Africa-Press – Niger. Dans le cadre de la mise en œuvre de l’Agenda 2030 pour le développement durable, et plus particulièrement de l’Objectif de développement durable 4 (ODD 4), la question des enseignants qualifiés en nombre suffisant se pose avec acuité dans la région du Sahel. C’est dans ce contexte que s’inscrit le projet « Améliorer l’enseignement dans la région du Sahel », financé par l’Union européenne et mis en œuvre par l’UNESCO au Burkina Faso, au Mali, en Mauritanie, au Niger et au Tchad.
Ce projet a démarré en 2021 et a permis d’importantes avancées, dont la réalisation d’un diagnostic approfondi de la gouvernance enseignante, l’élaboration de politiques enseignantes en Mauritanie et au Tchad, la révision des plans d’action nationaux au Burkina Faso, au Mali et au Niger, ainsi que la proposition d’un cadre curriculaire commun visant à professionnaliser le métier d’enseignant.
Pour capitaliser sur ces résultats et renforcer le plaidoyer en faveur de politiques enseignantes efficaces, un atelier régional de haut niveau a été organisé à Nouakchott du 26 au 30 mai 2025. Structuré en deux phases – une session technique suivie d’un segment politique – cet événement a réuni les représentants des ministres en charge de l’Éducation des cinq pays concernés, accompagnés de leurs équipes techniques, ainsi que des représentants de l’Union européenne, de l’UNESCO, dont la Sous-Directrice générale pour l’Éducation, des experts d’institutions spécialisées (IIPE, IICBA, BIE) et des partenaires.
Les travaux ont porté sur trois axes prioritaires: le rôle des Communautés de Pratique (CdP) dans la formation continue des enseignants, le financement durable des politiques enseignantes, et l’affectation équitable des enseignants, avec une attention particulière accordée à la dimension genre. À l’issue des discussions, quatre avancées majeures ont été enregistrées. Premièrement, l’adoption d’un recueil de bonnes pratiques couvrant le financement, l’affectation des enseignants et l’animation des CdP, qui servira désormais de référence commune aux administrations éducatives de la région. Deuxièmement, un engagement collectif des pays à réformer leurs systèmes de gestion des ressources humaines, avec l’instauration de critères d’affectation transparents et décentralisés, le renforcement des SIGE, et une meilleure intégration des outils numériques. Troisièmement, une volonté partagée d’assurer un financement pérenne des politiques enseignantes, combinant mobilisation de ressources innovantes et optimisation des budgets existants. Enfin, les participants ont exprimé leur détermination à généraliser les Communautés de Pratique, en s’appuyant sur les TIC pour renforcer le développement professionnel continu.
Durant le panel des décideurs, M. Alhousseini Mamane, Directeur général de la promotion de la qualité représentant la Ministre de l’Éducation nationale, de l’alphabétisation et de la promotion des langues, a exprimé au sujet des bonnes pratiques partagées par son pays. Il a mis en avant une avancée essentielle: l’existence de textes juridiques qui encadrent officiellement les communautés de pratique enseignantes. Cela garantit leur pérennité et leur reconnaissance au sein du système éducatif national.
Cet atelier s’est conclu par l’adoption de la Déclaration de Nouakchott, qui réaffirme l’engagement des pays à accélérer les réformes en faveur d’un enseignement de qualité. Ce document souligne que la volonté politique constitue un levier indispensable pour transformer les systèmes éducatifs sahéliens. Les prochaines étapes consisteront en un suivi rigoureux des engagements pris, avec l’appui technique de l’UNESCO et de ses partenaires, afin d’assurer une mise en œuvre concrète et coordonnée des recommandations issues de ces travaux.
Cette initiative marque une étape importante dans la professionnalisation du métier d’enseignant au Sahel, tout en illustrant l’importance du dialogue régional et de la coopération internationale pour relever les défis éducatifs dans des contextes complexes. La mobilisation des hautes autorités éducatives et des partenaires techniques lors de cet atelier témoigne d’une reconnaissance collective de l’enseignant comme acteur clé de la qualité de l’éducation et, in fine, du développement durable de la région.
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