Africa-Press – Niger. Dans les marchés, aux abords des routes ou même dans les quartiers populaires de la capitale, la vente des moustiquaires imprégnées est devenue une activité courante. Derrière ce commerce, des jeunes vendeurs et couturiers tirent leur épingle du jeu, tout en contribuant indirectement à la lutte contre le paludisme.
Abdoul Raouf Salah, un jeune vendeur de moustiquaires imprégnées rencontré au rond-point ENA, explique la complexité de la vente. « Nous nous approvisionnons au Nigeria, et là-bas les moustiquaires ne coûtent pas cher puisqu’on les achète entre 750 FCFA et 1 000 FCFA l’unité, et on les revend ici à 1 500 FCFA voire 2 000 FCFA. Mais, les gens trouvent que c’est cher, car eux, ils pensent que c’est gratuit ou subventionné par l’Etat ou les ONG. Alors que ce n’est pas le cas », a-t-il expliqué. D’après lui, les débuts de ce commerce étaient très prometteurs. « A un certain moment, on écoulait 10 à 15 par jour, mais maintenant, à peine on vend 2 à 3 moustiquaires et cela s’explique par la méfiance des clients face à l’origine de nos articles », a-t-il expliqué.
En cette période où le paludisme continue de faire des ravages, certains artisans nigériens ont choisi de contribuer, à leur manière, dans la lutte contre le paludisme. Parmi ces personnes figure M. Omar Mahamadou Moussa, tailleur au grand marché de Niamey et fabricant de moustiquaires depuis 1988. Installé dans son atelier modeste mais bien organisé, il explique les raisons qui l’ont motivé à embrasser ce métier. « Comme beaucoup de familles n’ont pas toujours les moyens d’acheter les moustiquaires importées, je me suis dit et si je fabriquais des moustiquaires avec des matériaux accessibles et durables », a-t-il ajouté.
M. Oumar Mahamadou, explique qu’il produit en moyenne soixante-dix moustiquaires par semaine. Avant, selon lui, les commandes lui venaient des particuliers, des ONG et des associations. Pour lui, ce travail est une façon d’aider la communauté à se protéger. « J’ai misé sur la qualité et la proximité. Mes moustiquaires sont cousues à la main, renforcées aux angles et proposées aux clients à des prix adaptés au pouvoir d’achat local, soit 1 000 FCFA l’unité voire 2000 FCFA. Tu pourras avoir une bonne moustiquaire », a-t-il précisé.
Même son de cloche pour Oussama Dicko, un autre fabricant de moustiquaires depuis 1975. Relaxe et souriant, il voit dans ce métier un business rentable. « J’ai tout gagné dans ce métier et je continue d’en avoir encore ». Il ajoute qu’auparavant, les projets et les ONG leur donnaient des commandes. « Des fois, ils nous donnent jusqu’à 1 000 à 2000 unités de moustiquaires à faire, ou au-delà même, et à de bons prix », a-t-il précisé. « Si j’avais plus de machines, je pourrais embaucher d’autres jeunes. Ce serait une manière de créer de l’emploi tout en sauvant des vies », a-t-il lancé avec un air souriant. « Je demande à la population de venir acheter et à l’Etat aussi de nous faire confiance en nous donnant des marchés de fabrication des moustiquaires au lieu de les importer, car nous sommes vraiment capables de le faire », a-t-il plaidé.
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