Manon Laplace
Africa-Press – Niger. Dans un communiqué, les putschistes nigériens fustigent « l’ingérence » du secrétaire général des Nations unies, António Guterres, qu’ils accusent de les empêcher de prendre part à l’Assemblée générale de l’organisation, en cours à New York.
Le bras-de-fer qui oppose les soutiens de Mohamed Bazoum à ceux du général Abdourahamane Tiani continue de faire rage, à New York, pour savoir qui s’exprimera à la tribune des Nations unies à l’occasion de sa 78e Assemblée générale, ouverte le 19 septembre.
« Ingérence », « manœuvre de sape », « deal cynique »… Ce vendredi 22 septembre, le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP), la junte au pouvoir à Niamey, a diffusé un communiqué incendiaire, prenant « à témoins la communauté nationale et internationale quant aux agissements perfides [d’]António Guterres ».
Selon les tombeurs de Mohamed Bazoum, le secrétaire général des Nations unies aurait fait « obstacle à la pleine participation du Niger aux travaux de la 78e session de l’Assemblée générale de l’ONU ». Dans sa déclaration à la télévision nationale, le porte-parole du CNSP, Amadou Abdramane, affirme qu’António Guterres aurait « refusé de prendre acte des délégués de la république du Niger », tels que mandatés par les autorités putschistes.
Demande de révocation de Sangaré
Il dénonce surtout la révocation de Bakary Yaou Sangaré de son poste de représentant du Niger aux Nations unies – poste qu’il occupait sous la présidence de Mohamed Bazoum, avant d’être nommé ministre des Affaires étrangères par les putschistes. Peu avant la tenue de l’Assemblée générale de l’ONU, Hassoumi Massaoudou, le ministre des Affaires étrangères de Bazoum, avait demandé la révocation de Sangaré en tant que représentant permanent.
Une demande qualifiée de « fantaisiste » par le porte-parole de la junte nigérienne. À ce jour, ni la date de la prise de parole du Niger ni l’orateur ne sont connus. La déclaration du CNSP semble confirmer qu’il ne s’agira pas de Bakary Yaou Sangaré. Alkache Alhada, ancien ministre de l’Intérieur, puis du Commerce, de Mohamed Bazoum, présent à New York cette semaine, pourrait bien représenter son gouvernement à la tribune de l’ONU.
Niamey accuse Paris de « soutien actif aux groupes terroristes »
Dénonçant « une violation de la charte générale des Nations unies », les putschistes pointent aussi « la complicité de la France et de deux chefs d’État francophones de la Cedeao ». Paris chercherait, selon eux, à empêcher le Niger de dénoncer « le système de prédation néocolonial » mis en place et « d’apporter les éléments de preuve quant à son soutien actif aux groupes terroristes » qui agissent au Niger.
Ces dernières accusations rappellent en tous points celles portées, il y a un peu plus d’un an, par le ministre malien des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop. Le 16 août dernier, il écrivait au Conseil de sécurité des Nations unies afin de réclamer une réunion d’urgence sur la situation dans son pays. Objectif : apporter des « preuves » de la complicité de la France avec les groupes terroristes sévissant au Mali. Des preuves qui n’ont toujours pas été rendues publiques un an plus tard.
Source: JeuneAfrique
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