Nouveau visiteur interstellaire 3I/Altas dans le système solaire

1
Nouveau visiteur interstellaire 3I/Altas dans le système solaire
Nouveau visiteur interstellaire 3I/Altas dans le système solaire

Africa-Press – Niger. Elle s’appelle 3I/Atlas, avec un “i” pour “interstellaire” et un 3 parce qu’elle est la troisième de son genre. Après 1I/Oumuamua en 2017 et 2I/Borissov en 2019, c’est au tour de cette comète venue d’ailleurs de rejoindre le club très sélectif des objets célestes venus de l’extérieur de notre système solaire.

Repérée pour la première fois le 1er juillet 2025 par l’observatoire d’El Sauce au Chili, elle a été baptisée d’après le réseau de surveillance spatial Atlas (Système d’alerte ultime d’impact d’astéroïdes) dont le télescope fait partie. “[L’objet] a été découvert sur quatre images de surveillance et elle semblait juste être un nouvel objet géocroiseur et a été soumise à la page de confirmation des NEO du Centre des Planètes Mineures (CPM)”, explique Larry Denneau, chef informaticien du système ATLAS. “Au moment de la découverte, nous ne savions pas que son orbite était interstellaire.”

Une excentrique de passage

Comme pour ses deux prédécesseurs, le passage de 3I/Atlas est un événement particulièrement rare dans notre ciel: en plus d’être peu fréquents, les objets interstellaires ont la fâcheuse tendance de sortir de “nulle part” sur des trajectoires parfaitement aléatoires. Leur observation est donc toujours le fruit du hasard.

“Il n’y a pas besoin de télescopes énormes. Par exemple, Borissov avait été découvert par un astronome amateur de Crimée, dans son propre observatoire (l’objet a été nommé d’après son créateur, ndlr) !”, raconte Patrick Michel, astrophysicien et directeur de recherche au CNRS, actuellement à la tête de la mission Hera pour l’Agence Spatiale Européenne (ESA). “Il faut voir que le système solaire, à l’échelle de l’Univers, ne représente rien du tout. Donc même s’il y a probablement de nombreux objets qui sont expulsés de leurs systèmes planétaires, statistiquement, pour que l’un d’entre eux croise notre système, il faudrait qu’il y en ait énormément.”

La première caractéristique de ces objets est avant une orbite présentant une forte « excentricité ».

Cette valeur, comprise entre 0 et 1 pour les planètes de notre système solaire, exprime à quel point l’orbite d’un corps est centrée sur le soleil: à 0, l’objet gravitera en un cercle parfait autour de son étoile tandis qu’à 1, il tracera une ellipse. Au-delà, il formera une “trajectoire ouverte”, vouée à échapper au Soleil. Calculée facilement à partir des premières observations, c’est cette valeur qui permet à un objet céleste d’être considéré comme interstellaire.

Ainsi, si les planètes de notre système présentent des scores allant de 0.006 pour Vénus à 0.205 pour Mercure, Oumuamua caracolait à près de 1,197, tandis que Borissov montait à 3.357. Deux scores impressionnants qui n’arrivent pourtant pas à la cheville d’Atlas, qui traverse actuellement notre système solaire avec une trajectoire d’une excentricité de 6.

Autre particularité de la comète: sa vitesse, qui surpasse, elle aussi, largement celles de ces prédécesseurs. Tandis que Oumuamua et Borissov fendaient l’espace à 26 et 30 km/s respectivement, Atlas traverse actuellement notre système solaire à près de 60 km/s. “Cet objet est originaire de très loin hors de notre système (dans la direction de la constellation du Sagittaire, ndlr)”, ajoute Larry Denneau. “Elle voyage si vite qu’elle va échapper à l’influence gravitationnelle du Soleil et quitter notre système pour ne jamais revenir.”

À l’heure actuelle, 3I/Atlas se trouve très loin de la Terre, à une distance similaire à celle de Jupiter, et ne présente aucun risque de collision avec notre planète. Caractérisée comme comète, à l’instar de 2I/Borissov, elle devrait passer entre l’orbite de Mars et celui de notre planète en octobre 2025. Elle sera alors à son périhélie ; son point le plus proche du soleil.


