Yara Rizk
Africa-Press – Niger. Nommé à la tête de l’institution de financement international, le 1er juin, cet homme au profil atypique et aux qualités recherchées était soutenu par les États-Unis. Il succède à David Malpass.
DIX CHOSES À SAVOIR – « Ajay Banga possède toutes les qualités pour diriger la Banque mondiale (BM) en cette période critique de son histoire. » C’est du moins ce que pense Joe Biden, le président des États-Unis. Avant de jouer un rôle de premier plan sur la scène internationale, Banga, 63 ans, est un symbole de réussite dans le monde des affaires. On l’attend sur la réforme du groupe Banque mondiale et sur le financement de la lutte contre le réchauffement climatique. Qui est cet outsider, propulsé discrètement à la tête de l’une des principales institutions de Bretton Woods ?
1. Business
En trente années de carrière, ce manager aguerri est respecté et reconnu dans le monde des affaires. Il a occupé différents postes à responsabilité chez Citigroup, PepsiCo et Nestlé, en Inde, aux États-Unis et au Moyen-Orient, avant d’être le PDG de Mastercard pendant plus de dix ans. Durant ce dernier mandat, il a été le fer de lance de la stratégie de l’entreprise visant à faire accéder 1 milliard de personnes et 50 millions de micro et de petites entreprises à des moyens de paiement électroniques.
En 2021, il était vice-président de la société américaine de capital-investissement General Atlantic. Parallèlement, il présidait le groupe d’investissement Exor, sis aux Pays-Bas, et siègeait au conseil d’administration de plusieurs organisations prestigieuses, dont la Fondation Obama, le Forum économique mondial et la Banque de réserve fédérale de New York.
2. Seul en lice
En février 2023, moins de dix jours après la démission de David Malpass, la Maison-Blanche avait déjà désigné Ajay Banga comme son successeur à la Banque mondiale. Cette décision allait pourtant à l’encontre des recommandations de l’institution, qui avait vivement encouragé les candidatures de femmes pour cette fonction jusqu’à présent uniquement occupée par des hommes.
D’ailleurs, l’Indo-Américain (qui était seul en lice, aucun autre État membre n’ayant proposé de candidat), ne figurait sur aucune liste des personnalités pressenties. On y trouvait notamment Gayle Smith, l’ancienne administratrice de l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID), Wally Adeyemo, l’actuel secrétaire adjoint au Trésor des États-Unis, ou Ngozi Okonjo-Iweala, qui dirige l’Organisation mondiale du commerce (OMC) depuis 2021.
3. Méritocratie
Né le 10 novembre 1959 à Pune, dans le Maharashtra (centre de l’Inde), Ajay Banga est issu de la caste des Saini, traditionnellement composée d’agriculteurs et de guerriers et qui fait partie des « classes défavorisées ». Fils de militaire, Banga a évolué dans un milieu modeste, ce qui ne l’a pas empêché de faire ses études dans deux établissements réputés en Inde : l’Université de Delhi et l’Indian Institute of Management d’Ahmedabad. Depuis, chez les Banga, l’ascenseur social ne semble pas être tombé en panne. Les deux filles du dirigeant, Aditi et Jojo, sont passées par l’université Harvard.
4. Deux cents millions de dollars
Aujourd’hui, le magazine Forbes évalue la fortune du quatorzième président de la BM à plus de 200 millions de dollars. Une somme qui prend en compte ses quelque 400 000 actions de Mastercard Inc (MA), d’une valeur d’au moins 152 millions de dollars, ainsi que les actifs et les biens immobiliers qu’il a acquis au fil des ans. Chez Mastercard, son salaire annuel était de 27,77 millions de dollars.
5. Passeport
Même si Ajay Banga est détenteur d’un passeport américain depuis 2007, il est le premier président de la Banque mondiale à ne pas être né aux États-Unis. Selon un accord tacite, conclu entre les puissances occidentales en 1945, la BM est en effet traditionnellement dirigée par un Américain, la direction du FMI étant réservée à un Européen.
6. Barack Obama
Parmi ses différentes casquettes, Ajay Banga a été coprésident du Partenariat pour l’Amérique centrale. Au sein de cette coalition d’organisations du secteur privé, il a collaboré étroitement avec Kamala Harris, la vice-présidente des États-Unis, pour mobiliser des ressources publiques, privées et à but non lucratif en faveur de l’Amérique centrale. Il a collaboré maintes fois avec le gouvernement américain ; en février 2015, par exemple, le président Barack Obama l’avait intégré dans son comité consultatif chargé de la politique commerciale.
7. Sikh
Ajay Banga ne se montre jamais sans son turban, signe distinctif de la religion sikh et affiche fièrement son identité. Il met toujours en avant son multiculturalisme et ne cache pas son attachement à son pays natal, comme en témoigne son engagement en faveur du renforcement des relations entre l’Inde et les États-Unis. En 2019, il avait déclaré que le partenariat stratégique indo-américain était « la grande alliance » dont le monde avait besoin et que l’action des « deux plus grandes démocraties du monde » pouvait influer positivement sur la gouvernance planétaire.
8. Soutien africain
Ce ne sont pas uniquement les États-Unis et l’Inde qui soutiennent Ajay Banga, mais nombre de pays émergents. Depuis plusieurs années, la Chine, la Russie ou le Brésil souhaitent jouer un rôle majeur au sein des institutions financières internationales. Pour les mêmes raisons, plusieurs États africains, dont le Kenya et l’Afrique du Sud, avaient officiellement soutenu la candidature de Banga. C’est d’ailleurs en Côte d’Ivoire que ce dernier avait entamé sa tournée mondiale, en mars.
9. Inclusion financière
Sa gouvernance et son financement étant sous le feu des critiques, la Banque mondiale veut redorer son blason. Ajay Banga est censé mener à bien ce changement de cap. Expert en paiement numérique, il a déjà exprimé la volonté de favoriser la croissance par le biais de l’inclusion financière, par exemple grâce aux microprêts, en particulier dans les pays émergents.
Selon Luis Alberto Moreno, ex-Président de la Banque interaméricaine de développement (BID), l’Indien se distingue par « l’attention permanente » qu’il accorde à l’inclusion financière et par sa « connaissance approfondie des nouvelles technologies ». Des éléments qui, toujours selon Moreno, « pourraient contribuer à combler le fossé entre pays riches et marchés émergents ».
10. Distinctions
En 2012, Banga a reçu la médaille de la Foreign Policy Association. En 2014, le magazine Fortune l’a placé au 28e rang de sa liste des hommes d’affaires de l’année, distinction qu’il doit au succès du lancement d’Apple Pay et à la croissance des activités de Mastercard dans la région Asie-Pacifique.
En 2016, le gouvernement indien lui a décerné le prix Padma Shri, gage de reconnaissance dans les domaines du commerce et de l’industrie. En 2019, il a reçu la médaille d’honneur d’Ellis Island ainsi que le Global Leadership Award du Business Council for International Understanding. En outre, le magazine Barron’s l’a désigné comme l’un des meilleurs PDG du monde. Enfin, en 2021, il a reçu le Distinguished Friends of Singapore – Public Service Star, après avoir été conseiller du gouvernement de Singapour.
La Source: JeuneAfrique.com
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