Fernando Simão
Africa-Press – São Tomé e Príncipe. Patrice Trovoada est un homme politique étrange. Il est incorrect de le qualifier de « leader ». Selon les principes de la science politique, être un leader, c’est savoir inspirer, motiver et rassembler les gens autour d’un objectif commun, en respectant les lois et en incarnant l’humilité, l’honnêteté et l’intégrité. Ces qualités ne se retrouvent pas en Patrice Trovoada.
Son parcours politique montre qu’il n’a pas réussi dans les postes qu’il a occupés, notamment comme Premier ministre, fonction dont il a été révoqué à trois reprises par différents présidents, dont Carlos Vila Nova, pourtant de sa propre mouvance politique. Sa tendance à se victimiser après chaque défaite masque son incapacité de gouverner.
Trovoada ne réside au pays que durant les campagnes électorales ; en cas d’échec ou d’impossibilité de former un gouvernement, il s’installe au Portugal. Même après sa victoire avec majorité absolue, il passe plus de temps à l’étranger qu’à São Tomé-et-Príncipe, dirigeant parfois le Conseil des ministres en visioconférence, avec l’accord étrange de ses collègues.
Actuellement, le pays vit une situation inédite: un gouvernement formé par un parti politique dont une partie des membres est en opposition avec leur propre exécutif. Patrice Trovoada a vivement critiqué la formation du gouvernement d’Américo Ramos lors de l’adoption du budget national, avant de prétendre avoir ordonné aux députés d’appuyer ce même budget, une contradiction manifeste.
L’affaire récente concernant des accusations d’abus sexuels contre le président de la Cour suprême Silva Cravid a été exploitée politiquement par l’ADI. Initialement, l’ADI avait demandé la destitution du juge, avant de se rétracter mystérieusement. Plus tard, une autre lettre signée par Trovoada donnait 24 heures à Cravid pour quitter son poste, au moment où ce dernier avait déjà proposé sa démission, ce qui soulève des soupçons d’instrumentalisation politique en lien avec l’affaire ROSEMA.
L’ADI semble avoir saisi l’occasion de cette accusation pour tenter de destituer Silva Cravid en raison de son implication dans l’affaire ROSEMA, bien plus que pour les accusations d’abus sexuels, toujours en cours d’investigation. MLSTP et BASTA se sont sagement dissociés de cette manœuvre.
Le scandale qui a véritablement suscité l’unanimité nationale reste le massacre du 25 novembre 2022, où quatre citoyens ont été torturés à mort. L’ADI et Trovoada n’ont cessé de bloquer l’avancement judiciaire de ce dossier, révélant ainsi leur hypocrisie lorsqu’ils se présentent aujourd’hui comme des défenseurs de la justice.
La gestion du parti ADI depuis l’étranger par Trovoada est incompréhensible et tolérée par tous. Aucun ancien président ou premier ministre ne vit hors du pays comme lui. Peut-être faudrait-il que la future révision constitutionnelle prenne en compte ce fait.
Après sa destitution par Carlos Vila Nova, Trovoada avait annoncé vouloir se retirer de la politique, une promesse qui, comme tant d’autres, n’a pas été tenue.
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