Africa-Press – Niger. La région de Diffa s’apprête à franchir une étape importante dans la structuration et la modernisation de sa filière halieutique, avec l’ouverture, ce lundi 8 décembre 2025, des travaux de validation du Plan provisoire de développement de la filière poisson.
La cérémonie officielle d’ouverture de cet atelier s’est déroulée dans la salle de réunion du gouvernorat, sous la présidence du Gouverneur de la région, le Général de Division Mahamadou Ibrahim Bagadoma, en présence des représentants des services techniques régionaux, des Forces de défense et de sécurité, des organisations professionnelles de pêcheurs, des commerçants de poisson, ainsi que des partenaires techniques et financiers dont le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), qui pilote et finance l’initiative.
Dans son discours d’ouverture, le Gouverneur Mahamadou Ibrahim Bagadoma a rappelé l’importance de la filière poisson pour la région, qui couvre 156 906 km2 et abrite plus de 1,5 million d’habitants.
Il a souligné que Diffa constitue « un écosystème halieutique unique pour notre nation », reposant sur le lac Tchad, la Komadougou Yobé et plus de 60 mares permanentes et semi-permanentes. Ces ressources représentent « un pilier de subsistance pour des milliers de ménages » et un moteur majeur de l’économie régionale.
Le Gouverneur a rappelé qu’en 2024, le secteur de la pêche à Diffa a généré plus de 32 milliards de francs CFA, confirmant la région comme premier bassin halieutique du Niger, avec une production de 20 500 tonnes de poissons fumés, soit plus de 70 % de la production nationale.
Cet exploit, a-t-il ajouté, « est le fruit de la résilience admirable de nos pêcheurs et de l’ensemble des acteurs, qui continuent de faire vivre cette filière essentielle malgré les défis sécuritaires et logistiques. »
Cependant, il a reconnu que ce potentiel reste entravé par plusieurs contraintes majeures, dont l’insécurité persistante, l’enclavement, la dégradation des routes, le manque d’infrastructures modernes de transformation et de conservation, le déficit d’équipements, les pertes post-capture, la faible structuration des acteurs et les difficultés d’accès au financement.
D’où la mise en place de ce Plan de développement qui se veut une feuille de route réaliste et ambitieuse, articulée autour de quatre axes stratégiques:
1. Renforcement de la production et de la résilience des acteurs: sécurisation des zones de pêche, dotation en équipements modernes, formation technique, accès au financement.
2. Modernisation de la transformation et de la conservation: installation de fours améliorés, séchoirs solaires, chambres froides solaires, appui aux femmes transformatrices.
3. Structuration de la commercialisation et gouvernance: réhabilitation des voies d’accès, création de centres de collecte, renforcement des coopératives et mise en place d’un cadre régional de concertation.
4. Satisfaction de la demande nationale en poisson: renforcement de l’approvisionnement du marché nigérien, intégration de la filière dans les politiques de sécurité alimentaire.
Aussi, le Gouverneur Bagadoma a-t-il appelé les participants à examiner minutieusement le document, à proposer des améliorations et à s’engager pour une mise en œuvre effective du Plan.
Dans son intervention, la Cheffe du bureau terrain du PNUD à Diffa, Mme Liliane Hien a salué « la mobilisation exceptionnelle » des acteurs régionaux et l’engagement du Gouverneur, qu’elle qualifie de « meilleur gage de succès pour la mise en œuvre du Plan ».
Elle a souligné que la filière halieutique représente un levier important pour l’atteinte des Objectifs de développement durable (ODD), notamment en matière de sécurité alimentaire, de création d’emplois et de résilience climatique.
Mme Hien a remercié l’équipe technique ayant accompagné le processus, notamment M. Khalil Ndiaye, pour la qualité des consultations et de l’analyse ayant abouti au document soumis à validation.
Elle a assuré que « le PNUD restera aux côtés du Gouvernorat et de tous les acteurs pour accompagner la transformation durable de la filière poisson ».
Au nom de la Direction régionale de l’Environnement et de la Lutte contre la Désertification (DRE/LCD), le représentant du Directeur régional a replacé le Plan dans le contexte environnemental et socio-économique de la région.
Il a rappelé que Diffa dispose d’un potentiel halieutique exceptionnel grâce au Lac Tchad et à la Komadougou Yobé, mais que ce patrimoine fait face à de sérieuses menaces, citant notamment l’assèchement progressif du lac, la diminution des apports hydriques, l’infiltration et l’évaporation des eaux, la déforestation, la pression démographique, les effets des barrages en amont et les impacts du changement climatique.
Ces défis, a-t-il précisé, « aggravent les difficultés d’accès des pêcheurs aux zones de pêche et affectent la disponibilité du poisson ».
Selon lui, la DRE/LCD, conformément à ses prérogatives, a pleinement contribué à l’élaboration du Plan, en collaboration avec le PNUD, afin d’assurer la gestion durable des ressources halieutiques ; la protection des zones humides ; la conservation de la biodiversité ; la valorisation économique des ressources naturelles et le respect des conventions internationales en matière d’environnement.
Le représentant du responsable régional de l’environnement a insisté sur l’importance d’examiner « avec minutie » le document, dont la qualité pourrait servir de référence pour d’autres régions disposant d’un potentiel halieutique (Zinder, Tahoua, Dosso, Niamey et Tillabéri).
Il faut noter que pour les multiples acteurs présents (pêcheurs, transformatrices, mareyeurs, coopératives, services techniques, FDS, partenaires), cette journée marque une étape majeure vers un meilleur encadrement du secteur.
A cet effet, la validation de ce Plan vise à transformer la filière poisson de Diffa en un secteur moderne, grâce aux équipements et infrastructures, mais aussi durable par la gestion responsable des ressources, compétitif avec des circuits de commercialisation mieux organisés et inclusif en impliquant femmes et jeunes dans l’ensemble de la chaîne de valeur.
Interrogés par l’ANP, la majeure partie des participants d’entre espèrent que la mise en œuvre de ce plan permettra non seulement de consolider la première place de Diffa dans la production halieutique du Niger, mais aussi de contribuer au développement socio-économique et à la résilience des communautés riveraines.
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