutter contre la cybercriminalité.

Formé à l’école Polytechnique de Montréal et l’Université du Maryland – où il a obtenu un diplôme d’ingénieur en télécommunications et un doctorat dans la sécurisation des systèmes embarqués – Thierry Wandji parie sur la formation. Cybastion – membre d’une coalition de vingt entreprises américaines spécialisées en cybersécurité – fournit des certifications reconnues auprès des États en collaboration avec des institutions comme Virginia Tech, Morgan State University et Miami Fort Lauderdale. « Il faut former les jeunes et élever le niveau les ingénieurs déjà sur le terrain pour monter en compétence », explique celui qui est également passé par Boeing et IBM.

Connexions américaines

Ses ambitions à court et à moyen termes ? « Combler le fossé numérique en Afrique et soutenir les États africains face aux cybermenaces alors que le continent connaît une forte croissance du numérique ». Et, pour toucher au but, il compte sur ses connexions américaines.

« Cisco, tout comme Microsoft, est l’un de nos principaux partenaires pour créer des infrastructures digitales sécurisées et permettre aux pays africains de traquer les cybercriminels », explique l’ancien directeur technique en cybersécurité à la marine américaine, selon lequel « Cybastion joue un véritable rôle d’intégrateur de technologies avec des capacités d’adaptation au contexte africain ».

Si aujourd’hui l’entreprise américaine parvient à remporter de nombreux contrats, « les débuts n’ont pas été faciles », glisse Thierry Wandji, ancien directeur du centre de recherche en cybersécurité de l’Université du Maryland. Lancée il y a six, à Washington, et avec peu de références sur le marché, Cybastion a eu du mal à acter son premier gros contrat. Mais une fois ce contrat « secret défense » signé avec le Bénin, « le groupe a commencé à récolter les fruits de son travail après avoir établi une certaine crédibilité envers les gouvernements africains », souligne Wandji, qui reconnaît au passage le soutien des États-Unis comme « un grand atout ».

Cap vers le nord

Bien ancré en Afrique subsaharienne, le groupe vise maintenant de nouveaux marchés à l’horizon 2024. Ses cibles prioritaires : le Maroc et l’Égypte dans un premier temps avant de s’intéresser au Kenya, potentiellement au Rwanda et à la Tanzanie. Le Botswana et l’Afrique du Sud sont également dans la ligne de mire de Cybastion. Selon son PDG, les enjeux sont semblables sur l’ensemble le continent.

« Aujourd’hui, nous avons atteint notre rythme de croisière dans le sens où l’on maîtrise mieux la problématique et l’environnement. Nous sommes maintenant un nom reconnu, après avoir grandi en termes de compétences », soutient Thierry Wandji.

L’expert en cybersécurité milite désormais pour une coopération régionale en termes de cybersécurité. « Actuellement, les cybercriminels arrivent à passer à travers les mailles des États et peuvent attaquer au Mali, au Burkina ou ailleurs. L’interopérabilité des systèmes est indispensable. La sécurisation des infrastructures et données numériques l’est aussi pour attirer les investisseurs étrangers et donner un autre élan à l’économie numérique », insiste Thierry Wandji.

Prochaine étape pour Cybastion, le lancement, au cours de ce troisième trimestre de 2023, d’une solution de « cyber assurance » afin de viser le marché des PME.

La Source: JeuneAfrique.com

Pour plus d’informations et d’analyses sur la Niger, suivez Africa-Press

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here