Energie : l’Afrique une alternative au gaz russe pour l’Europe

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Energie : l’Afrique une alternative au gaz russe pour l’Europe
Energie : l’Afrique une alternative au gaz russe pour l’Europe

Africa-Press – Niger. A court ou à moyen terme, les pays européens sont contraints de trouver d’autres sources d’approvisionnement en gaz qu’en Russie, donc à repenser leur stratégie énergétique.

Dans le contexte de la guerre en Ukraine et de la prolifération de sanctions occidentales envers Moscou, l’Afrique peut être une alternative pour diminuer la dépendance européenne au gaz russe, compte tenu de ses réserves en énergie.

L’invasion russe en Ukraine a élargi le champ des possibles, dans le sens de la « transition énergétique » en Europe.

La Russie fournissait un tiers des importations de pétrole brut de l’Europe et près de la moitié de son gaz naturel (150 à 190 milliards de mètres cubes de gaz par an).

Le continent africain dispose de ressources considérables pour prendre la place de la Russie.

Les réserves de gaz de l’Afrique sont estimées à 221,6 billions de pieds cubes.

Les pays africains peuvent donc contribuer à combler le fossé et arracher l’Europe à sa dépendance des gazoducs russes, tout en répondant à leurs propres besoins, et en créant des centaines de milliers d’emplois.

Néanmoins, l’Europe devra investir dans les projets et infrastructures gaziers en Afrique.

A la faveur de la crise en Ukraine, un optimisme règne notamment sur la coopération entre le Niger, l’Algérie et le Nigeria consignée par la déclaration de Niamey en février 2022, sur le gazoduc transsaharien, et sur des projets au point mort au Cameroun, en Guinée équatoriale, en Tanzanie et au Mozambique à même d’attirer des capitaux étrangers.

Le plan REPowerEU, une chance pour l’Afrique

Le plan REPowerEU de la Commission européenne vise à réduire de deux tiers la demande de gaz russe en 2022 et à rendre l’Europe indépendante des combustibles fossiles russes d’ici à 2030.

Rien qu’en 2021, l’Union européenne (UE) a importé 155 milliards de mètres cubes de gaz naturel de Russie, soit près de 40 % de sa consommation de gaz.

Les contraintes qui pèsent sur le pétrole et le gaz russes vont inévitablement provoquer la recherche de nouveaux approvisionnements en Afrique, la région du monde ayant le moins fait l’objet d’exploration.

En marge du sommet UE-Union africaine de février, la présidente de la Tanzanie, Samia Suluhu Hassan, déclarait que les tensions en Ukraine suscitaient un regain d’intérêt pour les réserves gazières du pays, les sixièmes plus importantes d’Afrique.

Outre son potentiel d’énergie solaire et en production hydroélectrique verte, l’Afrique pourrait émerger comme la nouvelle frontière mondiale pour l’exploration des hydrocarbures.

Les développements de la situation en Ukraine et en Russie augmentent la demande en combustibles fossiles non russes.

Au cours de l’année 2021, on a découvert du pétrole et du gaz en Angola, en Namibie, au Ghana, en Côte d’Ivoire, en Égypte, en Afrique du Sud et au Zimbabwe.

L’invasion russe et la renaissance énergétique en Afrique du Nord

La reprise et l’intensification des projets d’énergie solaire en Afrique du Nord pourraient permettre de remplacer la totalité du gaz russe comme source d’énergie pour l’Europe.

L’invasion de l’Ukraine par la Russie pourrait déclencher une renaissance énergétique de l’Afrique, lui permettant ainsi de faire un grand bond en avant en offrant la possibilité à l’Europe et à l’Afrique de ne plus utiliser de combustibles fossiles.

Une renaissance qui serait susceptible aussi de stimuler et diversifier les économies stagnantes d’Afrique du Nord et de rendre commercialement viables de grands projets tels que le barrage hydroélectrique Grand Inga en République démocratique du Congo.

La Fondation Desertec, qui encourage la création de grandes fermes solaires dans le Sahara, pourrait fournir quatre fois plus d’énergie que la demande mondiale actuelle.

Certains projets sont déjà en cours de réalisation.

La Tunisie et l’Algérie prévoient la construction de tunnels sous le canal de Sicile, pour raccorder l’Italie et l’Espagne, et des discussions ont lieu concernant des projets de raccordement au Maroc par des câbles sous-marins.

La Grèce et l’Égypte sont dans la phase finale d’un accord pour une interconnexion sous-marine.

Le barrage du Grand Inga et son hydrogène vert

L’autre solution en attente est le potentiel de production d’hydrogène vert en Afrique.

Le continent possède le plus grand potentiel hydroélectrique inexploité au monde, avec seulement 37 GW de capacité installée, soit 11 % de son potentiel.

La faible mise en œuvre de sa capacité est liée à la nécessité de disposer de réseaux d’acheminement de l’électricité du barrage au consommateur, comme dans le cas du projet de barrage Grand Inga (qui a un potentiel de 42 GW).

Le mégaprojet Grand Inga peut devenir commercialement viable par l’utilisation de sa production d’électricité pour produire de l’hydrogène à la source et convertir les gisements de minerai de fer et de bauxite en acier.

Les produits finis, hydrogène vert et acier vert, pourraient être expédiés en Europe par voie maritime, selon Jakkie Cilliers, du programme African Futures & Innovation, à Pretoria, en Afrique du Sud.

La demande annuelle en hydrogène passerait de 90 à 140 millions de tonnes en 2030, la part de l’hydrogène vert représentant 20 %.

L’Europe, en particulier l’Allemagne, est avide d’hydrogène vert.

La production gazière de l’Afrique subsaharienne devancera celle de la Russie d’ici à 2040 sur les marchés internationaux, selon un rapport de l’Agence internationale de l’énergie.

Des projections qui renforcent l’UE dans sa stratégie de sevrage vis-à-vis du gaz russe.

Rome vient de signer des accords gaziers avec l’Algérie, l’Egypte, l’Angola et le Congo.

Le Mozambique ne va pas tarder.

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