Africa-Press – Niger. C’est l’une attaque les plus meurtrières commises dans la zone dite « des trois frontières », région où se rencontrent, sans délimitation physique, les territoires du Mali, du Burkina Faso et du Niger et où opèrent des groupes djihadistes.
Plus d’une soixantaine de villageois membres de milices d’autodéfense ont été tués lors d’une attaque, dans la région de Tillabéri, théâtre depuis le début de l’année des actions meurtrières de djihadistes présumés. L’attaque s’est produite mardi, mais n’a été confirmée que jeudi 4 novembre par le gouvernement nigérien.
« Le mardi 2 novembre 2021,
(…) le maire de la commune de Bani Bangou, en déplacement avec une délégation des ressortissants de ladite commune, est tombé dans une embuscade tendue par des bandits armés non identifiés », écrit le ministère de l’intérieur dans un communiqué.
« Le bilan provisoire de l’attaque
(…) fait état de soixante-neuf morts, dont le maire [de Bani Bangou], et quinze rescapés », ajoute le communiqué, qui affirme qu’une « opération de ratissage a été engagée dans la zone » pour tenter de retrouver les assaillants. Le gouvernement a décrété un deuil national de quarante-huit heures à compter de vendredi.
Selon des sources locales interrogées par l’Agence France-Presse, le maire de Bani Bangou tué lors de l’attaque était à la tête de « comités de vigilance » de plusieurs villages du territoire de sa commune. L’une de ces sources a précisé que quatre-vingt-quatre membres de ces comités circulant à moto ont été visés par « des éléments de l’EIGS [Etat islamique dans le Grand Sahara] lourdement armés » circulant également à moto. L’attaque n’a pas été revendiquée et les assaillants sont repartis « vers le Mali en emportant les corps de leurs combattants », selon cette source.
Multiplication des attaques en 2021
Selon un ancien maire de la région, des villageois s’étaient récemment constitués en comités d’autodéfense pour veiller sur les paysans travaillant dans leurs champs régulièrement ciblés par des hommes armés. Ces comités avaient décidé mardi de traquer jusque dans leur repaire situé à une cinquantaine de kilomètres de Bani Bangou, des hommes armés qui attaquent les villages et volent le bétail, a-t-il souligné.
Depuis le début de l’année, des groupes djihadistes multiplient les attaques sanglantes contre des civils dans la zone de Bani Bangou et des communes voisines de la région de Tillabéri, faisant des centaines de morts.
Le bilan de cette attaque porte à plus de six cents le nombre de personnes tuées cette année dans des raids contre des civils dans les régions frontalières du sud-ouest du Niger, soit plus de cinq fois le bilan de toute l’année 2020, selon l’ONG Acled (Armed Conflict Location & Event Data Project), qui collecte des données sur les conflits dans le monde.
Le 2 janvier 2021, cent personnes avaient été tuées dans les attaques de deux villages de la région. Dans la région de Tahoua, proche de celle de Tillabéri, cent quarante et une personnes avaient été tuées en mars par des djihadistes présumés, dans plusieurs hameaux et campements.
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