Souveraineté Économique: Volontarisme et Équilibres

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Souveraineté Économique: Volontarisme et Équilibres
Souveraineté Économique: Volontarisme et Équilibres

Aïcha FALL

Africa-Press – Senegal. Le gouvernement sénégalais poursuit sa stratégie de recentrage économique avec la préparation d’un projet de loi sur le patriotisme économique, annoncé par le Premier ministre Ousmane Sonko. Cette initiative vise à réorienter les leviers de croissance vers une meilleure maîtrise nationale des ressources, à stimuler la production locale et à renforcer la résilience du tissu économique face aux pressions extérieures. Ce texte, selon les autorités, sera prochainement soumis à l’Assemblée nationale.

Une orientation souverainiste pensée comme levier de développement

Le futur cadre législatif entend donner une priorité claire aux entreprises sénégalaises dans l’attribution des marchés publics, tout en protégeant les secteurs considérés comme stratégiques des risques de prédation étrangère. L’intention affichée est de structurer une économie plus endogène, moins vulnérable aux fluctuations des marchés internationaux et plus à même de répondre aux besoins fondamentaux de la population.

Cette réforme s’inscrit dans une démarche de transformation plus large portée par la Vision Sénégal 2050, qui établit les fondements d’un modèle de développement durable et inclusif, axé sur la souveraineté, l’équité et l’autonomie productive. En soutien à cette ambition, le gouvernement a annoncé la mise en place d’un fonds de 1 000 milliards de FCFA, destiné à renforcer le financement des PME-PMI sénégalaises. Cet instrument, qualifié de stratégique, devrait faciliter l’accès au crédit, l’investissement dans l’innovation et la montée en puissance de champions économiques nationaux.

Entre ambition politique et contraintes de réalité économique

La volonté politique de reconquête économique suscite un écho favorable auprès d’une partie du secteur privé local, longtemps confronté à des barrières d’accès aux marchés et à une concurrence jugée inéquitable. Certains patrons de PME saluent l’idée d’une préférence nationale, estimant qu’elle pourrait leur permettre de mieux se positionner dans les chaînes de valeur.

Mais cette orientation soulève aussi de nombreuses interrogations. Des experts mettent en garde contre un éventuel repli économique qui risquerait de nuire à la compétitivité globale du pays. Dans un contexte où le Sénégal reste dépendant de financements extérieurs pour le développement de ses infrastructures, de son système de santé ou encore de son écosystème numérique, un cadre trop rigide pourrait dissuader certains investisseurs. La nécessité d’un équilibre entre souveraineté économique et attractivité reste donc centrale.

Une doctrine en gestation, entre promesses de rupture et impératif de crédibilité

Le projet de loi s’annonce comme un marqueur fort du nouveau cap économique que souhaite impulser l’exécutif. Il participe d’une volonté de révision des rapports de dépendance hérités de l’histoire postcoloniale, tout en cherchant à créer un environnement économique plus équitable.

Sa réussite dépendra toutefois de plusieurs facteurs déterminants. Il s’agira notamment de garantir la transparence dans l’attribution des marchés, d’assurer un cadre juridique solide et conforme aux engagements internationaux du pays, mais aussi de veiller à ce que cette ambition ne se transforme pas en protectionnisme mal calibré. La qualité de l’exécution et la gouvernance des instruments annoncés seront essentielles pour éviter les effets pervers d’une réforme pourtant prometteuse.

Entre volontarisme assumé et prudence stratégique, le patriotisme économique sénégalais amorce ainsi un tournant délicat, à la croisée des exigences de souveraineté et des dynamiques d’ouverture.

Source: Seneweb.com

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