Africa-Press – Niger. Cela peut surprendre, évidemment, mais la taille des montagnes n’est pas fixe. Il en est ainsi du Mont Everest, le sommet le plus haut du monde, situé dans la chaîne de l’Himalaya, sur la frontière entre le Népal et la Chine. Son altitude officielle a longtemps été de 8.848 mètres, d’après une étude de l’Inde datant de 1954, mais en 2020, les deux pays frontaliers de la mythique montagne se sont mis d’accord sur une nouvelle mesure: 8.848,86 mètres.
La poussée des plaques tectoniques, explication classique aux gains en altitude de l’Everest
Mais ses altitudes ne sont pas gravées dans le marbre. Car la taille de l’Everest évolue. Son élévation est généralement attribuée à des mouvements tectoniques. La chaîne de l’Himalaya est en effet le fruit de la collision entre les plaques indo-australienne et eurasienne. Or elles continuent de se déplacer, ce qui contribue à faire “pousser” l’Everest – c’est de l’ordre de quelques millimètres par an.
Néanmoins, la croissance de l’Everest ne serait pas uniquement liée à cette cause tectonique. Ainsi une nouvelle étude scientifique publiée dans Nature Geoscience révèle un processus inattendu qui contribue au soulèvement du Mont Everest: selon les chercheurs, le phénomène géologique de “capture fluviale” aurait été déterminant.
Ces spécialistes estiment qu’il y a environ 89.000 ans, le réseau de rivières autour du Mont Everest aurait été modifié: une rivière a changé de direction, capturant une partie du flux d’eau qui se dirigeait auparavant vers d’autres vallées. Ce phénomène a provoqué une érosion plus rapide des vallées, en creusant davantage les gorges et modifiant le paysage environnant.
Une modélisation, mais pas de preuves physiques relevées au pied de l’Everest
À la suite de cette érosion, la croûte terrestre a réagi en “rebondissant” vers le haut, un effet connu sous le nom de réponse isostatique. Ce soulèvement de la croûte terrestre a contribué à une élévation supplémentaire du Mont Everest, estimée entre 15 et 50 mètres, écrivent les auteurs de l’étude publiée dans Nature Geoscience.
Cette découverte montre comment les interactions entre les rivières et les processus tectoniques peuvent influencer la formation des plus hauts sommets du monde.
Néanmoins “la capture fluviale est estimée à 89.000 ans par une modélisation”, précise à Sciences et Avenir le professeur de géographie physique Denis Mercier de Sorbonne Université, qui n’a pas participé à cette étude. “Elle ne correspond donc pas à un âge réel obtenu par des datations cosmogéniques (liées à la mesure d’isotopes produits par les interactions entre des rayonnements cosmiques et des roches terrestres, ndlr) précises à partir de roches prélevées sur le terrain”. D’autres études seront donc à faire pour clore le diagnostic quant aux poussées de croissance de l’Everest.
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