Les chenilles sont capables de détecter un prédateur grâce à son champ électrique

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Les chenilles sont capables de détecter un prédateur grâce à son champ électrique
Les chenilles sont capables de détecter un prédateur grâce à son champ électrique

Africa-Press – Niger. Pour échapper à leurs prédateurs, les proies ont souvent différents outils à leur disposition, visibles comme invisibles. C’est le cas des chenilles qui sont capables de repérer le champ électrique produit par les insectes qui pourraient être tentés de les manger.

Un champ de force invisible mais précieux chez ceux capables de le ressentir

La communauté scientifique sait bien qu’un champ électrique peut conférer aux animaux d’étonnants super-pouvoirs. Par exemple, les vers Caenorhabditis elegans peuvent utiliser le champ électrique d’un insecte pour se déposer sur lui, et s’en servir ensuite de taxi. Et les pollinisateurs sont capables de repérer le champ électrique autour des fleurs.

Des phénomènes possibles car les “objets chargés électriquement émettent des champs électriques qui exercent des forces sur d’autres objets chargés”. Et “parce que les animaux et les plantes sont presque toujours chargés électriquement”, expliquent deux chercheurs de l’Université de Bristol (Royaume-Uni) dans une étude parue le 20 mai 2024 dans la revue Pnas. Il suffit donc qu’un autre organisme soit sensible à cette charge électrique.

Ce champ de force invisible pourrait rentrer dans la course à l’armement qui se joue entre proie et prédateur et qui conduit chacun à vouloir localiser l’autre, pour lui échapper ou pour l’attraper, à l’aide de ses sens. Pour en savoir plus sur cette potentielle interaction invisible à nos yeux, les scientifiques britanniques ont réalisé des analyses sur des chenilles de trois espèces (Tyria jacobaeae, Telochurus recens et Aglais io) et sur un prédateur, la guêpe commune (Vespula vulgaris).

Des poils qui bougent selon le champ électrique

De cette façon, ils ont découvert que ces trois espèces de chenilles sont bien capables de repérer un champ électrique identique à celui produit par une guêpe lorsqu’elle vole (les animaux terrestres accumulent une charge électrostatique lorsqu’ils bougent dans leur environnement). Les chenilles adoptent ensuite des comportements anti-prédateurs destinés à la défense (enroulement, morsure…). Encore fallait-il trouver quelle partie de leur anatomie est électro-réceptive. C’est aussi chose faite.

Ce sont les setæ des chenilles, des sortes de poils, qui jouent le rôle de récepteurs. Ces derniers bougent en réponse aux champs électriques et sont sensibles à un champ oscillant à une fréquence qui correspond aux battements des ailes de leur prédateur (180 Hz). “Cette modulation existe parce que les ailes sont chargées et, à mesure qu’elles battent, oscillant de plus en plus près de la proie, l’intensité du champ électrique augmente lorsque les ailes sont plus proches et diminue lorsque les ailes sont plus éloignées, créant une oscillation du champ électrique”, détaille l’étude. Pour les chercheurs, cette découverte dévoile une dimension cachée des interactions entre les proies et les prédateurs terrestres.

Les auteurs de cette nouvelle étude s’inquiètent de l’impact que peuvent avoir les lignes électriques sur cette capacité. “Il a déjà été démontré que de nombreuses espèces de chenilles mangent moins, deviennent stressées et accélèrent leur développement lorsqu’elles sont exposées à des sons aux mêmes fréquences testées dans cette étude”, alertent les chercheurs. Ils craignent que les “bruits électriques” produits par l’humain ne brouillent cette capacité de détection si précieuse pour la survie des chenilles.

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