Or : les producteurs africains grands gagnants de l’envolée des cours ?

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Or : les producteurs africains grands gagnants de l’envolée des cours ?
Or : les producteurs africains grands gagnants de l’envolée des cours ?

Margaux Guillot

Africa-Press – Niger. Le cours du précieux métal a atteint des niveaux historiques en ce mois d’août. Grâce à cette flambée du prix de l’or, les principaux pays aurifères, parmi lesquels figurent de nombreux pays africains, devraient voir leurs recettes augmenter.

Après avoir atteint le niveau historique de 2 480 dollars l’once en juillet dernier, le prix de l’or a établi un nouveau record à 2 530 dollars (environ 2 261 euros) le 20 août. Depuis la fin de l’année 2019, le prix du métal jaune a augmenté de 73 % puisque fin octobre 2019, l’once de 31 grammes coûtait 1 459 dollars.

Cette flambée est tout d’abord liée aux fortes tensions géopolitiques, et à l’incertitude économique qui en découle. Le Covid-19 puis la guerre en Ukraine, à laquelle s’est superposée la guerre à Gaza et la crainte d’un élargissement du conflit aux pays voisins, participent à la hausse de l’inflation et de la volatilité des prix, contre lesquelles les investisseurs cherchent à se protéger via l’or en tant que valeur refuge. Bien que la corrélation entre la hausse de l’inflation et la montée du cours de l’or ne soit pas systématiquement avérée.

Selon les analystes, la flambée de l’or serait due à l’anticipation de la baisse des taux d’intérêt par les banques centrales, en particulier par la Réserve fédérale américaine (FED), qui devrait suivre la tendance enclenchée par la Banque centrale européenne et la Banque d’Angleterre. Le 23 août, le président de la FED, Jerome Powell, a déclaré que « le temps [était] venu pour un ajustement de politique [monétaire] », qui devrait prendre effet en septembre prochain. La banque d’investissement UBS estime ainsi que l’once d’or pourrait atteindre 2 600 dollars d’ici à la fin de l’année 2024.


10 milliards de dollars de recettes pour le Ghana

La montée du cours du métal jaune a contribué à l’augmentation des recettes fiscales du Ghana. Les exportations d’or ont rapporté, principalement par le biais de l’impôt sur les sociétés, 5 milliards de dollars au pays ouest-africain au premier semestre 2024, représentant 54 % de la valeur totale des exportations du pays.

Pour le directeur général de la Commission des minéraux du Ghana, Martin Ayisi, si le cours de l’or se maintient au niveau de juillet, l’or devrait générer plus de 10 milliards de dollars sur l’ensemble de l’année 2024 contre 7,6 milliards de dollars en 2023, d’après le rapport annuel de la Banque du Ghana, soit une hausse de 31,6 % en un an. Sur cette même période, la production d’or ghanéen devrait croître de manière moins significative: elle a atteint 4,03 millions d’onces en 2023 et devrait s’établir entre 4,3 et 4,5 millions d’onces en 2024 selon la Chambre des mines du Ghana, soit une augmentation comprise entre 6,7 % et 11,7 %.

Le premier producteur d’or sur le continent, et huitième à l’échelle mondiale, n’est pas le seul pays africain qui pourrait tirer parti de cette tendance. Six autres pays africains figurent dans le top 20 des pays producteurs d’or en 2022, d’après le rapport annuel « World Mining Data » du ministère fédéral des Finances autrichien. Le Ghana, avec une production annuelle de 116 tonnes d’or, est repassé devant l’Afrique du Sud, qui se classe désormais 12e dans le classement mondial avec 96 tonnes, suivie par la Guinée et ses 86 tonnes. Le Mali, le Burkina Faso et la Tanzanie occupent respectivement la 15e, 16e et 17e place. Enfin, on retrouve la Côte d’Ivoire au 19e rang mondial.

Progressivement, les pays africains se taillent une part de plus en plus importante sur le marché international de l’or, bien que leur production augmente plus rapidement. Entre 2010 et 2020, la production africaine du métal précieux a crû de 35 % alors que la part de l’Afrique dans la production mondiale n’a progressé que de 12,5 %, passant de 20,2 % à 22,7 % selon le rapport de l’AFD intitulé « Le potentiel minier de l’Afrique: Panorama, enjeux et défis » paru en août.

Cet écart sous-tend que la concurrence internationale s’accélère face à une demande mondiale qui ne faiblit pas. Ainsi, le marché est loin d’être saturé et le secteur de l’or en Afrique a encore de beaux jours devant lui, comme en témoignent les 1 066 projets aurifères en cours de développement sur le continent, toujours d’après l’AFD.


Des réserves d’or considérables encore peu exploitées

L’avenir est d’autant plus prometteur pour les pays africains producteurs d’or qui possèdent des réserves non négligeables encore largement inexploitées. D’après le Mineral Commodity Summaries de l’U.S. Geological Survey (USGS) daté de janvier 2024, l’Afrique du Sud détient les troisièmes réserves mondiales, avec plus de 5 000 tonnes d’or estimées dans son sous-sol. Le Ghana, le Mali et la Tanzanie comptent aussi parmi les quinze pays avec les plus grandes réserves d’or au monde, selon les données de l’USGS.

La Commission économique pour l’Afrique des Nations unies évalue par ailleurs les réserves de la Guinée entre 1 000 et 2 000 tonnes, ce qui placerait le pays aux alentours du 10e rang mondial. Le Burkina Faso est aussi doté d’importantes réserves, mais elles restent encore largement inexplorées.

Cependant, pour que le continent sorte grand gagnant de cette envolée, la question de la transformation locale doit être abordée. Le raffinage local, créateur d’emplois, doit permettre de commercialiser le métal jaune à des prix plus élevés car aujourd’hui, l’essentiel de la production africaine d’or est raffiné en Chine, en Suisse ou encore au Canada. L’Afrique du Sud, qui dispose de raffineries depuis 1920, fait figure d’exception.

Mais cela est en passe d’évoluer. Début août, le Ghana a inauguré sa première raffinerie, la Royal Ghana Gold Refinery, conçue pour raffiner quelque 400 kg d’or par jour. En novembre 2023, c’est le Burkina Faso qui a entamé la construction de sa première raffinerie d’or, dont la mise en service est prévue à l’automne 2024. Au même moment, le Mali signait un accord avec la Russie pour bâtir sa seconde raffinerie, d’une capacité de 200 tonnes par an. Toutefois, les capacités de ces fonderies d’or ne suffiront pas à absorber l’intégralité de la production nationale du métal précieux.

Source: JeuneAfrique

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