Africa-Press – Niger. Le Président de la République, Chef de l’État, le Général d’Armée Abdourahamane Tiani a présidé, ce vendredi 12 décembre 2025 au centre international de conférences Mahatma Gandhi de Niamey, la cérémonie de la rentrée judiciaire au titre de l’année 2025-2026. Placée sous le thème « La justice: défis et perspectives dans le contexte de la refondation », cette cérémonie, loin d’être une tradition annuelle, est un moment de réflexion marquant le début d’un nouveau cycle d’engagement au service du droit, du justiciable et de la communauté.
L’évènement s’est déroulé en présence du Premier ministre, des membres du CNSP et ceux du gouvernement, des présidents des institutions de la République, des délégations venues du Burkina Faso et du Mali, des représentants du corps diplomatique et consulaire et de tous les acteurs du secteur de la justice nigérienne.
Après l’instant solennel marqué par l’exécution de l’hymne du Niger et celui de la Confédération des États du Sahel (AES), le Chef de l’État, Président du Conseil supérieur de la magistrature a ouvert l’audience. Ainsi, après la lecture de l’ordonnance fixant la date de la rentrée judiciaire, le premier président de la Cour d’État, M. Abdou Dan Galadima, et le bâtonnier, Me Fati Kountché Adji, ont dressé l’état des institutions judiciaires nigériennes. Les états généraux de la justice en 2012 et les Assises nationales pour la refondation en 2025 ont fixé des objectifs à la justice nigérienne, dont le renforcement des capacités de la justice, l’amélioration de l’accès à la justice, le renforcement de la crédibilité de la justice, le renforcement de la justice pénale dans la lutte contre la criminalité transnationale organisée, la promotion et la protection des droits humains.
Dans son intervention, le Président de la République, le Général d’Armée Abdourahamane Tiani a expliqué que la thématique de cette rentrée appelle à une réflexion approfondie et sans complaisance sur la place et le rôle de la justice dans notre société. Cette réflexion a souligné que le Chef de l’État doit tenir compte en particulier de la nouvelle donne, à savoir la nouvelle orientation socio-politique, économique et culturelle, d’une part, et les attentes du peuple, d’autre part.
Dans la prise en charge effective de cette thématique, le Président du Conseil supérieur de la magistrature a exhorté les magistrats à se départir de toute passion pour s’interroger avec humilité sur le rapprochement de la Justice du justiciable. « Le peuple au nom duquel la justice est rendue, est-il satisfait de la justice? Les citoyens ont-ils confiance dans leur justice? Quelles insuffisances constatons-nous? Quelles réformes et quels changements de culture devraient être entrepris pour donner à la justice toutes ses lettres de noblesse? Quelles responsabilités nouvelles pour la justice en rapport avec le respect de notre souveraineté, la défense des intérêts de l’État et la protection de notre société en cours de refondation? », a-t-il demandé.
S’agissant de l’état de la justice dressé auparavant, le président de la Cour d’État a souligné l’insuffisance du personnel judiciaire. Selon les statistiques officielles, les effectifs de magistrats sont passés de 382 en 2014 à 502 en 2024. Pour la même période, le nombre de greffiers a évolué de 350 à 410. La population quant à elle a accru de 17 833 267 habitants à 26 312 034 habitants. Le ratio national magistrat/habitant est d’un magistrat pour 50 197 habitants en 2015 et d’un magistrat pour 54 208 habitants en 2023, alors que la norme universelle est d’un magistrat pour 20 000 habitants. La conséquence est que le magistrat nigérien est au service de trois fois plus de justiciables que la normale. Le ratio greffier-magistrat, ajoute M. Abdou Dan Galadima, demeure également préoccupant alors que la norme internationale préconise trois greffiers pour un magistrat. Le ratio nigérien est entre 0,92 en 2014 et 0,68 en 2022. Une insuffisance qui oblige ainsi un greffier à abattre le travail de trois greffiers.
Maitre Fati Kountché Adji, Bâtonnière, a appuyé que dans ce contexte de refondation, la justice doit être perçue et surtout être totalement impartiale, mais cela exige de chaque magistrat et acteur de la justice un devoir d’exemplarité irréprochable et un engagement sans faille contre toute forme de corruption ou d’influence nonobstant les amitiés, les affinités avec le pouvoir politique, économique. « Si légitime soit-il, il ne doit pas nous amener à poser des actes que reprouvent nos serments. C’est le prix à payer pour restaurer la confiance du justiciable », a-t-elle précisé.

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