BNP Paribas sur le point de quitter le Sénégal …et la Côte d’Ivoire

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BNP Paribas sur le point de quitter le Sénégal …et la Côte d’Ivoire
BNP Paribas sur le point de quitter le Sénégal …et la Côte d’Ivoire

Africa-Press – Senegal. Le géant BNP* Paribas poursuit son désengagement de l’Afrique. Après la vente de ses filiales aux Comores, au Gabon, au Mali, en Guinée, au Burkina Faso et en Tunisie, la première banque en France et dans la zone euro par les actifs envisagerait de céder dans les prochaines semaines un de ses derniers joyaux de la couronne en Afrique francophone.

Le processus est avancé. Selon nos informations, le mandat de la cession des parts de BNP Paribas à la Banque Internationale pour le Commerce et l’Industrie du Sénégal (BICIS) a été confié à Rothschild & Co. Créée en 1962 sur les cendres de la Banque Nationale pour le Commerce et l’Industrie (BNCI), présente au Sénégal depuis 1939, à travers sa succursale de Dakar et ses agences régionales de Thiès et Saint-Louis, la BICIS est détenue par BNP Paribas (54,11 %), l’État du Sénégal (24,89 %), des investisseurs privés (13,02 %), l’assureur français Axa (4,04 %) et AMSA Assurance (3,52 %).

“Le dossier connaît une certaine affluence de repreneurs potentiels”, commente une source interne du groupe français. Suivi de près par la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) et la Commission bancaire, ce dossier confirme la tendance accélérée depuis le début des années 2000 du retrait des groupes français et britanniques du continent africain. Selon nos informations, la banque ivoirienne BICICI, filiale de BNP Paribas BDDI Participations à 59,05%, Proparco à 7%, BNP Paribas SA à à 0,7% avec un flottant de 32, 51% à la Bourse Régionale des Valeurs Mobilières (BRVM) devrait suivre dans un deuxième temps.

Il n’est désormais plus exclu que la BMCI au Maroc, aujourd’hui distancée par le trio bancaire de leaders dans le royaume, ne soit concernée. Détenue à hauteur de 65% par BNP Paribas, à 9,11% par Axa Assurance Maroc et à 2,41% par le groupe Holmarcom, la BMCI nourrit un appétit certain dans les milieux d’affaires marocains et africains.

Précisions qu’en 2019, soit il y a presque un siècle, la BNP avait émis un communiqué niant tout retrait du Maroc : « BNP Paribas souhaite rappeler que son implantation en Afrique fait aujourd’hui pleinement partie de son dispositif international et n’entend pas se retirer du continent” et du Maroc insistait le communiqué. “Ce n’est pas le Coran” rétorque notre interlocuteur rappelant que depuis lors les cessions de filiales BNP Paribas en Afrique ne se sont pas arrêtées mais ce sont plutôt accélérées. Après la vente de l’Union bancaire pour le commerce et l’industrie (UBCI), la filiale tunisienne, un éventuel départ de l’Algérie (BNP Paribas El Djazaïrj), bien que ne figurant pas dans l’ordre du jour, ne serait pas non plus de l’ordre de la pure spéculation. “L’Elysée a arrêté de suivre les dossiers des banques africaines depuis le temps de Nicolas Sarkozy”, subodore ce vieux banquier de la vieille acquis à la thèse du très important risque de compliance qui pèserait sur la rive sud de la Méditerranée et la Terre de Lucie en général.

Le temps des champions nationaux et régionaux
Ce processus de désengagement aux dimensions symboliques et politiques réelles redistribue les cartes dans une Afrique où l’on assiste à la naissance des champions nationaux et régionaux. Les nigérianes (UBA, First Bank Of Nigéria), les marocaines (BCP, Bank Of Africa et Attijariwafa Bank), les natives de l’UEMOA (Coris Bank International et, dans une moindre mesure, Vista) les championnes de la CEMAC (BGFI, Afriland First Bank), les leaders kenyans (Kenya Commercial Bank, Equity Bank) profiteront-elles de cette fenêtre d’opportunité pour accélérer leur business plan ?

Rappelons qu’au Burkina Faso, la participation majoritaire de BNP Paribas dans la Banque Internationale pour le Commerce, l’Industrie et l’Agriculture du Burkina (BICIAB) a été cédée au groupe Vista de l’homme d’affaires Simon Tiemtoré. Également repreneur de la participation majoritaire de BNP Paribas au capital de la Banque Internationale pour le Commerce et l’Industrie de la Guinée (BICIGUI), le banquier burkinabé poursuit son ascension avec un spectre d’influence comprenant Afreximbank. En 2020, la BNP avait également cédé les 47 % qu’elle détenait dans la Banque internationale pour les commerces et l’industrie du Gabon (BICIG) au Fonds Gabonais des Investissements Stratégiques (FGIS) pour 30 milliards de FCFA. Lequel fonds gabonais a cédé ses nouvelles participations à Atlantic Finance Group de l’homme d’affaires ivoirien Koné Dossongui. Ce dernier qui avait, quinze ans plutôt, cédé son groupe Banque Atlantique au marocain BCP, signe son come back en reprenant la Banque Internationale pour le Commerce et l’Industrie du Gabon (BICIG), la Banque pour l’Industrie et le Commerce- Comores (BIC – Comores) et la Banque Internationale pour Commerce et l’Industrie du Mali (BICIM). Quand on connaît la présence du groupe Dossongui dans l’assurance, à travers Atlantique Assurances Bénin Vie, Atlantique Assurances Bénin IARDT Atlantique Assurances Cameroun IARDT,Atlantique Assurances Mali IARDT, er AFG Assur Comores (Vie et non Vie), l’on peut supposer qu’un leader de la bancassurance est en gestation.
Notes de la rédaction
*BNP Paribas, avec $3.000 milliards d’actifs, est le 8e groupe bancaire international. Présentdans 65 pays, il est coté au premier marché d’Euronext Paris et fait partie de l’indice CAC 40. Au 31 décembre 2021, le bénéfice net part du groupe s’élève à 9,5 milliards d’euros.

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