Africa-Press – São Tomé e Príncipe. Qu’est-ce qui se passe dans notre corps quand on meurt? », nous demande Val Mood sur notre page Facebook. C’est notre question de lecteur de la semaine. Merci à toutes et tous pour votre contribution.
Quand débute la mort? À la naissance, répondent les pessimistes. Derrière la boutade se cache une vérité physiologique plus nuancée: la mort n’est pas un instantané, mais un processus, souvent long et complexe. Sauf décès brutal, les signes avant-coureurs apparaissent parfois des mois auparavant: faiblesse croissante, perte d’appétit, essoufflement à l’effort, ou encore repli sur soi. À l’approche de la fin, la peau se teinte de bleu, la respiration devient irrégulière, et l’agitation précède parfois l’ultime relâchement.
Puis vient l’agonie. Les signes sont impressionnants: chute de la mâchoire, râle bruyant, pouls faible. Et parfois, un sursaut d’énergie ou de lucidité. Ce regain soudain, nommé « lucidité terminale » ou « lucidité paradoxale », interroge les neuroscientifiques, comme nous l’expliquions dans notre précédent article « Mort: les derniers instants, seconde après seconde ». Michael Nahm, neurologue à l’Université de Virginie (États-Unis), précisait alors que certains cas « posent des difficultés aux modèles explicatifs de la physiologie du cerveau », tant cette conscience finale semble incompatible avec des cerveaux très endommagés.
Quand la « vague de mort » survient
La mort légale ne se résume plus à l’arrêt cardiaque: c’est la mort cérébrale qui fait foi. Lorsque le cerveau ne montre plus aucune activité et que le sang n’y circule plus, même si le cœur bat encore sous assistance, le patient est juridiquement considéré comme mort. Un état qui permet, le cas échéant, le prélèvement d’organes.
Mais que se passe-t-il précisément dans le cerveau lors du grand passage? En 2016, à Vancouver (Canada), des électroencéphalogrammes ont capté une envolée d’ondes gamma – associées à la mémoire et à la concentration – chez un homme juste après son arrêt cardiaque. Évocation de souvenirs? Peut-être. Puis survient la « vague de mort », une décharge d’énergie neuronale progressive, repérée par le neurologue allemand Jens Dreier. Elle se propage lentement, comme une marée silencieuse, cinq à dix minutes après l’arrêt du cœur.
Pourtant, tout n’est pas figé. L’équipe de Stéphane Charpier à Paris a montré qu’une reperfusion cérébrale rapide, chez des rongeurs, pouvait déclencher une « vague de résurrection » et restaurer une activité. Une piste fascinante pour améliorer les techniques de réanimation humaine.
« Les organes vivent ensemble et meurent séparément »
Mais le cerveau n’est pas seul à mourir: « Les organes vivent ensemble et meurent séparément », résumait Claude Bernard, le père de la physiologie. Dès la deuxième heure, la peau se marque de lividités. Ces taches violacées, où stagne le sang, trahissent la position du corps. Vers la troisième heure, survient la rigidité cadavérique: les muscles se figent, en commençant par la mâchoire, avant de se relâcher 48 heures plus tard.
Parallèlement, la température corporelle chute d’environ 1°C par heure, régie par les lois physiques. L’autolyse (le fait que les membranes des cellules rompent sous l’action des enzymes), puis la putréfaction, prennent le relais. Selon les conditions (chaleur, humidité), le corps se saponifie ou se momifie. Non, les ongles et cheveux ne poussent pas après la mort: la peau se rétracte simplement. Quant aux dents et aux os, ils résistent des années, parfois des millénaires.
Ce mystère progressif qu’est la mort fascine autant qu’il inquiète. À la frontière de la science et du fantasme, certaines entreprises, comme Calico (Google), Nectome, Ambrosia ou la fondation SENS, ambitionnent de « tuer la mort »: prolonger indéfiniment la vie, préserver les mémoires, rajeunir les corps… Si les résultats tangibles se font attendre, les annonces provocatrices assurent le financement et l’attention médiatique.
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