De moins en moins de poissons pour les populations locales

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De moins en moins de poissons pour les populations locales
De moins en moins de poissons pour les populations locales

Africa-Press – Niger. Avant c’était pos­sible de pêcher toute l’année, mais à cause de l’ensa­blement, maintenant tu vas seulement te fatiguer et revenir à la maison bre­douille», déplore le pêcheur Abdoul Rahamane. Long de 4,200 km, le Niger fait vivre plus de 100 millions de Sahéliens. Ses premiers bé­néficiaires sont les Sorkos, ou «hommes de l’eau»: pêcheurs, piroguiers, sau­veteurs occasionnels, ils tirent leur subsistance du fleuve depuis des siècles. Mais à partir des années 1980, le fleuve a commen­cé à s’ensabler au point qu’il est désormais possible de le traverser à pied à Niamey à plusieurs endroits en pé­riode d’étiage, de mars à mai. Un phénomène qui bouleverse le mode de vie des Sorkos et les contraint à se détourner d’une activi­té ancestrale.

Au Niger, un pays où l’agri­culture et l’élevage em­ploient plus de 80 % de la population, le développe­ment des surfaces agricoles et le défrichement ont ac­céléré l’érosion des terres sablonneuses dont les par­ticules se déversent dans les cours d’eau, selon une étude publiée en 2022 par des chercheurs nigériens.

Les terres cultivées ont connu une augmentation de 73 % entre 1960 à 2010. La hausse des précipitations au Sahel et leur imprévisibili­té depuis les années 1980 ont encore aggravé l’éro­sion des sols. «Le secteur va mal, il n’est pas bien or­ganisé tandis que le fleuve est gravement menacé», estime Moussa Sanou, re­présentant d’une associa­tion de pêcheurs de Niamey. Quelque 50 000 personnes vivent de la pêche au Niger, mais elle ne suffit pas à com­bler la demande nationale dépendante des importa­tions des pays voisins, se­lon le réseau national des chambres d’agriculture du Niger (Reca). «Pour donner un second souffle au sec­teur, il faudra curer le fleuve pour permettre aux poissons de se reproduire beaucoup et adopter le système de pisciculture moderne», es­time Moussa Sanou.

Les efforts consentis jusqu’à présent n’ont pas suffi à in­verser la tendance. En 1985 déjà, les autorités alertées par l’assèchement total du fleuve pendant 24 heures, avaient appelé la population à creuser le sable. En pé­riode d’étiage, les camions bennes remplacent les pi­rogues, avec l’autorisation du gouvernement, pour pré­lever le sable et fournir les constructeurs en ciment. Plusieurs programmes de lutte contre l’érosion des sols et le développement de la pisciculture ont été initiés par les régimes successifs, avec l’appui des partenaires internationaux.

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