Sonko et la Politique ÉTrangèRe: Retour À L’Orthodoxie

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Sonko et la Politique ÉTrangèRe: Retour À L'Orthodoxie
Sonko et la Politique ÉTrangèRe: Retour À L'Orthodoxie

Africa-Press – Senegal. Voyages pompeux en Chine, en Turquie, discours incendiaires contre certains partenaires stratégiques. La posture du Premier ministre Ousmane Sonko sur la scène internationale continue de faire polémique, en ce sens qu’elle porte un sacré coup à la diplomatie sénégalais qui a perdu son lustre d’antan.

C’est du moins l’avis de plusieurs spécialistes reconnus de la diplomatie qui se sont prononcés hier, au cours d’une table ronde organisée par le think tank Wathi sur le thème « La diplomatie sénégalaise sous le président Diomaye Faye: rupture ou continuité ».

Analysant les premiers pas du nouveau régime dans la gestion de la politique étrangère du pays, le professeur Ousmane Khouma, maître de conférences titulaire en droit public à la faculté des Sciences juridiques et politiques de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, identifie deux éléments de rupture: « Un aspect institutionnel interne et un aspect relationnel externe. »

« Au niveau interne, il y a une immixtion du Premier ministre dans le domaine réservé du chef de l’État. La politique étrangère, la diplomatie est le domaine réservé du chef de l’État. Depuis l’avènement de cette alternance, on voit bien qu’il y a deux têtes de file de notre diplomatie. Je ne dis pas que c’est une bonne ou mauvaise chose, mais c’est un élément de rupture », déclare-t-il, ajoutant au tableau un relationnel externe marqué par un réajustement mal pensé des partenariats.

Abondant dans le même sens, le docteur Serigne Bamba Gaye, expert international en relations internationales et en politiques publiques, souligne: «La politique étrangère fait partie des pouvoirs régaliens du chef de l’État. Cela ne se partage pas. Le président peut – par occasion – envoyer quelqu’un en mission. » Selon lui, la moindre dyarchie à ce niveau peut être source de conflit.

« Si on retourne en 1960-1962, entre Senghor et Dia, quand il y a eu ce moment de dyarchie, cela a créé une crise. La politique étrangère a été un des éléments à l’origine de l’éclatement du couple Dia-Senghor. Les positions de Dia sur la crise algérienne, sur l’unité africaine, entre autres, n’étaient pas du tout identiques à celles de Senghor. Il faut toujours tenir compte des leçons de l’histoire », confie le Dr Gaye.

Pour sa part, le professeur Mamadou Yaya Diallo, spécialiste en droit international, estime qu’il « n’est pas interdit au Premier ministre d’intervenir sur le champ diplomatique, mais son intervention doit aller dans le sens des orientations du chef de l’État ».

« Si maintenant il y a des initiatives individuelles que l’on constate et qui se révèlent contradictoires avec celles du chef de l’État, cela peut conduire à un chaos. Cela est source de confusion. Je crois qu’il (le Premier ministre) a intérêt à se ranger derrière le chef de l’État aussi longtemps qu’il sera Premier ministre », conseille-t-il.

Retour à l’orthodoxie

Les spécialistes prônent un retour aux fondamentaux, qui passe inéluctablement par une politique étrangère repensée, loin du modèle ancien qui est désuet, puisque le contexte des années 1960-1990 est différent de celui de 2025.

« Le nouveau régime n’a pas encore défini une politique étrangère et c’est le chaînon manquant qui plombe notre action diplomatique », pense le Dr Gaye.

L’expert invite les nouveaux dirigeants à se lancer vers « une diplomatie d’influence ». « Le Sénégal a longtemps brillé par la diplomatie d’influence, de 1960 au début de la première alternance. Cette diplomatie d’influence a permis au Sénégal de se distinguer au plan international: dans les opérations de maintien de la paix, par exemple. Elle a permis au pays d’organiser le premier Festival des arts nègres, les sommets de l’OCI et de la Francophonie. Elle a également permis d’élire des Sénégalais et des Sénégalaises à des postes prestigieux (Amadou Mactar Mbow à l’UNESCO, Jacques Diouf à la FAO, etc.), ce que nous ne parvenons plus à faire actuellement », constate-t-il.

En atteste, selon lui, le revers de l’ancien ministre Amadou Hott à la direction de la BAD, de celui du docteur Ibrahima Socé Fall au poste de directeur régional de l’OMS pour l’Afrique et tant d’autres.

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