Portrait d’une voyageuse interstellaire

Pour l’instant, 3I/Atlas n’est encore qu’un point très loin dans le ciel et très peu d’informations ont pu être rassemblées à son sujet. Sa taille et sa composition restent ainsi encore inconnues. “Beaucoup d’efforts sont en cours pour mieux comprendre cet objet !”, s’enthousiasme Larry Denneau. “Elle ressemble à une comète, mais nous ne savons pas si sa composition est la même que celles de notre système solaire. […] Les astronomes vont passer les mois à venir à l’observer très attentivement.”

L’objet sera notamment examiné par le nouvel observatoire Vera Rubin, qui s’est déjà illustré en découvrant près de 2100 nouveaux astéroïdes lors de sa première observation et devrait permettre de collecter de précieuses informations sur la comète.

“Nous sommes actuellement en phase de test du télescope, et nous étudions en ce moment même la possibilité de réaliser des clichés de cet objet pour démontrer les performances de l’observatoire”, explique Johan Bregeon, chargé de recherche en cosmologie observationnelle et responsable scientifique du Rubin-LSST France. En tête de liste des informations attendues: la confirmation (ou non) de la présence d’acides aminés sur la surface de la voyageuse.

“Avec la spectroscopie, on peut arriver à détecter la signature de certains minéraux et certaines molécules: on le fait pour les comètes du système solaire, donc évidemment, il faut tenter le coup pour celle-là, comme on l’a fait pour Oumuamua”, explique Patrick Michel. “En regardant dans quelle longueur d’onde [M1/Altlas] réémet la lumière qu’elle reçoit, on peut détecter des signatures spectrales qui sont des bandes caractéristiques de certains éléments.”

De rares visites

Avec seulement trois occurrences détectées en huit ans, le passage d’un objet interstellaire reste un événement particulièrement rare dans notre ciel, avec un rythme de passage estimé à une visite par an. Une chance inestimable pour les astronomes d’en apprendre plus sur l’extérieur de notre système solaire.

“On n’aura malheureusement jamais l’opportunité d’aller voir dans d’autres systèmes planétaires directement, mais si un témoin de ces systèmes arrive jusqu’à nous, c’est une opportunité unique”, souligne Patrick Michel. “Ils nous apportent des informations sur l’environnement dont ils viennent qu’on ne pourrait jamais obtenir directement depuis la Terre.”

Cependant, si ces visites sont des sources de renseignement inestimables, elles restent difficiles à exploiter, notamment face à l’impossibilité de récolter des échantillons sur place. En effet, si nous avons déjà réussi à intercepter des comètes comme celle de Tchouri, ces missions sont le fruit de plusieurs années de travail sur des objets à trajectoire connue. Difficile donc de réitérer l’exploit avec un objet céleste sorti de nulle part sur une trajectoire complètement aléatoire.

Les dernières avancées technologiques et la mise en service de l’observatoire Vera Rubin permettent cependant de caresser l’espoir de plus facilement détecter ces voyageurs de passage. “Cet observatoire est une véritable machine à objets transitoires, on attend, durant les premiers mois, la détection de plusieurs millions d’objets variable chaque nuit”, explique Johan Bregeon. “Parmi ceux-ci, on compte une majorité d’étoiles variables, mais il y aura aussi les supernovas, les astéroïdes et les visiteurs interstellaires sans aucun doute.”

Sur le long terme, certains chercheurs espèrent même réussir à effectuer des missions “sur place” en tirant parti de ces observations plus précises, qui pourraient permettre des détections plus précoces.

“Est-ce qu’on peut rendre visite à un objet pareil?”,questionne Patrick Michel. Ce n’est pas évident, parce qu’ils sont découverts tard et qu’ils passent très vite. Mais la mission Comet Interceptor de l’Agence Spatiale Européenne (ESA) va être lancée en 2029 et parquée au point de Lagrange L2 comme le télescope James Webb pour attendre les comètes à longue période, qui sont aussi découvertes tard. […] Si un objet interstellaire arrivait avec les bonnes conditions (de vitesse et de trajectoire, ndlr) pour qu’ils puissent l’intercepter, ils le feraient !”.

Pour plus d’informations et d’analyses sur la Niger, suivez Africa-Press

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here