Africa-Press – Niger. Aussi large que Jupiter mais aussi peu dense que de la barbe à papa, l’exoplanète HIP 67522 b orbite autour de son étoile en seulement sept jours, à une distance si courte qu’elle pourrait tenir dans la couronne solaire. Cette proximité génère des interactions avec le champ magnétique stellaire. Un phénomène qui, d’après les observations réalisées par les satellites Cheops et TESS, déclenche des éruptions à la surface de l’astre. Quinze d’entre elles ont été recensées, dont onze juste après le passage de la planète devant l’étoile.
Un mécanisme longtemps soupçonné
Depuis les années 1990, des astrophysiciens suggéraient que certaines planètes, en orbite très serrée, pourraient perturber le champ magnétique de leur étoile. Ce scénario restait théorique. L’étude conduite par Ekaterina Ilin, astronome à l’Institut néerlandais d’astrophysique (ASTRON) et publiée dans la revue Nature, change la donne. Grâce aux données photométriques de Cheops, il a été possible de mesurer avec précision la fréquence des éruptions stellaires en fonction de la phase orbitale de la planète HIP 67522 b. Résultat: le taux d’éruption augmente brutalement sur environ 20 % de l’orbite, centré autour du transit.
La planète ne se contente pas d’absorber les rafales de particules émises lors des éruptions, elle joue un rôle actif dans leur déclenchement. En traversant le champ magnétique de son étoile, HIP 67522 b excite des ondes qui remontent jusqu’à la surface stellaire. Ces vibrations, comparables à un coup de fouet, libèrent l’énergie accumulée dans les boucles coronales et déclenchent des explosions lumineuses dont l’énergie dépasse largement celle attendue dans les modélisations classiques d’éruptions.
Une atmosphère qui s’érode
L’identification de ce mécanisme éclaire un phénomène nouveau d’interaction dynamique entre deux corps célestes. Il pourrait compromettre la survie de la planète qui en est responsable. HIP 67522 b, malgré sa taille imposante, ne pèse qu’une quinzaine de masses terrestres, ce qui la classe dans la catégorie des planètes barbe à papa, des astres dont la densité est d’environ 0,1 g/cm3, soit peu ou prou celle des nuages ou des fameuses confiseries des fêtes foraines. Son atmosphère, très gonflée, est particulièrement vulnérable. D’après les estimations, les éruptions induites pourraient augmenter de 50 à 130 % la vitesse d’échappement des gaz, comparé aux seuls effets du rayonnement ultraviolet et X générée par l’étoile, qui est légèrement plus grande et un peu plus froide que le Soleil.
Des simulations montrent qu’à ce rythme, la planète pourrait perdre une grande partie de son enveloppe gazeuse en quelques centaines de millions d’années. Elle évoluerait alors vers un profil de Neptune chaude, voire vers une planète dont il ne resterait plus que le cœur mis à nu. Les données du télescope spatial James Webb, qui confirment une densité exceptionnellement basse, suggèrent déjà un processus de perte de masse en cours.
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