Découverte d’une ophiure vieille de 155 millions d’années figée en plein clonage

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Découverte d’une ophiure vieille de 155 millions d’années figée en plein clonage
Découverte d’une ophiure vieille de 155 millions d’années figée en plein clonage

Africa-Press – São Tomé e Príncipe. Chez les étoiles de mer, ou plutôt chez les ophiures qui sont des échinodermes proches de ces dernières, le sexe ne fait pas tout ! Certaines sont en effet capables de se reproduire, de façon asexuée, par autoclonage.

C’est notamment le cas quand il s’agit “de coloniser rapidement un habitat de petite taille, comme un agrégat d’éponges”, explique Ben Thuy, paléontologue au Musée d’histoire naturelle du Luxembourg. Avec son équipe, il a découvert une ophiure datant du Jurassique supérieur (il y a 155 millions d’années) qui atteste que ce mode de reproduction à des racines très anciennes dans ce groupe.

Un organisme à six branches

Le fossile a été découvert au sommet de la colline de Westerberg, à Nusplingen, en Allemagne. Il représente une petite ophiure dont la partie centrale du corps, qui est recouvert d’épines, mesure 3,4 mm de diamètre et son bras le plus long 15,5 mm. Son analyse, publiée dans la revue Proceedings of the Royal Society B: Biological Sciences, révèle qu’il s’agit d’une nouvelle espèce baptisée Ophiactis hex.

“C’est une ophiure de la famille des Ophiactidae. Ces derniers sont l’un des groupes d’ophiures les plus fréquents dans les écosystèmes sublittoraux actuels, en particulier dans les tropiques. Notre fossile est le plus ancien représentant de cette famille connu à ce jour”, décrit Ben Thuy.

L’animal se caractérise par la présence de six bras, alors que la majorité des ophiures en possède 5. En revanche, chez les ophiures qui pratiquent la reproduction asexuée par autoclonage, le sixième bras est fréquent, sans doute pour faciliter la division de l’individu en deux.

En effet, lors de ce processus, c’est toute la moitié du corps qui se sépare et les deux parties ainsi formées se régénèrent. “L’autoclonage est initié par des signaux chimiques ou neurologiques qui déclenchent un relâchement du tissu conjonctif à certains endroits du corps, provoquant ainsi la séparation d’une moitié du corps. Après la séparation, une régénération rapide assure la formation d’un nouvel individu à partir de chacune des deux parties du corps. L’autoclonage est déclenché en partie par des facteurs internes, comme les cycles reproductifs saisonniers, et en partie par des facteurs externes, comme le stress environnemental”, détaille le scientifique.

Deux moitiés inégales

Si le processus d’autoclonage est bien compris par les biologistes, en revanche, ils ne savent pas très bien quelles sont ces origines évolutives. Or, le spécimen retrouvé en Allemagne atteste que la fragmentation clonale remonte loin dans l’histoire de ce groupe d’échinodermes.

En effet, des indices suggèrent que cette ophiure figée dans le calcaire était en plein processus de régénération quand elle est morte: “elle possède une moitié qui est nettement plus petite que l’autre et qui présente une substance squelettique plus dense dans les images prises par scanner, ce qui est le signe d’un âge plus jeune”, explique Ben Thuy.

De plus, l’analyse de l’angle de ses bras indique que le spécimen, qui vivait aussi probablement sur un organisme hôte, avait avant sa division six bras et donc une symétrie hexamérique, fréquente chez les ophiures actuelles qui se reproduisent de la même façon. Plusieurs ophiures fossiles ont déjà été découvertes avec un bras figé en pleine régénération mais ce spécimen est seulement le premier hexamère pour qui c’est toute une moitié du corps qui a été saisie en pleine repousse.

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