Justice climatique : l’Afrique frappe du poing sur la table

20
Justice climatique : l’Afrique frappe du poing sur la table
Justice climatique : l’Afrique frappe du poing sur la table

Africa-Press – Niger. Deux mois avant la tenue dans la station balnéaire de la mer Rouge de Charm el-Cheikh, en Égypte, de la Conférence mondiale de l’ONU sur le climat (COP27), les représentants de 24 pays africains ont appelé les pays développés à respecter leurs engagements financiers pour aider le continent à s’adapter au changement climatique. « Nous exhortons les pays développés à tenir leurs promesses en matière de financement du climat et du développement et à respecter leurs engagements de doubler les financements alloués à la transition écologique, en particulier pour l’Afrique », ont-ils soutenu depuis Le Caire, lors d’une réunion préparatoire sur le changement climatique.

L’Afrique (seule) face aux défis climatiques

Il faut souligner que l’heure est grave et les dirigeants africains souhaitent saisir les sommets successifs pour (enfin) capter l’attention de la communauté internationale. Arguments à l’appui, ils ont rappelé « l’impact disproportionné du changement climatique (…) sur le continent compte tenu de sa faible empreinte carbone, l’Afrique contribuant à moins de 4 % des émissions de gaz à effet de serre » alors même que les « forêts du bassin du Congo » sont, avec l’Amazonie, le principal poumon vert de la planète – et « captent le carbone ».

Cette rencontre de trois jours, accueillie par l’Égypte dans la « nouvelle capitale » qui sort des sables à 50 km du Caire, s’est déroulée après un sommet en début de semaine aux Pays-Bas destiné à soutenir l’Afrique face au changement climatique. Un rendez-vous qui figurait, pourtant, à l’agenda international et tenu en Europe, mais en l’absence des dirigeants des pays industrialisés. Un fait que le président sénégalais Macky Sall, également à la tête de l’Union africaine (UA), a relevé « avec amertume » à Rotterdam.

En guise de réponse, l’émissaire américain pour le climat, John Kerry, déclarait mercredi, devant les représentants des pays africains, qu’il espérait que la COP27 puisse libérer « l’énergie dont (ils ont) besoin pour changer le monde ». « Nous sommes en difficulté », affirmait-il.

Cette si difficile mobilisation de la communauté internationale

La COP27 prévue en novembre en Égypte a pour objectif de « porter la voix des dirigeants africains afin de mobiliser plus de soutien international pour un rétablissement écologique de l’Afrique », selon la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique. Elle doit également se pencher sur les financements destinés à aider les pays les plus vulnérables à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre.

Les dirigeants africains ont, eux, appelé depuis Le Caire à « réduire le coût de l’emprunt vert », citant « le rôle déterminant des organisations financières internationales et des banques multilatérales de développement » dans ce domaine.

Pour l’Égypte, ce forum aura permis de « préparer le terrain » pour le « jour de la finance », qui aura lieu durant la COP27 et qui est organisé par le ministre des Finances égyptien, a déclaré sa collègue, Rania al-Mashat, ministre de la Coopération internationale, durant la cérémonie de clôture du forum. Le pays de 103 millions d’habitants, dont la côte nord est menacée par la montée des eaux et qui voit ses coraux mourir avec le réchauffement de la mer Rouge, multiplie déjà les projets pour atteindre son objectif de 42 % de son électricité provenant d’énergies renouvelables d’ici à 2035.

Pour le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, « 800 milliards de dollars par an sont nécessaires pour atténuer le changement climatique d’ici à 2050 ». Il a appelé la communauté internationale à « soutenir les pays en développement et le continent africain face aux effets du changement climatique ». « L’Égypte est un des premiers pays à avoir une stratégie pour le développement durable », a-t-il encore dit, s’enorgueillant du « parc solaire de Benban à Assouan, un des plus importants au monde ».

La question de l’aide des pays riches au cœur du débat

« La communauté internationale doit prendre une position ferme et s’engager à ce que chacun remplisse ses obligations, comme le prévoit l’accord de Paris », a insisté, la ministre de l’Environnement égyptien, Yasmine Fouad, dans un entretien à l’AFP.

En 2015, 196 États membres de l’ONU s’accordaient à Paris sur l’objectif de contenir le réchauffement climatique en dessous de + 2°C d’ici à 2100, et, si possible, + 1,5 °C par rapport aux températures de l’ère préindustrielle, mais la montée en flèche des émissions de carbone a depuis mis en péril ces objectifs.

L’accord de Paris réaffirmait que les pays développés doivent apporter une aide financière aux pays moins bien dotés et vulnérables alors que, déjà en 2009 à Copenhague, ces pays s’engageaient à porter à 100 milliards de dollars par an en 2020 l’aide aux pays pauvres pour réduire leurs émissions et s’adapter aux impacts du changement climatique.

Cette promesse, non tenue, sera d’ailleurs sans aucun doute encore une fois un des sujets de contentieux de cette COP. Une vaste coalition d’ONG internationales réclame que cette question épineuse de l’aide des pays riches aux plus pauvres pour faire face aux impacts des catastrophes climatiques soit formellement inscrite à l’agenda du rendez-vous de Charm el-Cheikh. « Nous sommes dans l’ère des pertes et des dommages. Ces derniers mois, nous avons été témoins de canicules, sécheresses et inondations », écrivent plus de 400 associations dans une lettre publiée cette semaine, à l’initiative du Climate Action Network, principal réseau mondial regroupant plus de 1 300 ONG impliquées dans les questions d’environnement et de climat. Ils évoquent notamment les inondations actuelles au Pakistan et la sécheresse dans la Corne de l’Afrique. Ils réclament en vain depuis des années un mécanisme financier spécifique pour compenser les préjudices qu’ils endurent déjà, à hauteur de centaines de milliards d’euros.

La question avait été à l’origine de fortes tensions lors de la dernière COP de Glasgow, débouchant finalement sur la décision de simplement créer un cadre de « dialogue » jusqu’en 2024. Mais pays pauvres et ONG de défense de l’environnement entendent remettre sur la table ce sujet à la COP27. Ce rendez-vous sera « un moment crucial pour que les gouvernements coopèrent et agissent de manière solidaire face à une urgence climatique qui s’aggrave », poursuivent les ONG dans leur missive aux délégués. « Ils doivent prendre les premières mesures nécessaires pour que la question du financement des pertes et dommages soit à l’agenda afin d’assurer un résultat significatif à la COP27 pour répondre à l’intensification de la souffrance des personnes confrontées à la crise climatique et à ses conséquences », avancent les signataires.

Pour plus d’informations et d’analyses sur la Niger, suivez Africa-Press

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here